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2020/04/11 - Méditation personnelle - Samedi Saint

Category: Partages spirituels livrés par le Père Rémy
Créé le mardi 9 juin 2020 12:37

Samedi saint, méditation


Hier, un vendredi Saint particulier, comme la veille, comme aujourd'hui.


J'ai été dans la chapelle pour prier devant le ciboire  sur l'autel en guise de la veillée au tombeau, comme jeudi soir pour veiller avec Jésus aux Jardin des Oliviers. Mais là, il est mort, comme nous l'avons constaté dans les célébrations de la passion, son corps est déposé dans une grotte, la grosse pierre est roulée.


Samedi Saint, la pandémie nous force à goûter à cette absence du Christ vivant auquel nous avons l'habitude d'accéder dans l'eucharistie.  La grosse pierre d'interdits est roulée depuis tant de semaines sur les activités ordinaires de nos communautés.  Ceci est nécessaire pour la vie sur terre,  mais très éprouvant pour la vie spirituelle, chacun appréciera le degré d'en être éprouvé, ce qui peut  servir de  thermomètre de l'intensité de la foi.


Tout est silence, les oiseaux chantent, les animaux investissement les villes, les humains se font discrets, comme discret est Dieu dans sa mort. Attendre, c'est tenir une lampe allumée, comme la veilleuse à côté du tabernacle, qui en ce samedi est aussi éteinte, reste toujours celle de notre cœur.

2020/04/10 - Méditation personnelle - Vendredi Saint

Category: Partages spirituels livrés par le Père Rémy
Créé le dimanche 24 mai 2020 10:03

"Mon serviteur réussira...." Isaïe 52,13...53,12 méditation du Vendredi Saint


Mon serviteur réussira, mais quoi?


Il était une fois un pays étrange,

où régnait le désordre en toutes choses.


Un jour, un mystérieux voyageur

Est venu s'installer pour y habiter.


Il ne faisait rien d'autre que d'y être,

On se posait des questions à son sujet.


De quoi vivait-il, d'ailleurs d'où venait-il?

Et qu'est-ce qu'il faisait de ses journées?


On a continué à l'observer de plus près, 

Mais, il n'en tenait aucun compte.


Il a fini par être connu de beaucoup,

Mais il n'a pas fini d'intriguer.


Un jour, puisque dans ce pays,

Sans dessus-dessous tout était possible,


Il a proposé un concours de beauté.


L'idée a plu à tous les adeptes

De m'as-tu-vu et d'autres "foutreux".

 

Il l'a gagné, haut la main,

Bien loin devant les autres.


Personne n'avait l'idée

De la cacher derrière


Une étrange laideur.

2020/04/10 - Méditation personnelle - Bulle du Vendredi Saint

Category: Partages spirituels livrés par le Père Rémy
Créé le dimanche 24 mai 2020 09:56

Chacun dans sa bulle, normal. La vie relationnelle et, à plus forte raison en communauté  de croyants, fait éclater notre bulle. Pas tout de suite, et nous avons les moyens de la préserver en croyant re-celer notre identité profonde dans notre volonté propre pas moins profonde.


Ça prend du temps, mais d'un côté Dieu veille et de l'autre côté son adversaire est aux aguets. Pour qui travaille le temps, pour qui sonne le glas, qui sera heureux et qui ne le sera pas…. La réponse est à deux pas de nous-même, juste à côté de la bulle, car la faire éclater ce n'est pas être à côté de la plaque, c'est être sur la plaque chauffante aux braises de l'Esprit qui de toute chose fait des choses nouvelles, le meilleur kiné spi et psy et tutti quanti indispensable pour la vie bonne car libre, sans bulle qui, au demeurant, nous obnubile.

2020/03/14 - Chemin de croix

Category: Partages spirituels proposés en paroisse
Créé le mercredi 13 mai 2020 11:31

Première station: Jésus est condamné à mort.

Cela se tramait depuis déjà bien longtemps, mais maintenant c’est décidé; il n’y aura qu'à suivre le protocole qui n’a rien d’un parcours de santé, voire même d’un check up aux premiers signes inquiétants pour vérifier si tout va bien. Santé, il en avait; jeune, robuste (peut-être pas trop, normal) il était.  Certes, il n’a pas passé son temps libre dans des salles de musculation, mais la nature l’avait sans doute doté d’une bonne santé, de bonnes conditions physiques; pour l’hygiène de vie, cela devait être pas trop mal non plus.  

Tout cela c'était le passé, là au moment  du verdict, il  n’est même pas la moitié de lui-même. Depuis qu’il avait attrapé ce virus de vérité (depuis quand? depuis toujours, non!?) pour y être fidèle coûte que coûte, en prétendant que l’amour était à ce prix, il n’était pas au bout de ses peines. Ce qu’il a dû endurer jusqu’alors aurait déjà été bien suffisant pour pouvoir le dispenser du reste. 

Hélas, le calice, il va falloir le boire jusqu'au bout, et au fond qu’est-ce qu’il y a, le poison ou le remède? Vu de l’extérieur, même si l’on pencherait plutôt côté poison,  finalement qui pouvait le savoir?  Vu de son intérieur, qui peut se mettre à sa place? On peut seulement constater, qu’à travers cette opacité qui nous sépare de lui, que génère cette mise à distance entre nous et lui, c’est finalement pour nous mieux accompagner. 

C’est pour nous protéger, pour nous donner à  boire, à petite dose, juste ce qu’il faut pour exciter notre espérance. Est-ce que cela marche? Pas toujours, mais sa pédagogie est ainsi, elle est dynamique et la patience est de mise. Là aussi l’espérance est le maître mot. 

L’espérance, la sienne, elle est condamnée à se faufiler à travers les mailles du filet de l’espoir qui ne fait plus vivre, qui ne donne plus à vivre. Juste de quoi avoir ce qu’il faut pour arriver au bout du chemin, comme prévu dans le protocole. Oui, il sera dans la vie, pleinement, totalement, jusqu’au bout. 

La condamnation change tout, mais tout aussi continue comme avant, c’est le paradigme de rupture qui se trouve à l’intérieur d’un paradigme de continuité. Et les deux paradigmes se confondent désormais dans une même seule vie, vie d’un condamné à mort qui ne lâche pas la vie. Cette ténacité, il ne l’exprime pas par l’intense désespoir d’un guerrier qui sait qu’il est perdu, il la porte gravement et depuis cela se fait ressentir  jusqu'à chez nous. 

Deuxième station: Jésus est chargé de la croix

Prendre sur soi, rien qu’une seule poutre pour la traîner dans l’ultime course de sa vie, dans sa situation, cela n'a rien d’enviable. Ceci ne se déroule tout de même pas dans le cadre d’un concours entre les plus robustes gaillards, qui, lors d’une fête foraine, montrent leurs muscles pour savoir qui, chargé d’un tronc d’arbre, arrivera le plus vite à l’autre bout de la course. Lui aussi est exposé aux regards du public, mais y a-t-il dedans des supporteurs (d’ailleurs, où sont-ils ses tifosis?), lui, surveillé par le staff d’une drôle d’écurie. 

Et quand on est chargé, on est chargé, c’est pour que cela pèse et cela pèse bien  lourd, très lourd. Le poids de l’amour se mesure à l’échelle de la vérité dont il ne peut pas dévier, et il y a des moments où cela pèse des tonnes, tellement l’attraction  dans le sens opposé comme par un aimant est forte pour contrer le désir d’aimer.  

C’est un travail titanesque qu’il s’apprête à faire encore, comme au désert, mais là-bas, il n'y avait que les forces spirituelles du mal engagées en direct, et il y avait sa solitude. Ces forces contraires et sa solitude, ensemble le mettaient au défi de sa relation au père. Ici, c’est dans un corps à corps que se déroule le combat bien incarné des deux côtés, dans les cadres d’une mécanique judiciaire en marche avec les gros muscles des exécutants. 

Sont-ils pire que les autres, leurs contemporains, leurs semblables? Difficile de savoir, tellement leur vie physique est mélangée à tout cela. Difficile aussi de savoir s’ils sont pires que les forces du désert, on pourrait risquer de dire qu’à enjeux égaux, les poids sont pareils. Jauger c’est mesurer, pas juger.

Le tentateur est tout près, mais il se fait très discret, comme si c’était  pour endormir  la vigilance de tout le monde, et après tout pour lui se servir de la faiblesse humaine c’est tout gagnant. Pendant ce temps là, il se “repose” pour préparer d’autre coups foireux, tordus, comme il sait le faire. Lui, qui s’était interdit d’aimer un autre que lui-même, et qui pour se maintenir en bonne condition pour être dans la course contre son adversaire, a besoin de dépraver l’amour des autres pour qu’ils lui deviennent des semblables, se trouvants du même côté du miroir.

La croix, il va falloir la porter pour ne pas se laisser déporter. Il va falloir la trainer pour ramener au point culminant de l’horizon tous ces poids du passé, de notre passé, de notre présent et  de notre avenir, et de ceux de tous les autres. Une gigantesque benne à ordure bien qu’invisible, mais au combien réelle, qu’il traîne avec toutes les casseroles de l’humanité en déréliction depuis que le paradis s’est perdu, s’est évaporé, comme s’il n’avait jamais existé, détecté par quelques rêveurs isolés comme un signal faible, très faible. 

Aucune piqûre de rappel, ni autre vaccination jusqu’à lors ne suffisaient pour enrayer l’épidémie qui continue à bousiller le corps et l’âme. Sera-ce différent après? Ce n’est pas à l'ordre du jour de ses préoccupations du moment, il a juste à traîner cette foutue potence, loin d’un amour hiératique d’iconographies qui consolent. 

Troisième station: Jésus tombe pour la première fois. 

Tomber, et alors quelles en sont les retombées? Cela arrive à tout le monde, cela nous console plus que cela ne nous désole. Et quant à l’esthète en mal d’être, il pourrait se saisir de cette question, lui, avide des sensations artistiques pour se faire admirer à  travers son oeuvre, en se faisant liker de millions de fois, en créant un buzz. Peu probable, il y a d'autres voies plus sûres pour mettre au défi la grandeur de Dieu dans le corps d’un homme crucifié.  Il y en a qui n’ont pas trop mal réussi dans ce domaine, comme dans des domaines semblables, que Dieu leur pardonne, car  ils ne savent pas ce qu’ils font et à quoi ils s’adonnent. 

Si on peut méditer sur tout,  est-ce que l’on peut rire de tout? Est-ce que Jésus a ri? Question signée Au nom de la rose qui s’est fichée dans nos mémoires. Alors que le diable ricane, faut-il le rappeler? C’est dans ce sarcasme nonchalant de beaucoup que le condamné à mort tombe alors qu’il est en route vers le lieu de son supplice. Mais il se relève pour les relever eux aussi. Méditer à partir de ce qui lui arrive, c’est méditer sur notre propre  vie marquée de hauts et de bas.

