2010/05/08 - Homélie du 8 mai

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La traditionnelle rencontre à l’occasion du 8 mai 1945 nous fait replonger dans la méditation sur la paix et ses conditions. Aujourd’hui, je vous propose une méditation en tenant compte de la triple actualité : en m’appuyant sur les lectures du jour, en faisant référence au débat de société sur l’éducation mais également en faisant écho des événements au combien bouleversants pour la Pologne   et non sans conséquence pour l’Europe et même au-delà.

 

65 ans après la fin de la seconde guerre mondiale quel bilan pour le monde, l’Europe et la France ? Certainement celui de constat d’un grand effort consenti en faveur de la paix moyennant du rapprochement entre les différents pays d’Europe. Cet effort fut et se poursuit dans la même direction tout d’abord à caractère éducatif.

 

Eduquer suppose que l’autre comprend. C’est un pari, car l’inégalité à cet égard est empiriquement prouvée. Cependant, même si le pari de la compréhension (il faudrait encore voir ce que cela veut dire et comment peut on le comprendre) peut s’avérer une gageure, mais on a besoin d’y croire.

 

L’effort de l’éducation passe par les connaissances et  les événements de Katyn ont démontré la nécessité d’approfondissement des certaines connaissances surtout dans les domaines si décisifs pour la conscience européenne comme celle-ci. Mais l’apprentissage des connaissances se fait de concert avec l’apprentissage de la loi. Le principe de la loi pour ce qui est du domaine des religions monothéistes se fonde avec des accents différents sur le principe de filiation à savoir qu’une référence verticale au nom de la dimension transcendante permet construire toute une vie en termes individuelles et favoriser la vie en termes socio -collectifs.

 

Robert Schuman en est l’exemple, ce n’est pas sans raison que l’on l’appelle un de pères de l’Europe. Ce qui est structuré dans le giron d’une famille au moyen de la relation très étroite et qui est  marqué d’un affectif très fort entre la mère et l’enfant où déjà le père a un rôle d’ouverture à la loi dépassant cette relation affective entre l’enfant et la mère, c’est encore plus fort dans un processus éducatif scolaire et c’est aussi vrai sur le plan de relations entre les pays comme la France et l’Allemagne ou encore la Pologne et la Russie. C’est dans la synergie des tous ses éléments que réside la clef d’une éducation digne de ce nom.

 

La religion y a sa place par la participation à tous ces efforts sur le terrain à la fois très concret d’apprentissage de connaissance et leur structuration par la loi et la filiation, mais également en mettant en évidence la dimension symbolique, ce lien ente le monde visible de l’expérience individuelle et collective teinté d’un affectif exprimé à l’état brute et le monde invisible de fondation d’une telle expérience la transcendant. D’où la nécessité d’une loi  et de l’écoute active pour savoir quel est son contenu et sa résonance. Dans un monde de références éclatées porté sur le dos des démocraties occidentales la tâche semble d’autant plus difficile car ni la légitimité d’une autorité quelle que soit ni la possibilité de l’enraciner de façon structurant la vie individuelle et collective ne sont pas évidentes.

 

Et à cette non-évidence participe la proposition religieuse qui se démarque de ce que l’horizontalité pure et simple d’une proposition socio - politique pourrait faire valoir sur le grand bazar de sens. Elle qui comme dans l’Evangile d’aujourd’hui Jésus le rappelle à qui veut l’entendre : « Si vous apparteniez au monde, le monde vous aimerait, car vous serez à lui »

 

Le décalage semble donc constitutif de la relation même. Et ce qui est vrai par excellence pour une proposition religieuse est d’une certaine façon aussi vrai pour tout acte pédagogique.   Ce n’est pas pour être aimable, c’est-à-dire faire ce qui plait de façon immédiate, instantanée, mais pour  faire oeuvre d’une relation aimante dans laquelle aimer veut dire à l’autre « tu vivras, tu as ce qu’il faut pour et nous sommes là pour t’aider à advenir ce qui sommeille en toi dans toutes les potentialités bonnes pour toi et pour la société », voilà la dynamique dans laquelle tout acte pédagogique s’inscrit.

 

Mais, puisque nous les responsables adultes nous sommes loin d’être d’accord sur ce qui est bon pour l’individu et pour la collectivité,  en attendant mieux les autres se construisent comme ils peuvent et la paix aussi !