2019/01/20 - Homélie

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Qui ne voudrait pas être aux Noces de Cana ? Surtout à la fin. Le signe que Jésus accomplit est offert à l’accueil par tout et chacun, par tous. Participer à une joie commune, à une fête commune, c’est un désir  qui sourd même chez les plus timides et peu coutumiers de méga fêtes. 


Qui est chrétien au Noces de Cana ? Le chrétien c’est celui qui croit au Christ et qui lui confie sa vie. ‘La première en chemin’, comme nous le chantons souvent, c’est Marie. C’est la Mère de Jésus qui avait été invitée aux noces de Cana. C’est elle, le personnage le plus important pour la mise en scène. Il se trouve que Jésus et ses disciples y étaient aussi ; à cet endroit du récit, c’est presque accessoire.  Marie est la première croyante, elle croit en la force divine de son fils, quitte à le bousculer un peu. S’il se défend un peu (femme que me veux-tu ?) c’est pour signifier la distance entre les  deux destinées : celle de Jésus lui-même et celle de sa mère et de tous les autres derrière elle.  Qui est encore chrétien dans cette affaire ? Les serviteurs sont des chrétiens, ils sont devenus disciples du Christ car ils ont fait ce qu’il leur avait dit de faire (remplissez les jarres). Pouvaient-ils dire non ? Dans leur statut d’exécutants, difficile de refuser à moins de s’exposer à de sanctions graves pour  le refus d’exécuter un ordre. Le chrétien c’est celui qui croit au Christ et lui fait confiance sans condition.


Et quid des autres, si nombreux à la fête ? Commençons par les disciples qui étaient déjà formellement appelés par Jésus. Ne sont-ils pas, eux aussi déjà des chrétiens, eux, qui croient au Christ et qui lui font confiance en le suivant ? Sûrement, ils sont déjà un peu chrétiens, mais pas encore comme Marie, où les serviteurs. Si ces derniers, les serviteurs, ont obéi à un ordre sans réfléchir, ils ont bien compris après le coup que leur obéissance était bien justifiée pour toute une autre raison que celle d’une obéissance aveugle. Ils avaient vu ce qui c’était passé, leur foi est assumée. Et ils l’ont intérieurement bien intégré. Ils sont le modèle d’un disciple qui obéit à un appel spirituel et y grandit.  Pour les disciples, les Douze, leur temps de croissance spirituelle était beaucoup plus long, ce que les évangiles nous démontrent. Et le maître du repas, lui qui apparemment a mal calculé la quantité de vin. Lui il s’étonne tout en constatant que ce vin est bien meilleur que le précédent. Il tente à clarifier la situation et ‘sans mettre de l’eau dans son vin’ dit au marié sous le ton de reproche ‘tu as gardé le meilleur jusqu'à la fin. Les deux, finiront-ils  par connaître le secret ? Vont-ils remonter à Jésus ? Intellectuellement sûrement, car la rumeur était garantie (il y aussi de bonnes rumeurs), l’affaire était connu de tout le monde, d’ailleurs pourquoi les serviteurs s’en priveraient-ils de ne pas la faire connaître ? Donc pour eux, on ne le sait pas, mais on a le droit de supposer qu’un jour ou l’autre ils finiront par reconnaître le Christ comme auteur et lui feront confiance pour qu’il guide aussi leur vie. 


Comme aux Noces de Cana, l’Église est remplit des chrétiens intiment voués au Christ, de ceux qui  sont sur le chemin vers lui et un jour seront aussi attachés à lui comme il est attaché à eux, et enfin de ceux qui, en le connaissant extérieurement, par tradition et bonne habitude de prière et de générosité sont là, mais sans plus. Même si socialement et culturellement, souvent ils n’ont pas grande chose en commun, pourtant, d’une manière ou d’une autre, tous les invités présents aux Noces de Cana  sont en communion avec le Christ. Et c’est vrai pour nous aujourd'hui. 


Et en plus, chacun est doté des différents dons (II lectures) pour le bien de tous. Ces dons sont déposés chez tous les chrétiens. Entre 18 et 25 janvier, chaque année une semaine est dédiée à la prière pour l’unité des chrétiens. C’est seulement étant en communion les uns avec les autres, que nous pouvons apprécier la valeur de chacun de nos dons. Pallotti, fondateur de la congrégation à laquelle j’appartiens, au XIX siècle a beaucoup fait pour favoriser la croissance spirituelle de croyants en organisant à Rome des journées de retraites devenu très populaires (le pape y participait). Pallotti, dans une démarche œcuménique, savait reconnaître en chacun le don particulier.  AMEN