2013/03/30 - Homélie - Vendredi-Saint

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Nous voici au milieu du Triduum pascal. Après avoir célébré la mémoire du dernier repas de Jésus avec ses disciples et refait le geste qui symbolise le service, nous voici au coeur même de ce qui fait la vérité du salut : la passion du Christ. Tous les évangélistes  notent avec détails les derniers instants de la vie de Jésus ; c'est dire l'importance qu'ils y accordent. La longue lecture de la passion   met devant nos yeux et nos coeurs la réalité de Jésus-Christ sauveur. Le Christ est mort pour nous ! Qu'est-ce à dire ? Je prends appui sur deux passages des lectures d'aujourd'hui qui précèdent la lecture de la passion.
 

Dans le livre d'Isaïe, nous trouvons plusieurs textes  sur le serviteur souffrant qui libère du péché, que les chrétiens ont appliqué au Christ. Tout d'abord 'Parce qu'il a connu la souffrance, le juste, mon serviteur,  justifiera les multitudes' (Is53,11) et le suivant à la fin du passage retenu pour la liturgie de ce Vendredi-Saint, nous trouvons une sorte de résumé de l'ensemble : 'Il a était compté avec les pécheurs, alors qu'il  portait le péché des multitudes et qu'il intercédait pour les pécheurs.'   (Is53,12)


En d'autres termes, il a pris sur lui les péchés des hommes et leurs souffrances aussi. On pourrait dire,  il les a pris pêle-mêle, tellement il a épousé la condition humaine ainsi doublement marquée. La condition humaine, il l'a épousé de façon totale et définitive.  Il y est parvenu  au moyen de l'obéissance absolu à son père. Certes, il aurait pu échapper un peu, beaucoup,  à ce destin, à une mort aussi infâme. Il ne l'a pas fait.


Prenons l'image du calquage. Pour cela nous avons besoin de deux feuilles, une feuille avec le dessein ou écriture et une autre vierge superposée. Puis, à l'aide d'un stylet en frottant la feuille vierge, le dessin de celle qui est en dessous réapparaît sur celle qui est à l'extérieur. Jésus  en adhérant totalement à la condition humaine, dans une obéissance sans faille, a ainsi pris sur lui tout ce qui était négatif dans cette condition humaine : les péchés et les souffrances qui en résultent.   Il a entièrement absorbé tout ce qui alourdissait spirituellement l'existence humaine, il a coupé la source du mal. Sans pour autant empêcher la nuisance des conséquences liées à notre condition terrestre, mais pour cela il demande notre coopération.


Notre coopération, c'est le sens de la seconde lecture, de l'épître aux Hébreux : " Avançons pour.... recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours " (He4,16). C'est notre réponse à la vie toute donnée par le Christ. Où est-ce que nous la recevons. Déjà dans le baptême, puis dans la confession, dans le pardon demandé et offert.  Nous la recevons aussi dans la communion eucharistique qui par une telle union avec le Christ est également un remède, un médicament pour donner non seulement des forces spirituelles pour  être en présence d'un tel amour, mais également avoir de quoi disposer pour lutter  contre le mal. La grâce de son secours, nous la recevons également dans toute prière juste, c'est-à-dire dans laquelle nous nous remettons à la volonté de Dieu comme Jésus-Christ l'a fait. Sans oublier le fait que parfois la grâce de son secours peut même agir à notre insu, sans que nous le sachions, c'est seulement après coup que nous nous disons, ah ! maintenant, je comprends pourquoi un tel changement dans ma vie.  Et puis la grâce de son secours peut aussi se manifester chez les autres, mais de telle sorte que nous la voyons agir, tout comme agissant en nous elle peut être immédiatement visible par d'autres.  Visible ou pas, le salut opère et c'est dans l'intimité de notre coeur que nous l'accueillons. En faisant ainsi nous adhérons toujours davantage au Christ comme il a déjà adhéré à nous, pour que nous puissions vivre de sa vie, bénéficier de sa grâce, celle de la Vie  en Dieu.