2012/05/25 - Homélie - Funérailles de Murielle

Imprimer

Les lectures que nous venons d’entendre peuvent être considérées comme un fond sur lequel peut se re-poser notre parole au sujet de Murielle, de nous-même et en relation avec elle.


Une parole pour une autre parole ou plutôt une parole qui est capable d’autre parole. Les deux sont à considérer comme des paroles de Vie.


De quelle vie parlons-nous alors ?
-De la vie de Murielle, de toute sa vie, marquée par le handicap dont le caractère  contraignant dans le mouvement, mais aussi dans une certaine mesure dans l’épanouissement  plénier de son existence,  n’échappait à personne.
-De la vie de Dieu dans sa vie, cette autre vie dont elle présentait  la présence, lui permettant  d’élargir l’horizon  de sa vie aux dimensions  de cette autre Vie.


Une vie qui vient féconder une autre vie. Dans ce genre de rencontre, si intime, souvent à peine consciente et lisible seulement après coup, on aperçoit la  manière bien particulière  dont Dieu semble agir. Il se joue de nos canons de beauté, de réussite...  Si souvent il intervient de façon dissonante avec  les harmoniques  de nos gammes de la Vie que nous  nous sommes écrites, ou que les autres ont écrit pour nous. Il trame sa propre gamme d’harmoniques auxquelles nous n’étions pas franchement habitués, ceci de part notre nature humaine, de  part notre culture et sensibilité si bien terrestres


Ce Dieu se déclare vouloir le bonheur de tous et de chacun.  Pas comme un impératif ‘Soyez heureux’, car ceci n’est pas de l’Evangile, mais sous forme d’un constat ‘heureux’ ou plus exactement ‘bienheureux’. Car ça c’est de l’Evangile qui veut dire Bonne Nouvelle.
Mais, lorsque nous constatons  ce désir de Dieu de nous connaître heureux, en quoi est-elle une nouvelle, et de plus est bonne? Bonne et  Nouvelle : les deux vont bien ensemble. Certes, pour qu’elle soit bonne il faut  d’abord qu’elle soit une nouvelle.


Pour nous les chrétiens c’est une Nouvelle de Vie qui va par delà la mort : la foi en la Résurrection  le résume de façon toute aussi certaine qu’imprécise : certaine, car c’est la foi de l’Eglise qui contient le noyau dur de l’espérance chrétienne. ; imprécise, car tant qu’elle est seulement déclarative, elle ne dit pas grande chose, elle ne dit pas tous les effets dans la vie quotidienne.  




Murielle, par  sa vie, ses combats, son optimisme à toute épreuve, ses coup de gueule aussi était, comme forcée, entraînée de par son handicap sur le terrain où le grandes idées cèdent immédiatement place à la traduction concrète dans son existence. Et assurément, c’est aussi immédiatement que son espérance   prenait corps dans la joie, dans les éclats de rires, dans l’humour parfois décapant. Car, lorsque l’on est marqué par un signe particulier, comme Murielle l’a été, l’on sait qu’il n’y a pas de temps à perdre. Et que  tous ‘les clubs méds’  d’atermoiement hédoniste devant l’essentiel de la vie   n’ont aucune autre valeur  que celle de dire aux autres : attention, ne vous perdez pas dans les choses inutiles. En effet, le repos  n’est qu’un  intervalle entre deux périodes  de la participation active à l’oeuvre commune de l’humanité.    


Murielle !


Le festin sur la montagne dont parle l’Apocalypse est prêt pour vous, comme pour bien d’autres qui vous y ont précédé, comme pour chacun de nous, si nous le voulons bien !
Car, de fait c’est là que se trouve  ‘la demeure de Dieu avec les hommes,... ce Dieu qui essuiera toute larme de leurs yeux.... car la première création aura disparu’


Murielle !

 

Vous disparaissez  à nos yeux, vous disparaissez avec ce que vous étiez de la première création, pour nous entraîner  vers la seconde, dont les prémices se font ressentir dans toute vie. Ainsi soit-il! Amen !