L'endurance est bien nécessaire pour une vie bonne, droite, juste, digne d’une vie. Et elle s’apprend, et Jésus l’apprend aussi, toujours et sans cesse, lui qui a déjà appris tellement de choses sur la condition humaine, durant une bonne trentaine d’années, ce qui est déjà pas si mal, surtout à l’époque. Pour essayer d’apprendre la même chose, nous avons besoin de plus de temps, car nous avons étalé l’essentiel de notre vie dans le temps, comme de la confiture sur la tartine, tout de l’essentiel, car pour le reste, nous sommes de speedy Gonzalez pour profiter de la vie à tout va. 

Est-ce que l‘on profite de la vie comme un virus profite de la nôtre? Cela n’est pas à l’ordre du jour, car cela n’est pas profitable. Jusqu'au moment où nous sommes contrariés dans nos plans bien établis. Il paraît qu’on fait rire Dieu lorsqu’on lui présente nos plans d’actions pour savoir comment réussir dans la vie; et réussir la vie, c’est quoi? Comme disait un missionnaire au soir de sa vie: Dieu avait un plan pour moi et moi en y croyant obéir, j’ai mené ma vie. 

La croix de nos vies est si souvent lourde, que nous serions parfois tentés de la laisser tomber, mais cette croix c’est notre vie, et notre vie est portée dans la sienne. Et le savoir, cela change quoi? Le cordon ombilical entre lui et nous est traîné dans la boue de sa chute; pas facile de le voir exister concrètement et alimenter notre vie comme dans une perfusion qui permet de bien s'en aller. 

Si souvent nous sommes asymptomatiques; chez moi tout va bien, aucun besoin d’une telle connection et d’une routine pareille, ça c’est pour les faibles. Seigneur, protège moi de tels forts! Mais, as-tu protégé ton fils de ses bourreaux? 

Quatrième station: Jésus rencontre sa mère. 

La route sera longue, où puiser des forces nécessaires pour rester dans l’action qu’un condamné doit accomplir en creusant sa tombe. Les derniers jours étaient déjà épuisants, et les nuits sans sommeil ne fournissaient pas le repos nécessaire; une vie  sans répit. C’est la vie d’un condamné à aimer, sans répit.

Sous l’ombre de sa couronne bien plantée sur son crâne, sa passion lui fait dégouliner comme dans un pressoir le jus de son corps, en donnant à son visage cet air de supplicié enveloppé d’une lumière blafarde. Il a encore la capacité à voir ce qui se passe autour de lui. Sa mère le sait, il faut se dépêcher, il faut être dans la trajectoire de sa route pour pouvoir croiser son regard. 

Pour sauver sa progéniture, une mère ne recule devant rien.  Mais le sauvera-t-elle? Et de quoi? De la mort certaine? Raté d’avance. D’overdose de souffrance alors? Comment savoir quelle est la dose prescrite jugée comme acceptable, et où mettre le curseur qui indique qu’au-delà c’est l’overdose? Sauver de quoi? Du désespoir, serait-il mal à ce point? Elle est là pour souffrir avec lui, c’est pour cela qu’elle veut croiser son regard.

Ce n’est pas certain qu’elle voulait le sauver de quoi que ce soit, puisque c’était à lui de la sauver et nous avec. En plongeant son regard dans le sien, elle lui est ce reflet du ciel compatissant pour son corps terrestre en pleine démolition. 

La mère, il y en a qu’une, même et surtout peut-être quand elle vient du ciel, alors que les autres la pensent de la terre, peu-importe, et si elle venait de deux? Comment, c’est pour une autre fois. Croiser son regard c’est vivre dans son corps ce ciel dont est pétri tout son être. Il y a des regards qui en disent infiniment plus que les mots ou les gestes. Il y a des regards qui sont le remède à bien des maux. 

Son mal à lui c’était être mal, point à la ligne, rien d’autre que d’être ainsi. Aurait-il voulu lui épargner le croisement des regards chargés d’une telle souffrance partagée? Comment le lui interdire, puisqu’elle est sa mère et qu’elle sait ce qui est bon pour son fils. 

Non, ils n'ont pas honte l’un de l’autre, ils ne sont pas dans une fausse pudeur de regards volés à l’attention de l’autre; voir sans être vus, rien de tel chez eux. tout y est clair, limpide, personnel, intime et qui n’a pas peur d’être public, appréciera qui pourra. 

Cinquième station: Simon de Cyrène aide Jésus à porter la croix.

 A la grande émotion générée en nous par le regard de la mère sur le fils, succède un coup de pouce inespéré sans doute, mais surement bien apprécié. Un type quelconque se trouvant sur le chemin, il est pris de force pour l'aider. Le staff peut s’inquiéter de ne pas arriver à amener le condamné au point d’arrêt final par ses propres forces. Donc on trouve un moyen d'à côté, juste ce que l’on a sous la main, on ne va toute de même pas l’aider avec des gros muscles, ils ne sont pas destinés à une aussi basse besogne. Eux, ils ont d’autres tâches à accomplir, plus nobles, plus dignes de leur statut de cols blancs de clercs et de leurs associés de l’époque. Les bouchers en cols blanc, ça alors!, Peut être nous regardons trop les films qui en parlent, mais ils doivent tout de même refléter tant soi peu la réalité. 

Si quelqu'un est déjà bien chargé de fatigue comme ce pauvre Simon, pourquoi  ne pas lui en ajouter? De toutes les façons les conditions de vie difficiles, il les connaît et puis ils ont les moyens de le faire obéir, de le faire se soumettre à leur volonté. Tirer les salaires les moins payés encore plus  vers le bas, c’est pour permettre une consommation de masse à bas prix, un jolie stratagème dont nous nous accommodons tous, si bien que par rapport à cela nous dormons tranquilles. Oublier de payer les heures sup, c’est connu de toutes les époques. Et comment reconnaître le travail du corps médical et de leurs associés  à leur juste valeur, surtout dans  les temps comme les nôtres?

Simon a bénéficié d’une reconnaissance divine, nullement enregistrée dans les cahiers de félicitations des premiers de la classe, ni répercutée sur ses avoirs terrestres en nature sous quelque forme que ce soit.  Il n’était pour rien dans cette histoire, un parfait serviteur quelconque qui n’a fait que ce que les autres lui ont demandé. Et Dieu dans tout cela? Qu’il n’est pas été vu en Jésus, c'est  plus que normal, mais que Dieu pouvait se cacher  derrière une telle décision exprimée par les staffs de service, c’est difficile à concevoir. Quoi  qu’il en soit, il l’a fait, puis c’est tout, on ne va tout de même pas triturer dans sa subconscience pour y voir les traces de Dieu et de sa volonté.  

Est-ce que c’est facile de se faire aider, et puis même si cela soulage, est-ce que cela permet de reprendre des forces? Certainement un peu, mais pour quoi faire, pour gagner quelques centaines de pas? Au point où l’on est, c'est peu et c’est beaucoup à la fois. Simon a fait ce qu'on lui a demandé de faire, Jésus aussi: les deux ont obéi à la volonté des autres. Aidés, mais restez enfermés, c’est pour votre bien, le confinement est nécessaire pour votre survie. Jésus le sait, il accepte le sien. Mais isolé n’est pas synonyme de séparé de tout. Simon et Jésus unis par un bout de bois mort, drôle d’histoire de vivants, que sont ceux deux-là. 

Sixième station: une femme essuie le visage de Jésus.

Les uns sont pour déshumaniser, les autres pour réhumaniser, et à ce jeu la nature participe à sa façon sans le savoir. La nature humaine, quand à elle, elle le sait d’une manière ou d’une autre, elle n'a que pour excuse la lenteur de l’intervention divine pour le lui révéler.

Cette femme vient du fond d’un mythe légendaire archi connu, né dans la piété populaire qui lui réserve une place de choix dans ce chemin fondé sur les récits bibliques dont elle s’autorise à s’écarter parfois. Ce n'est pas pour être à l'écart, mais c’est pour être encore mieux dedans. 

Un peu d’humanité dans ce monde de brutes, ne fait pas de mal. Mais ce n’est pas pour cela qu’elle est là, surgissant d’un subconscient chrétien en mal de vérité.  Elle enchaîne quelques gestes bien précis dans une technicité à couper le souffle, dont le résultat étonne encore aujourd’hui. Un portrait,  comme une photo sur la serviette avec laquelle elle venait d’essuyer le visage. 

Une fois le geste accompli, est-ce que le condamné était plus beau à voir? Pas sûr, car les effets positifs ne durent pas bien longtemps, il y a tant de sueur mélangée avec le sang qui la couvre, alourdis par toutes les particules de poussière et autres crachats qui s'agglutinent et s’y déposent pour former ensemble comme une couche de protection contre la possibilité de pouvoir reconnaître le beau visage du Fils de l’Homme. La nature fait bien les choses; elle prend en charge ce que l’homme ne réussit pas toujours, couvrir la honte, certes elle le fait à sa manière, comme elle peut, mais c’est efficace. Ce n'est pas un masque de protection, c’est une empreinte de révélation.

Le négatif de la photo est déjà prêt, il suffit de le faire révéler dans un liquide spécial et la photo apparaîtra positive. Le négatif est nécessaire pour que le positif apparaisse, gare aux techniques qui se dispensent de passer par cette phase préparatoire et intermédiaire. Heureusement que la matière noire et l’énergie du même nom sont irréductibles pour le moment, à l’investigation scientifique. Une fois le mystère percé, il y aura d’autres négatifs qui vont apparaître pour chercher à le révéler.  C'est une course entre ce que l’on peut et ce que l’on accueille. 

Véronique nous poursuit de son geste gardant le secret d’une audace pour approcher de la vérité, son secret est celui de l’amour. Véronique de la Véritas, Véritas de l'Aletheia,  cet Émet dans la langue de Jésus que l’on aime, cela nous met déjà en joie. C’est comme pour un tableau, il faut accepter les contours pour apprécier le sens du dedans.

Septième station: Jésus tombe pour la deuxième fois

Protège moi de l’habitude d'être faillible. Car si une fois, pourquoi pas deux et trois. Anticiper ne sert à rien, il faut juste endurer et se relever. Chaque fois? Ou alors changer de fusil d’épaule, fuir. Non, tu n’échapperas pas à toi-même, vous pouvez vous y perdre tous les deux, toi et ta vie, mais vous ne pouvez pas y échapper, c’est écrit, c’est cela le destin, pas sa trajectoire dans une direction ou une autre, jugée bonne ou mauvaise, mais le fait que l’on n'échappe pas à la vie qui nous porte et si souvent nous cloue au sol, c'est cela le destin, juste cela.

Est-ce un  temps de repos pour récupérer des forces, est-ce le temps nécessaire pour se dire que se relever c’est pas seulement possible (on verra dans les faits), mais déjà souhaitable, alors pour qui et à quel prix? Mais, on a déjà compris tout cela depuis longtemps. Il reste à présent à ramasser le morceau de croix qui lui tient en une seule poutre et le caler entre les morceaux du corps déjà bien disloqués, prêts à partir dans tous les sens, alors que de sens, il en a qu’un seul: aller toujours plus haut, mais la tête en bas. 

Le cadre de sa vie est maintenant celui d’une croix et son corps va se confondre avec ce cadre là, crucifiant, cruciforme, crucial, cruel. Mais cela c’est pour plus tard, pour le moment il s‘agit de devoir se relever, car tant qu’on bouge on montre aux autres que l’on est en vie. Mais il y a des mouvements de paupières que l’on ne voit pas facilement; paupières, ce voile qui couvre le coeur encore en vie, encore dans l’élan d’aimer.  

Peut-on se relever seul? est-ce possible, aucun soutien par les aisselles, oui probablement, faut-il essayer encore? Mais c’est perdu d’avance, car ce qui se joue là, c’est que l’on finira par être cloué pour du bon. Est-ce déjà? Qui frappe, ma mort? Est-ce déjà? Non pas encore, presque le regret se profile dans ce qui reste de la conscience qui capte encore quelques bribes de la réalité le concernant. Tout se  voile même son désir d’aimer jusqu'au bout et si le bout était avant l’arrivée au bout? 

Est-il est au bout? Non, pas encore! Nous avons tellement de ressources en nous que cela nous surprend dans les situations exceptionnelles qui appellent à y puiser. Surprenante est aussi la demande d’aller au bout, réalisée par des offrandes qui étaient déjà totales, sans condition, que ta volonté soit faite et pourtant il y a encore à offrir et encore, une longue agonie dans ces préliminaires, dont plus d’un amour se passerait. 

Huitième station: Jésus console les femmes de Jérusalem. 

Quand est-ce que nous sommes des meilleurs consolateurs, n’est-ce pas lorsque nous sommes en situation d'en avoir besoin nous-mêmes? Pas tant sur le plan psychosomatique, pas tant dans le passé dont nous sommes déjà consolés, mais maintenant,  au moment même où nous avons besoin de consoler les autres. De quoi alors avons-nous besoin d'être consolés? De notre misère qui nous pend au nez à tout moment que l’on appelle l'état de péché qui enferme sur soi et son malheur. Et dans le même élan consoler ceux qui sont en situation du plus grand stress et de difficultés matérielles psychiques et spirituelles pour vivre. Vous pouvez inverser l'ordre de ces trois types de difficultés, cela doit revenir au même suivant l’importance que l’on leur accorde.

La consolation que Jésus retourne à ces femmes, que l’on appelle filles de Jérusalem, elle est d’un ordre tout spirituel. Toujours amener la guérison  au point central, aller à la racine, comme dans la recherche du virus qui est en train de faire des ravages dans les corps que nous déplorons. 

A-t-il respecté l’expression de leur compassion? Sûrement, mais passant très vite à l’essentiel, pas sur moi mais c’est sur vous et vos enfants qu’il faut pleurer. Est-ce que nous pleurons sur nous-mêmes lorsque nous envahit la prise de conscience d’erreur, due à la futilité qui était devenue le centre de la vie, et nous a ainsi excentrés, déportés du vrai centre. Alors que la loi de la gravité de la vérité, elle ne change pas, mais change seulement notre tolérance à l’accepter comme déportée, d’elle-même, et nous avec. 

C’est gênant, car tout le centre de gravité en nous est ainsi troublé, et aucun kiné ni autre yoga master n’y pourra remédier. Et c’est grave, grave d’une même gravité que celle du centre qui pèse le poids de la vérité fondée en Dieu avec la portance qui nous permet de nous laisser emmener vers lui. Et nous laisser emporter avec le poids de ce qui est tordu, c’est très lourd, comme la croix de ce pauvre Jésus que nous essayons de suivre et qui le cloue depuis si longtemps. 

Ne fallait-il pas laisser tomber tout cela depuis bien longtemps, élever le poids de ce corps qui est en tel désaccord avec l’esprit qui, lui désire s'élever. Nous sommes tentés de le laisser partir tout seul, car, tout compte fait, cela fera l’affaire de notre vie. Sauve toi toi-même et nous avec se bouscule déjà aux lèvres de ses suiveurs en mal de poids de la vérité. 

Ils ne sont ni hédonistes, ni jemenfoutistes ou d'autres artistes du futile de ce genre. Ils sont sérieux et travaillent comme des brutes pour avoir enfin la paix en trouvant leur hutte de bonheur sur terre. Ils se consolent, mais le temps passant, ils deviennent de plus en plus sensibles aux besoins des autres.

Grave erreur! crie le corps qui reçoit la consolation. Car il veut la recevoir là, où elle doit arriver, au coeur de ses suiveurs éplorés sur le monde qui va si mal. De son coeur à leur coeur de femmes, c’est encore possible, l’échange se fait, mais est-il efficace? Se souviendront-elles plus tard, lorsque elles se remettront de cette émotion plongées de nouveau dans une vie ordinaire? Vie, si pleine de vacarme, qui de toute velléité à être de nouveau dans une telle écoute (si toutefois!), vacarme qui si facilement désarme.

Neuvième station: Jésus tombe pour la troisième fois.

Encore une, ouf! c'est la dernière. Stop! ça c’est pour le film, devant les caméra, pour faire joli, un, deux, trois, et c’est fait,  comme avec  les trois cochons nouf nouf, nif nif et naf naf ou trois ours bruns, mais pas comme Jésus, ni comme vous et moi. Cela ne nous ressemble pas. Troisième fois c’est comme le début d’une série qui peut être ne s’arrêterait jamais. C’est comme le serpent de mer qui ondule et on ne voit pas la fin. C’est comme le dragon chinois qui fait pareil, comme s’il voulait créer une impression que l’on est dans la mer sous l’eau. Les illusionnistes de tout poil ont cette faculté de nous faire croire à ce que nous voyons, tout au moins de nous  émerveiller devant leur art et les admirer pour leur savoir faire. Pas de mal en soi.

Rien de tel dans la vraie vie, les chutes à répétition  sans filet de protection, elles n’ont que pour protection la confiance que l’on pourra se relever, jusqu’à la prochaine fois. Toutes les addictions obéissent à la même loi, celle de la répétition de la chute.  Les plus dangereuses sont celles qui se faufilent entre les récepteurs de la conscience pour échapper au contrôle de qualité. Sont alors bonnes toutes les stratégies de contournement et autres stratagèmes semblables que l’intelligence humaine ainsi mobilisée peut produire et mettre en place, d’une efficacité qui  endort l’entourage et permet à soi-même de dormir sur ses deux oreilles.

Quand on n’a pas envie de se faire attraper, on fait tout pour échapper au cordon sanitaire. Il y en a qui réussissent et cela fait des dégâts pas seulement en eux, mais également autour d’eux. En résultent des gueules cassées par toutes sortes de guerres qui font mal, car elles défigurent le beau visage, le délit de faciès est un sport favori des escadrons de la mort. Combien de morts aujourd’hui? Les a-t-on tous ramassés? Non! Au moins répertoriés? Non plus! Manque de crayons et le papier est déjà tout froissé pour écrire lisiblement. Des rapports faussés, forcément ou pas,  mais la fosse commune recouvre tout, y compris les rapports. La seule chose qui soit commune à toutes les chutes, c’est le spectre de la fosse commune. Du fond de l’enfer, il y en a qui ricanent dans une solidarité faussement commune en se croyant être des détenteurs d’un, si faussement, bien commun. Le mal isole, le malin est là.

Quand on tombe à répétitions, comme d’autres vont au puits plusieurs fois par jour, ou d’autres encore serrent les boulons d’une société nouvelle faite de lingots d'or et d’acier, de quoi est-on alors dépouillé? De ce qui n’est pas nécessaire dans une fosse commune où on est accueilli par le ricanement en guise de welcome, qui aurait dû s’appeler ‘badcome’. Le spécialiste du fake, le falsificateur à l’échelle universelle devant l'Eternel n’est pas loin, il est aux aguets, il n'oublie pas, il veille. Ce n’est pas encore son heure, mais elle n’est pas loin, à quelques pas, l’affaire est pratiquement pliée, mais on ne sait jamais, la vigilance est toujours de mise; c’est qu'il a appris depuis si longue, car si douloureuse éternité. 

Dixième station: Jésus est dépouillé de ses vêtements. 

De quoi peut-on encore dépouiller quelqu’un qui a déjà tout perdu? Le dépouiller pour abréger les souffrances. Que l’on abrège ses souffrances! Stop!, laissez le mourir vite, aider-le à achever la course de sa vie c’est de la vraie humanité, vous voyez bien qu’il n’a plus en lui aucune ressource. A la guerre comme à la guerre, le butin est toujours bon à prendre, dépouiller quelqu’un c’est de le rembourrer de sa propre existence  d’une aussi piètre revanche sur la vie. Mais qu’est-ce qu’on en a   à faire, d’une échelle de vie digne, l’échelle qui permet d’atteindre la potence suffit, car tout se mesure à une telle échelle, celle de l'efficacité en toute chose.   

Ce n’est pas la peine de rêver comme Scorses et tant d’autres avant lui et tant d’autres après, en s’imaginant, en lui souhaitant qu’il descende de la croix. Ce n'est pas la peine qu’il y monte même, car actuellement nous disposons de moyens biens plus humains pour remplir le contrat. L'humanisation par la guillotine était un progrès toutes proportions gardées, mais le côté barbare restait insoutenable pour des coeurs sensibles à qui on demandait de s’abstenir. 

Il y a mieux, restons zen, tout en gardant le coeur sensible pour faire appel à votre générosité quand on vous le demandera.  Et le comble de la réussite, c’est de se servir de cette sensibilité pour abréger les souffrances. Qui n’est pas sensible à la douleur, et qui ne la cherche? Des palliatifs sont-ils suffisants pour la faire taire, non, tel n’est pas leurs objectifs, ni celui de la vie digne. Nécessaire mais pas suffisant, car si la souffrance éloigne, elle est un cri à soulager dans une relation qui ainsi se noue encore et encore. 

C’est comme avec les trains, la souffrance peut en cacher une autre, encore plus profonde, totalement solidaire avec celle-ci qui elle est bien physique et doit être soulagée autant que cela se peut. Mais une souffrance ne peut pas cacher l’autre, elle la porte dans un écrin qui contient un trésor encore plus précieux ce qu’elle dit de la vie digne. Elle le montre en criant, qui entendra sa plainte?

Voici l’homme dépouillé de sa dignité, dignité qui lui collait tant à la peau et malgré tout le protégeait comme sa couronne des coups tout en faisant mal, de plus en plus mal au point que la sensibilité n’est plus au rendez vous. Fatalement, nous  essayons de nous convaincre, une sorte d'anesthésie se met en place, au moins cela comme solution pour abréger ses souffrances et porter à nu notre innocence. 

Maintenant, il est détaché de tout ce dont on a pu le spolier avec efficacité, conformément au protocole accompli avec zèle, scrupuleusement appliqué pour l'attacher au néant, d’où il est sans aucun doute venu. Vive le progrès! et qu’il soit béni celui qui le permet pour se faire le bon berger d’un nouveau troupeau à paître. 

Et pour les déguisements on a ce qu’il faut, venez fêter:  halloween! fête des morts pour se faire peur en restant persuadé que ce n’est qu’un jeu innocent, digne des enfants à qui on apprend à se familiariser avec la peur de la mort, pour l’exorciser, pour se laisser convaincre de l’innocence d’un jeu. C’est admirable comme jeu d’inconscient dans le temps d’accalmie, mais pas dans les temps de la mort, celle autour, sans parler de la nôtre.

Onzième station : Jésus est cloué à la croix. 

Ca fait mal, très mal, encore plus mal que ce qu’il  avait enduré jusqu'à maintenant. Là, c’est  le compostage de billet  one way qui  est en train d’être effectué avec la même technicité, celle de la performance qui perfore des trous dans sa chair, comme par le poinçonneur des Lilas, pour le bien attacher à la croix qui l’expédiera à la mort. 

Désarticulés l’un par rapport à l'autre, dès à présent ils vont être bien articulés l’un à l’autre; mieux, ils vont être configurés, telles deux figures de la mort.  La sienne dans un corps défiguré pour se rapprocher de ce bout de bois mort. Lui, le moribond accueilli par la mort naturelle déjà bien présente dans son support qu’il a porté jusqu’à maintenant, désormais va se laisser porter à son tour. Même si elle ne le sait pas encore,  la mort portera la vie, ça c’est dans les rêveries chrétiennes. 

Alors que l’on sait que la mort portera, on peut se demander mais pour aller où? Bah, à plus de mort, c’est l’évidence même. Plus de mort c’est quoi? C’est l’oubli, même du néant qui l’a accueillie, car même cela c’est trop.  Rien c’est rien, et c’est tout. Tout de rien,  c’est rien du tout. Pourquoi seulement après, mais peut-être aussi avant, après tout, de notre vivant tout n’est-il que la grande farce des illusionnistes qui manient les machines à produire du fake. Mais si il y a du fake, il doit y avoir aussi du contraire. Tout est décevant. Il vaut mieux ne pas être qu’être. A chacun son chemin de croix et à chacun son dépouillement de la dignité, et à chacun  son droit à une onction de vérité. 

Enfin, revenons à lui qui est toujours là. Lui, ce qu’il désirait tant se réalise maintenant, il voulait voyager retourner vers le Père, qu’il  aille au diable, c‘est pareil. Ils ne sont que des exécutants de sa volonté, après tout, cette situation, il l’a bien cherchée et puisqu'il n’a rien fait pour en échapper, le voilà dans le pétrin. On fait pour lui ce qu’il n'aurait pas pu faire tout seul, puisqu’il ne voulait pas se suicider, on le fait pour lui, on le fait à petit feu. Le résultat est le même, peut-être pas, mais qu’est-ce que l’on en a affaire de tout cela, c’est son problème, nous avons les nôtres. Ils sont de bons auxiliaires de sa vie, enfin, de ce qui lui en reste. 

Pour mettre les clous, ils savent le faire, ça fait mal, évidemment, après tout il y en a d’autres qui souffrent pour des causes bien plus nobles qu’une rêverie fanatique. Mais ce n’est pas leur problème, ils sont là pour bien faire leur travail. C’est relativement facile, ce sont des experts, tant de collines du monde moderne de l’époque sont jonchées de croix. Une de plus, mais comment faire comprendre aux gens qu’il faut obéir aux ordres? Quand ils n'obéissent pas, voilà ce qui arrive. 

Tous les ordres des puissants de ce monde ne sont pas mauvais, même si l’intention qui les accompagnent n’est pas forcément ce à quoi l’on aurait pu s’attendre. Obéir aux ordres pour enrayer l’épidémie en cours, oui, pour protéger la vie, oui. Cela sera-t-il suivi par d’autres consignes claires pour savoir comment enrayer d’autres maux qui infectent et tenaillent notre monde? Toujours pour protéger la vie. Sauf que Jésus n’a pas trop réussi, dans son propre cas, cela interroge. 

Quelle étrange douceur que celle qui vient d’une telle union. Il est livré comme l’agneau à l’abatoire et les silences des agneaux ne sont pas forcément là où on le penserait. Il fait corps allongé, docile, que peut-il faire autrement, ni forces, ni conscience, juste un coeur qui bat encore et qui envoit par des ouvertures faites par les clous des filets de sang. Une fois posé à la vertical, ces filets de sang vont continuer à s’étirer en coulées doucement stagnantes dans une rencontre avec le monde extérieur qui fige. Le sang n'est pas pour être dehors ou alors comme signe de la vie, mieux pour donner la vie.

Douzième station : Jésus meurt sur la croix.

Les coulures de sang maintenant sont bien à la verticale. C’est une sorte de peinture vivante qui s’anime devant les yeux invisibles de ceux qui y cherchent encore de la vie. C’est un tableau vivant, un de plus au côté de tant d’autres, comme ceux des prostituées de Bruxelles, exposition vivante, exposition universelle. Quel succès, de la performance exhibée dans les workshops pour savoir comment vendre un savoir faire d’un art de vivre. Art de vivre qui, si souvent, s'apparente à un vaste champs de défouloir.  Quel succès dans les salles d'expositions des pavillons qui battent les records d’affluences. Et les contrats signés par la suite, champagne s'il vous plaît! 

Pardon, je me suis un peu emporté, c’est de Jésus mourant sur la croix que j'aurais dû continuer à parler. 

Bah voilà, il meurt, on attend en silence pour recueillir son dernier souffle. Mais que s’est passe-t-il? Il parle, c’est presque inaudible tellement sa voix est étranglée par tant de déconvenues qui lui sont arrivées ces derniers temps. Il force sa voix, et comme dans son dernier râle, il semble dire;  pardonne leur. On connaît la suite, car ils ne savent pas ce qu’ils font. 

Bienheureux ceux qui en effet ne savent pas ce qu’ils font. Ceux-là peuvent dormir sur leurs deux oreilles, surtout ne les réveillez pas. Par mégarde, ils feront grossir le rang de névrosés mystiques qui dorment mal, car ils savent ce qu’ils font, ce qu’ils faisaient, et probablement, d’une autre manière, mais tout de même savent ce qu’ils feront: la volonté de Dieu qui coûte cher à la volonté humaine. Et même s'ils ne savent pas vraiment, ils le pressentent au plus profond d’eux mêmes et vont, dans cette  direction.

Le blasphème suprême n’est pas tant dans les mots qui sont censés le véhiculer. Il est dans cette incapacité de l’homme à se dire pleinement ce qu’il veut être. Il est dans cette incapacité à construire ensemble. Construire aux pieds de toutes ces croix, sans bannière (sinon c’est la croix et la bannière!) de toutes les souffrances qui conduisent à la mort. Construire aux pieds des toutes les souffrances qui peuvent être entendues comme des cris de la vie. 

L’art de mourir ne  consiste pas à tout dire, qui peut le prétendre. Il consiste à dire l’essentiel, à se dire au creux de l’âme qui elle seule est capable de recueillir l’indicible, audible seulement par les oreilles avisées d’une sublime force divine, force capable d’en faire l’art de vivre. Et ceci est  recueilli dans les alvéoles de la mémoire des héritiers qui ne peuvent pas s'en passer dans leur vie. Vie qui désormais n’est plus comme avant, mais comment concrètement? Dans la mort consommée, y compris.

Treizième station: Jésus est enlevé de la croix. 

Voilà un enlèvement réussi, il est pris en charge désormais par ceux qui, eux encore vivants, le portent et déposent sur les genoux de sa mère. Pietà que l’on  embrasse, et que l’on polisse, pietà que l’on ne piétine pas, trop grande est la marche pour se mettre au-dessus. Ces deux là, on n’a pas fini de découvrir ce qui les unissait, ni comment, dans la vie, dans la mort, dans la mort, dans vie, tout s’y tricote en lien toujours, pour le meilleur, en passant par le pire, pour demain en passant par hier, et surtout toujours au présent. 

La vie et la mort sont bien là liguées  dans une  même étreinte que rien ne pourra  séparer, car c’est pour la vie et non pas pour la mort qu’ils sont un. Elle le sait, elle le comprend, elle le signe par toute sa souffrance depuis  tant, depuis toujours, qui maintenant devient si unique, si singulière que rien ne pourra contredire d’aucune manière. Lui ne souffre plus, c'est un soulagement pour elle, sans doute c’est comme dans le cœur de toute mère, même si le chagrin est immense, mais qu’est-ce devant l’immensité de la vie que cela ramène, ce chagrin est sans importance. 

Il y en a d’autres qui vont la chagriner bien plus que ce qui est arrivé là.  Elle le dira à qui voudra l’entendre, que pour être sauvé, ce qui veut dire être en vie, c’est accueillir la vie sans attendre. Et elle en sait quelque chose par où parfois, souvent toujours ne faut-il pas passer pour y être vraiment, jusqu’au bout de l’amour qui ne semble pas avoir de bout. 

Mais ces messages délivrés dans tant d’apparitions sont recensés dans les registres d’interventions surnaturelles. Les institutions chargées d’en capter le contenu participent de cette activité scientifique qui depuis des temps immémoriaux se charge de la météo humaine. On y vérifie les humeurs des dieux et les nôtres pour savoir s'ils peuvent correspondre, pour le meilleur, évidemment le nôtre. 

Ces institutions sont toujours là pour mesurer l'impact des météorites (crashes financiers dans les dernières formes qui nous sont connues) qui nous tombent sur nos têtes. Elles sont là sous formes des instituts de sondages divers pour savoir si  par malheur, oui ou non, elles finiront par nous écraser totalement. Ou tout au moins nous anéantir partiellement (ouf c’est encore pas moi, car j’ai espoir de pouvoir y échapper). Comme cette épidémie qui sévit et dont on ne voit pas encore bien ni fin ni leçons à en tirer. 

La météorologie mariale semble variable suivant les époques et les endroits et les messages, à ce qui paraît, ne semblent pas toujours concorder entre eux, où plutôt la monotonie de leur répétition des appels à la conversion assaisonné des variantes locales dont la valeur théologique peut échapper et la concordance avec. Les prétentions universalisantes de leurs contenus se font nécessairement concurrence, comme si Marie voulait échapper à la simplification de sa place universelle tout autant qu’à l’identification trop facile dans un seul lieu. 

Au lieu et place de ce qui agitent les esprits des canonistes, censeurs de la vérité, la Vierge déverse sur ceux qui veulent l’entendre des paroles qui attirent l’attention, interroge et conduisent  par elle à lui, son Fils, dont les paroles “ils ne savent pas ce qu’ils font”, retentissent comme un appel à la conversion, la vraie, celle qui conduit à devenir frères car fils. Mes ces paroles furent en fait suivies par d’autres prononcées de façon déchirant le ciel au-dessus de la terre, car il s’écria d’une voix forte : entre tes mains je remets mon esprit. 

C’est la signature divine d’une origine d’outre tombe, d’outre mer, d’outre ciel. Le bleu de ce deux derniers est là et il absorbe tous les bleus de nos batailles qui ecchimosent notre peau, peau que nous ne voulons pas vendre à bas prix. Comme lui ne voulait pas non plus, lui condamné à mort, pour mourir d’amour  dont Marie sa mère recueille son corps et ses dernières paroles.

Quatorzième station: Jésus est déposé dans le tombeau. 

Qu’est-ce? Un corps mort. Celui de qui? De Jésus de Nazareth, roi des juifs. Où est Jésus, ce roi? il est mort! Où alors est-il? Il est mort là-bas, voici son corps. Voici l’homme qui fut, et qui n’est plus. Il est disparu, il s’est évadé de lui même, évaporé. Voici sa dépouille mortelle, car lui, il est dépouillé de sa vie, c’est plus facile pour une toilette mortuaire. Si toutefois quelqu’un en aurait l'idée, mais est-ce nécessaire? Ah, vous voulez prendre ça? Oui, prenez et qu’on n’en parle plus, on n’a pas que ça à faire. 

Le corps, son dernier avatar de sa trace sur la terre, n’aurait-il pas mieux fallu le faire brûler, et répandre les cendres, que l’on aurait pieusement déposées sur la tête des pénitents d’un Mercredi d’un même nom sur les têtes de tous ceux qui sont en mal de gestes forts qui leur parlent enfin. Ou, mieux encore, les disperser au dessus du Golgotha à partir d’un zeppelin new style, chauffé à blanc prêt au décollage. Ou alors dans la mer morte dans laquelle la vie flotte, mais la mort règne.... Non, en fait, dans les deux, sans doute  ce serait le mieux, car un peu à la terre et un peu à la mer, un peu à Uranus et un peu à Gaia, qu’elle belle distribution des rôles comme dans un casting bien réussi. 

On procédant ainsi, on aurait mieux réussi la fin, avec le corps qui  n’aurait pas été volé, car ce corps qui ne serait plus un corps. Mais l’histoire humaine ne s'écrit pas avec les si, même si messie est hypothétique, peut-on hypothéquer notre vie sur un désastre pareil. Car s’il y a une chose qui est sûre, c’est que son échec était total.  Y compris dans le fait que son message s'écoulait de ses plaies comme une consolation pour mieux vivre entre frères? Qui se souvient alors de sa verve messianique qui n’avait rien d'hypothétique?

Dieu écrit droit sur les lignes courbes de nos vies, les accompagne ainsi, mais sait-on le reconnaître dans ceci? Quand le fils de l’homme reviendra sur terre, trouvera-t-il la foi? C’est pour un autre jour, c’est une autre affaire. Pas si sûr, mais nous sommes si limités et puis là, nous sommes face à un corps que l’on met en terre. L'affaire déjà est close avec les coups de tonnerre qui du respect devant la nature de choses impose. 

Mais en fait, circulez, il n’y a rien à voir! Que tout redevienne normal, comme avant cet incident si mineur, si banal. Demain, pour ceux qui ont dû s’en occuper, on va se reposer. On va se reposer pour reprendre les forces nécessaires afin de continuer notre vie. Avec la vraie prière qui reste collée aux lèvres qui donnent des baisers sur la peau de nos vies: que ma volonté soit faite, en fin ce qui en reste. Comme tu le veux! du jardin des oliviers j’entends la voix. 

Avant que l’on  ne tombe tous en hypothermie, pour moi c’est fini! Merci pour votre patience! Ainsi s’achève le chemin de croix sur la colline de Golgotha. 

2020/04/05 - Homélie - Rameaux

Category: Homélies prononcées par le Père Rémy
Créé le vendredi 10 avril 2020 12:44

Avec le dimanche de Rameaux s’ouvre la Semaine Sainte. Les jours les plus importants de la religion chrétienne. Quelle étrange situation que celle qui actuellement nous empêche de célébrer ensemble. Nous savons que le confinement est nécessaire pour protéger nos vies et les vies des autres. D'autant plus forte est donc la communion spirituelle grâce à laquelle nous pouvons participer à ces célébrations d’une façon physiquement séparée, mais unis par la foi. Nous sommes donc sur ce chemin qui mène Jésus vers la croix. En début tout semble être pour le mieux. Il est accueilli comme roi. Mais déjà lors du repas dans la chambre haute pris avec ses disciples, se laisse percevoir la gravité de la situation. Et cela va crescendo en passant par le jardin des Olivier, le procès et la sentence. 


Qu’il me soit permit de faire le parallèle avec l’épidémie en cours. Au début, pour la plupart du temps nous ne nous sommes pas rendus compte de la gravité. On continuait notre vie comme si de rien n’était, on voyageait pour le travail, on partait en vacances, on visitait nos proches. Puis les avions ont été cloués au sol, nous nous sommes rendus compte alors  que les choses étaient plus graves. Pas forcément à cause des effets directs de cette protéine qui vit sa vie  (est-ce de la vie?) et qui se propage à sa façon. Mais à cause des effets collatéraux que cela entraîne sur la vie individuelle et sociale, perte de travail, manque de moyens de subsistances et problème de santé. 


Mais comme avec le Christ ce serviteur souffrant, nous pouvons aussi voir dans cette situation un signe de Dieu qui est capable du lieu de la mort faire surgir la vie. Serons-nous réveillés de notre sommeil dans lequel nous a mis la routine de vie ambiante à laquelle nous avons si facilement participée? Serons  nous capables de croire que la vie est plus forte que la mort et la paix plus que la peur? 


Jésus nous montre le chemin, à nous de le suivre si nous le voulons bien. Nous sommes invités à le faire ensemble, en communion pour le moment séparés les uns des autres. Mais bientôt nous serons de nouveau dans une belle convivialité spirituelle et humaine à laquelle nous aspirons tous. Mais dès  maintenant nous pouvons signifier cette convivialité humaine et spirituelle par le fait d’être attentifs à ceux qui sont isolés, seuls, ou encore fragilisés par les restrictions. La signifier en en parlant à qui de droit, un tier s'il le faut. Bon dimanche de Rameaux, palmes à la main!  Amen

2019/04/20 - Méditation personnelle - Samedi Saint

Category: Partages spirituels livrés par le Père Rémy
Créé le jeudi 12 septembre 2019 09:21

Tout est calme, se sont tus les vacarmes de la veille, ne sont pas encore nés les chants des oiseaux de bonne augure pour la suite.

Tout est calme et je  savoure cet état atypique, déposé pas les vents de hier et pas encore déplacé par ceux de demain.

Tout est calme au milieu de nulle part de ma vie, sur l'océan de trafic en tout genre, ou comme dans un arrêt sur image, tout trafic est suspendu

Tout est calme est calme est mon âme qui se repose dans un corps au repos et les deux se posent dans les profondeurs sans fond de leur mystère, sans crainte non plus

Tout est calme et à force d'entendre l'accalmie, comme des bourgeons de promesses,  sourdent les bruissements d'une nouvelle symphonie, celle de la Vie.

Tout est calme, il est temps d'agir sans faire de bruit. Levons-nous, il est temps de partir pour ne plus jamais revenir. Le passage s'ouvre grand devant nous regards, il est étroit pour nos pieds, il se dit la pâque.

2018/03/29 - Homélie - Vendredi Saint

Category: Homélies prononcées par le Père Rémy
Créé le mercredi 4 avril 2018 07:56

1° Le Christ meurt. Le Christ est mort en sacrifice. Ce sacrifice n’est pas accompli dans le Temple. Il est accompli à l’extérieur, en dehors même de la ville. Il l’est dans le monde. Il l’est dans le corps, dans la chair toute humaine de ce Jésus qui se donne en nourriture. Il y est mort pour la vie de toute l’humanité. 


Le sacrifice d’animaux dans le Temple était une substitution, une figuration, une préparation. Le sacrifice dans la chair du Christ accompli en dehors du Temple est un accomplissement de l’œuvre divin  de salut du monde. 


Jésus meurt dans la dignité divine d’offrande parfaite, alors qu’il est dépouillé de sa dignité divine et de sa majesté. Jésus meurt dans la dignité divine d’offrande parfaite, alors qu’il est bafoué dans sa dignité humaine la plus fondamentale. C’est donc dans ce double dépouillement que s’accomplit le sacrifice du Christ sur la Croix. C’est ce que nous célébrons à chaque messe en souvenir de cela. Mais ce soir c’est le souvenir qui prend le pas sur la messe comme conséquence. Aujourd’hui il n’y a donc pas de messe. Mais nous restons concentrés sur ce qui fait sa raison première, l’accomplissement de l’œuvre de salut du monde. 


2° Le Christ meurt à grand pas. Quand la vie des uns s’en va à grand pas, la vie des autres s’en vient à petit pas. Le Christ meurt vite. Tout y est mort, et tout y est mort vite. Rien ne traine. Ni accusation, ni procès,  ni exécution, ni elle-même la mort. La preuve, ils n’ont pas brisé les jambes de Jésus en voyant qu’il était déjà mort.  


Tout cela défile devant nos yeux. A grande vitesse. Trop vite pour nous en imprégner, pour en profiter à fond, pour en recueillir les fruits. Et le fait de revenir l’an prochain le même jour, à la même heure (pas forcement au même endroit) pour continuer à approfondir tout cela  ne nous console guère. 


Nous avons soif de suivre le rythme de la vie de Jésus jusque  dans sa mort. Mais cela va trop vite. Trop d’informations à retraiter, trop d’émotions à recueillir pour accueillir ce Jésus qui s’en va et qui vient. Ou plutôt qui passe avec des images chargées de sens et d’émotions qui, elles, défilent devant nos yeux. 


Durant l’année, nous approchons à notre rythme, tant soit peu, de ce que fut la vie de Jésus. Maintenant, durant la Semaine Sainte, et aujourd’hui, en ce moment-même, nous nous  approchons de sa mort comme nous le pouvons. En pensant à nos proches qui sont morts et en pensant  aussi à la nôtre. Nous nous en approchons pour y voir l’offrande de Jésus qui porte aussi notre offrande.  


3° Nous mourrons avec lui. Nous le faisons sûrement maladroitement. Trop vite, presque à notre insu.  Mais nous le faisons puisque nous sommes là. Là au milieu de cette chapelle, au centre de notre vie. En lien avec la vie de Jésus. Nous le faisons en lien avec sa vie et sa mort. Sa mort qui préfigure et annonce la nôtre. La mort à petit feu au péché et la mort physique à grand éclat.  Et chaque fois, c’est la décision qui est à prendre. Je veux, oui ou non, appliquer à ma vie les paroles de la prière de Jésus qui s’adresse à son Père : « Que ta volonté soit faite ». Chaque fois c’est une mise sur la Croix. Quitter le péché pour hâter le pas vers le ciel.  Quitter cette terre, pour aller au ciel. Chaque fois c’est crucifiant mais salutaire. AMEN

2018/03/30 - Homélie - Rameaux

Category: Homélies prononcées par le Père Rémy
Créé le mercredi 4 avril 2018 07:44

Joie, foule, solitude et silence

 

INTRODUCTIONS


Avant la procession

Nous nous trouvons dans un endroit inhabituel pour commencer la messe d’aujourd’hui. Nous nous retrouvons ici à l’extérieur pour ensuite faire la procession à l’intérieur jusqu’à la chapelle. 

Procession veut dire marcher  ensemble en silence et ou en chantant. Par cette procession nous adoptons la même attitude et nous imitons les mêmes gestes qu’à l’époque de Jésus, lorsque les habitants de Jérusalem ont accueilli Jésus avec acclamations de joie. Ils étaient et nous sommes, les palmes, ou plutôt les rameaux d’oliviers en souvenir de Noé (que l’on trouvait facilement à cause de la  proximité avec le mont des oliviers), ou d‘autre branches vertes à la main. 

Eux jadis et nous ce soir, nous reconnaissons que ce Jésus qui entre dans la ville de la Paix est un roi.  Mais, il est un roi, pas comme les autres. Le fait qu’il soit sur un âne l’illustre suffisamment bien pour  le comprendre ? 

Jésus est un roi qui veut régner par le service, service de la paix à cause de l’amour infini de Dieu. Par cette procession nous figurons que nous l’accueillons comme roi-serviteur de la paix dans notre cœur. Monter sur un âne, ce n’est  donc pas une farce, c’est une manifestation de Dieu.  

Toutes les célébrations durant la Semaine Sainte qui vont suivre ont pour but de nous aider à reconnaitre différentes facette de cette manifestation de Dieu. 

Pour le moment marchons dans la joie. 


Avant la première lecture

Isaïe 50- serviteur souffrant. C’est un message du prophète à ses contemporains. Le peuple d’Israël est en exil en Babylone. Malgré une si grande épreuve, ce peuple demeure fidèle à Dieu, il reste son fidèle serviteur. 

Dieu compte sur son peuple pour faire aboutir son projet de salut de l’humanité. Le peuple d’Israël reste le fidèle serviteur parce qu’il se laisse nourrir par la Parole de Dieu. Et il le fait, tout en étant persécuté  en raison de sa foi. Ou peut-être à plus forte raison. 

Au cœur même d’une telle persécution ce serviteur souffrant constate que « Le Seigneur m’a ouvert l’oreille ». Ce qui veut dire que, malgré la souffrance qui siphonne toutes les énergies et les déverse sur elle-même, ce serviteur (nom collectif d’Israël) a encore  la force de maintenir en lui l’oreille ouverte : Pour écouter la Parole d’encouragement, de consolation, d’espérance et donc se laisser instruire par une telle Parole. 

Ce texte exprime une très forte intimité entre Dieu et son serviteur. Intimité possible car vécue dans la confiance.  Cette confiance absolue  « le visage dur comme pierre »  permet d’avoir l’oreille toujours ouverte. 


Avant le psaume 21

Prière de mourant : « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? »

 Ce qui veut dire je m’en vais d’ici, de cette vie, je m’en vais tout seul, vraiment seul, moi-même. Pourquoi maintenant ? Parce que l’heure est venue. Mais je m’en vais vers Toi. Israël, toujours le peuple dans son ensemble,  est comparé à  un  condamné à mourir sur la croix. 

Mais le condamné n’est pas mort. Ce qui, dans ce psaume, veut dire que l’Israël est rentré de l’exil. Israël rend grâce pour cela. 

Ce psaume est une sorte d’Ex-Voto composé de trois parties : danger, prière, sauvetage. Au milieu du danger on a prié, fait un vœu, on a été délivré et on tient la promesse. 


Avant la seconde lecture, Ph2 :

Jésus est ce serviteur de Dieu  par excellence.  Il résume en lui-même toutes les souffrances endurées par son peuple et tous les hommes de la Terre, ceux du  passé, du  présent et de l’ venir. Les premiers chrétiens (en se sentant concernés) ont médité sur mystère de la Croix, sur mystère du destin de Jésus. 

Jésus n’a pas cherché  les honneurs qui reviennent à Dieu. Parce qu’il est Dieu, Jésus veut sauver les hommes. Pour le faire il agit en homme et seulement en homme, pour montrer aux hommes le chemin. Chemin de fidélité pour accueillir le cadeau de Dieu qu’est la Vie, vie éternelle. Pour leur montrer que cela est possible. Il montre le chemin qu’en même temps il ouvre devant nos yeux.

 

HOMÉLIE


Passion de Jésus : ce qui frappe c’est sa solitude et son silence. Quand il n’y a plus rien d’autre à faire, quand tous les autres moyens pour révéler l’amour de Dieu dans le pardon et la conversion  en vue de la réconciliation sont épuisés, il ne reste que cela. 

Il ne reste que solitude et silence. Car la fidélité à l’amour est plus forte que l’obstination de son rejet. Jésus est passé par là, pourquoi cela  serait-t- différent pour nous ? 

Il suffit d’entrer dans les hôpitaux et les prisons, ou encore des camps de réfugiés ou des bidonvillles où habite la pauvreté extrême pour le constater. Solitude et silence. Elles peuvent être individuelles et collectives. 

Plongeons dans cette solitude personnellement et en tant que communauté chrétienne et par elle, plongeons dans la solitude de la communauté humaine. Et faisons silence pour entendre le silence des autres, afin de pouvoir un jour leur donner de la voix. La voix qui non seulement crie sa souffrance, mais qui est entendue. AMEN

2017/04/14 - Homélie - Vendredi Saint

Category: Homélies prononcées par le Père Rémy
Créé le mercredi 30 août 2017 12:36

« La coupe que m’a donné le Père, vais-je refuser de la boire ? «  Ce n’est pas une question que Jésus pose. C’est une ouverture à la volonté de son Père qu’il exprime. C’est pour cela qu’il était venu dans ce monde. Réaliser la volonté du Père ! 


Ce soir laissons-nous imprégner de sa volonté, à lui, Jésus, homme de douleurs qui ne se dérobe pas devant son destin. Lui, broyé par la souffrance. 


Laissons-nous imprégner de sa volonté d’être fidèle à la vérité divine qui est amour parfait. 


Laissons-nous imprégner de cette volonté qui nous fait découvrir notre propre existence, existence, telle qu’elle est désirée par Dieu. 


Laissons-nous imbiber et abreuver de cet amour qui se répandait dans la vie de Jésus. Avant la passion,  son amour se propageait par  les paroles de vérité qui libèrent et par les gestes de guérison qui restituent la dignité perdue. Amour qui, maintenant, se répand avec le sang versé pour nous et pour la multitude.


 AMEN

2017/04 - Méditation personnelle - Jeudi Saint

Category: Partages spirituels livrés par le Père Rémy
Créé le jeudi 24 août 2017 16:58

Au Jardin des Oliviers.

Jésus, nous essayons de t’accompagner dans ta solitude. Nous essayons d’être présents, au moins de corps. Nous essayons de te soutenir dans ton combat. Juste un peu, ces quelques instants.

Tu sais, que le combat ne peut être que victorieux. Tu sais, que la lumière est au bout. Mais, tu sais aussi le prix pour y parvenir. Tu sais tout ce qu’il va falloir que tu déposes encore et encore aux pieds de ton Père.  Jusqu’à ce que tout soit consommé. Tu sais que ce calice qui se présente à Toi,  il n’est pas facile à boire. Tu sais que, faire la volonté du Père vaut plus que tout le reste. Tu sais, que tu ne seras pas confondu. Mais il a fallu passer par là.
Et nous savons  ce que cela a donné. Dans ta descente dans le Jardin, tu restaures la beauté originelle du premier jardin, ce paradis perdu qui retrouve son éclat et brille d’une beauté encore plus belle.

Tu le restaures au prix de l’acceptation de tout ce qui n’est pas beau et qui se colle sur ton visage et tout ton corps. Visage et Corps, pour le moment, ils sont défigurés par l’angoisse de la mort. Et bientôt, ils le seront par les coups physiques. Mais, tu vas porter tout cela comme un agneau qui ne dit mot.
Il y a un temps pour tout, il y a un temps pour dire et il y a un temps pour se taire. Maintenant juste cette prière qui te vient sur les lèvres : Père si possible que cette coupe s’éloigne de moi, sinon que ta volonté se fasse. Et toi, tu t’y effaces, muet. Les gouttelettes de sang perlent sur ta peau. Elles  en parlent avec leur langage, celui de l’amour qui ne peut pas mourir.

Nous sommes là muets, interdits de stupéfaction devant l’immensité de la tâche qui t’attends.

Nous sommes là et bien là dans ce lieu insolite. Nous sommes là, où nous rejoignons notre propre vie et ses aspirations. Nous sommes là un peu maladroits, comme gênés de ne pas savoir quelle attitude prendre. Rester ou partir. Et si partir, ce n’est pas pour fuir. Car, en partant, nous  emportons avec nous  tout ce que nous n’arrivons pas à porter ici dans ce lieu insolite. Dans ce lieu, où il fait froid dans le cœur et la nuit n’est pas des plus paisibles.
Et pourtant, dans le silence de mon cœur je tente de faire de moi pour toi Jésus une  vraie demeure. Je le fais comme je le peux. Je le fais comme un oiseau qui cherche quelques brindilles pour en faire un nid pour  accueillir une nouvelle vie. Mais là,  je vois que c’est  une couronne d’épine qui se profile déjà au-dessus de ta tête. Là, je vois qu’il y a des clous qui sont déjà là pour t’attacher au bois.

Comme j’aurais aimé chanter : Oh ! Jésus, ne descends pas dans le jardin…, car je sais que tu y perdras ta vie. Mais, je sais aussi que celui qui la perd, la retrouvera. Donc vas où tu dois aller. Et moi, permets-moi de te suivre. Permets-moi de te suivre, pas seulement dans ta passion et par toi dans toutes les passions du monde,  celles de l’humanité souffrante sous le joug de la violence et du péché.  Permets moi de te suivre jusqu’à la Gloire de ta Croix, qui est un passage.    Amen

2017/04/11 - Méditation personnelle - Mardi Saint

Category: Partages spirituels livrés par le Père Rémy
Créé le jeudi 24 août 2017 15:29

Mais les pierres se sont tues
La colère a sombré dans l'oubli.


Comme de l'eau répandue dans le sable du désert
La révolte du juste s'est anéantie en la rendant muette.


Les pierres, mais aussi le sable et l'eau pris par le maçon pour une construction nouvelle
Inertes, demeurent muets.


Puis


Les pierres crieront la justice de Dieu
Les grains de sable fleuriront de promesse et l'eau lavera tout regard


Le corps du ressuscité se dressera comme un temple divinement rebâti,
Abraham se dressera sur le trône de la promesse
Et l'eau étanchera toute soif de Dieu.


Mais l'autre jour sur le Calvaire
Les pierres et le sable furent muettes et stériles
Et avant que l'eau ne coule de nouveau
Le sang se vida du corps outragé.


Mais désormais l'eau et le sang couleront à  flot,
Mis désormais la colère sourde
Au rythme de la croissance du royaume bâti sur des pierres vivantes, sur le sable de la promesse, cimentés, irrigués par l'eau et le sang qui lui donne forme tangible de promesse de vie dès notre existence sur terre.

2017/04/13 - Homélie - Jeudi Saint

Category: Homélies prononcées par le Père Rémy
Créé le jeudi 24 août 2017 14:14

Le dialogue entre Jésus et Pierre est plein de renseignements pour nous. Dans cet échange, Jésus réajuste Pierre. Pierre est trop ou pas assez. Pierre ne veux pas que Jésus lui lave les pieds. « C’est toi Seigneur, qui me lave les pieds ??? »  Pierre estime que cela n'est pas digne de son maître.  Après avoir compris, un peu, mais toujours de travers, Pierre demande à Jésus de le baigner tout entier. Cette fois, c'est Jésus qui refuse. Car, il sait que Pierre n'en a pas besoin. « Quand on vient de prendre le bain, on n’a pas besoin de se laver, sinon les pieds, on est pur tout entier. » Fréquenter Jésus c’est déjà être baigné de sa présence.

Nous avons besoin de nous laisser réajuster par Jésus. Nous les croyants, nous avons besoin de nous laisser réajuster sur la vérité de nos vies de foi. Nous avons déjà reçu le bain de la régénérescence. Mais, le péché est toujours là. C’est par contact avec la terre, contact  symbolisé par les pieds,  que nous restons attachés aux choses purement terrestres. En tout cas, nous sommes trop souvent attachés, et surtout au point que cela nous éloigne de Dieu. Nous avons besoin de faire laver les pieds de nos vies. Le service de l’autre vise ce sens-là. Permettre aux autres d’exister dignement  et donc dans la présence de Dieu.

Plus loin, après la trahison de Judas,  Pierre se déclare prêt à aller mourir pour Jésus. « Je me dessaisirai de ma vie pour toi ». Jésus  rappelle à Pierre qu'il y a un grand abîme  entre ce que Pierre déclare et ce qui va arriver. Pierre s’en souviendra après avoir renié Jésus par trois fois.  Les larmes vont remettre à niveau le regard de Pierre sur lui-même. Jésus permettra à Pierre de se reconnaître en vérité, tel que Pierre est, un faible, un minable.  Et Pierre se laissera réajuster par Jésus. Pierre y gagnera doublement. Il gagnera dans son regard sur lui-même et dans son regard sur Jésus. Ce qu'il aura compris sur lui-même,  sera obtenu grâce à ce que Jésus lui aura permis de comprendre de ce qu’il est. Lui,  Maître et Seigneur, qui n'écrase pas, mais qui relève patiemment,  en vérité et dans l'amour.

Ce soir, nous sommes tous des Pierre. Nous sommes, à la fois désireux de croire vraiment et  en même temps si maladroits dans les paroles comme dans les attitudes. Nous sommes maladroits à l’égard de Dieu et à l’égard de notre prochain.  Si souvent, nous désirons des choses que Dieu ne désire pas pour nous. Si souvent nous nous imposons des poids que Dieu ne nous demande même pas. Alors qu’il nous demande de nous alléger à son contact. Car en sa présence tout devient simple. Même si parfois ce n’est pas facile, la communion eucharistique  nous est d’un grand secours. Elle permet  à Jésus de nous laisser nous réajuster pour avoir le regard juste sur Dieu et sur nous-même.  Elle permet à ce Jésus, maitre et Seigneur, de s’enraciner dans nos vies. Ainsi nos vies, peu à peu, deviennent le lieu de sa vie et de tout amour d’un Dieu trinitaire.

Et le reste, en termes de conséquences d'une  rencontre  ainsi ajustée, suivra. Suivra le réglage de la montre pour ne pas oublier la prière. Suivra aussi le réglage de la pensée pour ne pas oublier Dieu. Et restera alors le réglage de l’action pour ne pas oublier notre prochain. Car le repas eucharistique ne nous isole pas des autres. Bien au contraire, nous en rapproche. Par la communion, tout être rencontré devient un véritable frère et sœur. Celui, dont on partage, un peu ou totalement, la vie et qui est le chemin de vie de Dieu en nous.  AMEN

2017/04/09 - Homélie - Rameaux

Category: Homélies prononcées par le Père Rémy
Créé le jeudi 24 août 2017 14:06

Quel contraste entre les deux situations. D’un côté la foule en liesse qui accompagnait Jésus dans son entrée à Jérusalem. De l’autre, la foule qui crie : à mort ! C'est la même foule qui est capable de l'un et de l'autre. Si souvent nous faisons partie de ces deux types de situations.

Méfions-nous des foules, imprévisibles et versatiles. Méfions-nous des foules qui expriment les opinions des majorités silencieuses qui sommeillent dans les attitudes opportunistes. Méfions-nous des foules qui se laissent porter par les vents de l'histoire qui soufflent, on ne sait  d'où, mais on sait vers où. Méfions-nous de nos propres sensibilités forgées à la sueur de notre front. Notre expérience et notre intelligence sont le lit de nos opinions sur la vie.

Mais sont-elles amarrées sur l’Évangile ? Qu’est-ce que tout cela vaut  face à l’Évangile ? Quel est le référentiel de notre vie et de nos convictions. Quelle est la place de l’Évangile dans nos vies ? Est-ce que nous laissons coloniser nos convictions profondes par les opinions du moment, fussent-elles  forgées dans la loi régissant la vie de ‘une société ?

Avec la messe des rameaux de ce soir et ou demain, nous entrons dans la Semaine Sainte. Les célébrations de la semaine sainte sont là pour nous aider à nous réajuster sur l'axe du message de l'Évangile. Elles nous aident à marcher droit en suivant ce Jésus, Roi  des serviteurs et Ami des pauvres.

Si nous voulons vivre libres et dans l’amour véritable, reconnaissons-nous comme étant de ses serveurs ! Reconnaissons-nous d'être de ses pauvres. Nous sommes pauvres de sa vie. Nous sommes pauvres  de son amour. Nous en sommes pauvres et donc avides. Ne nous en privons pas.

Aujourd'hui, ce Jésus, roi serviteur, passe juste devant nos yeux. Aujourd'hui, il passe juste devant nos cœurs. Accueillons-le en fidèle disciple. Pas en foule avide de nouvelles sensations ou  nostalgique des sensations à renouveler.

Mais en disciple heureux d'avoir, non pas un maître à penser, mais un maître à vivre et à agir. Et si on a un maître à vivre et à  agir, on saura comment penser par nous-même. Dieu n'attend que cela,  il attend  notre autonomie, autonomie  de gens responsables.

Et tous, ensemble, laissons-nous donc transformer par Dieu lui-même en communauté de disciples. Disciples qui viennent ici, pauvres et serviteurs, qui viennent chercher des raisons d'espérer. Amen !

2015/04/02 - Homélie - Jeudi Saint

Category: Homélies prononcées par le Père Rémy
Créé le lundi 1 juin 2015 15:01

Le lavement des pieds occupe une place centrale dans la mise en scène de la dernière Cène que nous célébrons aujourd’hui.

Bien sûr, c’est l’eucharistie,  en tant que l’action de grâce, que nous y célébrons.

Un mémorial comme lors de toutes les messes.

Mémorial qui aujourd’hui met l’accent sur l’origine.

Pour cela que le lavement des pieds y est mis en place.

Ce qui fait le cœur de l’action de Jésus et pourquoi nous rendons grâce à Dieu,

C’est son attitude de service.


C’est sa capacité à nous aimer jusqu’au bout.     


Sans rien attendre au préalable ni au retour.

La gratuité de Dieu est à ce prix-là et elle est totale.

Elle est aussi sans appel.


Qu’est-ce qui nous reste  donc à faire ?


D’abord de l’accueillir comme une bonne nouvelle.

Puis, essayer d’en vivre.

« Ce que je fais aujourd’hui tu ne le comprends pas,

Tu le comprendras plus tard » dit Jésus à Pierre !

Et par lui, à chacun d’entre nous.

Pour comprendre il faut renaître,

Renaître de l’eau et de l’esprit.

L’eau du baptême, pour la plupart d’entre nous, nous l’avons  déjà reçue.

Et par cette eau nous avons reçu la vie de Dieu.

Pour avoir la vie avec Dieu, nous avons aussi reçu l’Esprit.

Dans le baptême et dans la confirmation,

Mais l’Esprit, nous le recevons tout le temps, si nous le voulons bien.

Nous le recevons chaque fois que nous accueillons la bonne nouvelle,

La vie de Dieu dans nos vies.

La vie de Dieu et la vie avec Dieu, voilà à quoi nous sommes appelés.

Et cela suppose passer par la mort,

Par bien de petites ou grandes morts jusqu’à cette dernière, ultime.


Voilà des conditions très simples pour comprendre ce que veut dire être serviteur.

Passer par des morts à soi, à ce qui nous détourne de l’autre et qui nous en éloigne.

Alors que nous rapprocher de l’autre  en vue de service,

Cela nous rapproche de nous-mêmes.

Cela nous rend humbles !

Et dans l’humilité bien placée, car au service de la vie nous découvrons la vérité.

Nous savons alors qui nous sommes,

Nous savons que nous sommes pour les autres et à cause de cela nous sommes nous-mêmes.

C’est ce que vise cette mise en scène que nous faisons chaque année  le Jeudi-Saint.


Mais non seulement dans les églises.


Quelle n’était pas ma surprise lorsque j’ai vu dans le journal de Korea Times de ce premier avril la photo du lavement de pieds.

Avec l’explication suivante, intitulée “Respect for each other” puis “Myongi University President Yoo Byung-jin washes a

student feet during a ceremony at its campus in Seodaeum-gu Seoul, Tuesday. The university has held the foot-washing

ceremony for 15 years to encourage honor and respect among students and professors”


On ne va pas s’en plaindre, il nous faut seulement veiller à ne pas oublier la source, la raison pour laquelle nous le faisons.

La raison pour laquelle nous mettons en scène ce geste et comment nous essayons d’être au service.

Et c’est la même raison.

Cette mise en scène nous invite à être de la sorte pour nous trouver toujours davantage dans la vérité.

Pour nous retrouver dans la vérité.

Celle de l’amour, le plus près  de la source, le plus près du cœur, le plus près de la vie.

De toute vie.


Pour réinitialiser des liens de vie,


tels qu’ils sont désirés par Dieu

- par le service simple du frère,

- par l’attention à ce qui pourrait faire grandir l’autre,

- par une parole qui console,

- par un pardon qui ne connaît ni honte ni fierté mal placée, mais seulement le désir d’être encore dans la vie, la vraie vie.


Jésus l’a fait pour nous,

Ce soir nous en réactivons la mémoire.

Malgré la gravité du moment, comment en même temps ne pas être dans la joie !


Tout en oubliant

- tous ces services attendus et pas reçus

- tous ces pardons  donnés et pas accueillis

- toutes ces disponibilités affichées et pas prises en compte

- tout ce en quoi nous pensions être serviteur prêt à agir, mais comme l’ouvrier de la dernière heure, presque sans espoir d’être embauché.


Offrons à Dieu le père toute cette mémoire, la nôtre, à cause  de celle de Jésus, la sienne faisant son œuvre dans la nôtre. AMEN

2014/04/18 - Homélie - Vendredi Saint

Category: Homélies prononcées par le Père Rémy
Créé le mercredi 4 juin 2014 15:22

Tout est accompli !


Jésus rend le dernier souffle. Sa vie sur terre n’est plus. Il reste  le souvenir de sa vie bien visible dans ce corps outragé, défiguré, battu, cloué au bois de la croix.   Il reste quelques gestes à faire pour déposer le corps dans une tombe. Tout est fini. Puis rentrer chez soi et continuer tant bien que mal à vivre. Mais le souvenir revient.  Tout n’est  pas fini. 


‘Tout est accompli’, n’est pas synonyme de tout est fini. Dans les paroles de Jésus, sa mission se termine,  mais pas sa vie. L’évangéliste Jean note que Jésus, inclinant la tête,  remit l’esprit. Cette expression ‘remettre l’esprit’ est à comprendre un peu comme on dit ‘il a rendu l’âme’.  Il y a une transmission. Sa vie sur terre n’est plus, mais cette autre vie, celle qui l’anima pour être constamment en lien d’amour avec son Père, elle se poursuit. Elle reviendra rejoindre Jésus  dans un corps transfiguré. Mais ce soir nous n’y sommes pas.


Ce soir nous méditons sur la mort du Christ sauveur.


Les quatre évangélistes ont ensemble noté sept paroles, sept phrases, sept expressions  du Christ en Croix. ‘Tout est accompli’ est la dernière. Celle-ci résume toutes les autres :
-Celle sur la promesse donnée au bon larron d’être au paradis,
-sur le pardon à ses bourreaux,
-celles où il confie son disciple à sa Mère et
-sa mère à son disciple,
-celle ou il crit ‘Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné !?’ (en citant le psaume 21 que récitait les mourants).
-Puis celle de  ‘j’ai soif’ que nous avons aussi  entendu juste avant


-‘Tout est accompli’


‘Tout est accompli’ résume toutes les précédentes, résume toute sa vie.  


Ses paroles sont si immensément grandes qu’elles sont capables d’accueillir tous nos accomplissements à notre tour.


Bien évidemment avant l’accomplissement final, il s’agit de considérer tous nos accomplissements durant notre vie. Bien plus petits, imparfaits, pour chacun différemment, nos accomplissements  pleins de projets à réaliser parfois au prix de luttes insoupçonnables. Nos accomplissements du désir d’aimer comme Dieu nous aime, souvent, sans savoir réellement le lien entre un tel amour et la souffrance. Tous nos accomplissements ne sont pas pour autant sans valeur pour Dieu le Père qui nous accueille dans toutes nos petites ou grandes morts. Et qui nous accueillera un jour,  comme il avait accueilli son fils lorsque celui-ci  lui a  remis son esprit.


Aujourd’hui méditons sur la mort de Jésus et l’immense cadeau qu’il nous fait pour nous entraîner  avec lui  devant Dieu le Père à qui dans son souffle il remet tous nos souffles. Dans cette célébration  retenons le nôtre pour  méditer sur le sien, qui malgré toutes les apparences est  plein de vie.  AMEN

2013/03/30 - Homélie - Vendredi-Saint

Category: Homélies prononcées par le Père Rémy
Créé le vendredi 5 avril 2013 10:56

Nous voici au milieu du Triduum pascal. Après avoir célébré la mémoire du dernier repas de Jésus avec ses disciples et refait le geste qui symbolise le service, nous voici au coeur même de ce qui fait la vérité du salut : la passion du Christ. Tous les évangélistes  notent avec détails les derniers instants de la vie de Jésus ; c'est dire l'importance qu'ils y accordent. La longue lecture de la passion   met devant nos yeux et nos coeurs la réalité de Jésus-Christ sauveur. Le Christ est mort pour nous ! Qu'est-ce à dire ? Je prends appui sur deux passages des lectures d'aujourd'hui qui précèdent la lecture de la passion.
 

Dans le livre d'Isaïe, nous trouvons plusieurs textes  sur le serviteur souffrant qui libère du péché, que les chrétiens ont appliqué au Christ. Tout d'abord 'Parce qu'il a connu la souffrance, le juste, mon serviteur,  justifiera les multitudes' (Is53,11) et le suivant à la fin du passage retenu pour la liturgie de ce Vendredi-Saint, nous trouvons une sorte de résumé de l'ensemble : 'Il a était compté avec les pécheurs, alors qu'il  portait le péché des multitudes et qu'il intercédait pour les pécheurs.'   (Is53,12)


En d'autres termes, il a pris sur lui les péchés des hommes et leurs souffrances aussi. On pourrait dire,  il les a pris pêle-mêle, tellement il a épousé la condition humaine ainsi doublement marquée. La condition humaine, il l'a épousé de façon totale et définitive.  Il y est parvenu  au moyen de l'obéissance absolu à son père. Certes, il aurait pu échapper un peu, beaucoup,  à ce destin, à une mort aussi infâme. Il ne l'a pas fait.


Prenons l'image du calquage. Pour cela nous avons besoin de deux feuilles, une feuille avec le dessein ou écriture et une autre vierge superposée. Puis, à l'aide d'un stylet en frottant la feuille vierge, le dessin de celle qui est en dessous réapparaît sur celle qui est à l'extérieur. Jésus  en adhérant totalement à la condition humaine, dans une obéissance sans faille, a ainsi pris sur lui tout ce qui était négatif dans cette condition humaine : les péchés et les souffrances qui en résultent.   Il a entièrement absorbé tout ce qui alourdissait spirituellement l'existence humaine, il a coupé la source du mal. Sans pour autant empêcher la nuisance des conséquences liées à notre condition terrestre, mais pour cela il demande notre coopération.


Notre coopération, c'est le sens de la seconde lecture, de l'épître aux Hébreux : " Avançons pour.... recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours " (He4,16). C'est notre réponse à la vie toute donnée par le Christ. Où est-ce que nous la recevons. Déjà dans le baptême, puis dans la confession, dans le pardon demandé et offert.  Nous la recevons aussi dans la communion eucharistique qui par une telle union avec le Christ est également un remède, un médicament pour donner non seulement des forces spirituelles pour  être en présence d'un tel amour, mais également avoir de quoi disposer pour lutter  contre le mal. La grâce de son secours, nous la recevons également dans toute prière juste, c'est-à-dire dans laquelle nous nous remettons à la volonté de Dieu comme Jésus-Christ l'a fait. Sans oublier le fait que parfois la grâce de son secours peut même agir à notre insu, sans que nous le sachions, c'est seulement après coup que nous nous disons, ah ! maintenant, je comprends pourquoi un tel changement dans ma vie.  Et puis la grâce de son secours peut aussi se manifester chez les autres, mais de telle sorte que nous la voyons agir, tout comme agissant en nous elle peut être immédiatement visible par d'autres.  Visible ou pas, le salut opère et c'est dans l'intimité de notre coeur que nous l'accueillons. En faisant ainsi nous adhérons toujours davantage au Christ comme il a déjà adhéré à nous, pour que nous puissions vivre de sa vie, bénéficier de sa grâce, celle de la Vie  en Dieu.

2013/03/28 - Homélie - JEUDI-SAINT

Category: Homélies prononcées par le Père Rémy
Créé le vendredi 5 avril 2013 10:50

I.
Traditionnellement, le Jeudi-Saint, nous commémorons  l'institution de l'eucharistie. C'est le dernier repas de Jésus avec ses disciples.

Mais, les derniers travaux historiques font prendre conscience du fait que probablement ce dernier repas n'a pas eu lieu le jeudi mais le mercredi. Pourquoi ?

C'est à cause de la durée légale nécessaire en droit  juif de l'époque pour condamner quelqu'un à mort. Le pape Benoît XVI a apporté la réflexion à ce sujet sur le terrain de la théologie catholique.  Mais peu important pour nous.

Ce soir, nous fêtons les adieux de Jésus avec ses disciples dont nous faisons partie.


II.
Nous avons probablement tous en mémoire l'expérience d'un dernier repas avec quelqu'un de nos proches, juste  avant  notre départ ou le leur.

Celui de Benoît XVI fut particulièrement touchant, à cause des circonstances.

Je me permets aussi d'en citer deux personnels qui me viennent à l'esprit. L'an dernier la veille de mon départ pour Hong Kong,  je me suis retrouvé entouré de ma famille polono-sino-française et quelques amis.

Il n'y avait pas de message particulier délivré, mais l'ambiance en disait long sur le caractère exceptionnel de la soirée.

Puis, le premier dimanche  à Hong Kong, j'ai participé au farewell d'une famille qui rentrait en France.

A l'espace de quelques jours, j'ai donc été dans les deux situations, en tant que celui qui part et en tant que celui qui voit d'autres partir.


III.
Jésus délivre un double message très fort.

Ses adieux se font au cours d'un repas, le repas qui sera repris en mémoire de Lui par ses disciples.

Il restera présent dans ce partage, partage de la nourriture. Partage, il n'est que cela.

Amour incarné, vie toute donnée, sans ombre de doute sur la liberté souveraine qui  accompagne ce don.

Quelle chance nous avons de pouvoir être dans une telle proximité avec Lui !

Il se rend intime à nous même, plus intime que nous même pour nous-même.

Quelle ouverture d'esprit cela peut vouloir signifier ! 

Et tout en étant aussi intime, il ne perd rien de sa souveraineté divine.

Du coup, pour nous qui l'accueillons tel, noblesse ainsi acquise oblige !

Qu'est-ce à dire, sinon que nous avons un trésor inouï  dans nos vies.


IV.
Deuxième signal fort que Jésus envoie, c'est le lavement de pieds.

L'Evangéliste Jean est le seul à en rendre compte.

Et ce signal est d'autant plus fort, que l'évangéliste Jean est aussi le seul à ne pas mentionner l'institution de l'Eucharistie.

C'est dire la valeur que le lavement de pieds revêt dans la vie chrétienne.

Là, encore un souvenir personnel : la première fois qu'il m'a été donné d'accomplir ce geste en tant que prêtre, ce fut dans une église où l'autel amovible fut déplacé et le lavement de pieds a eu lieu à l'endroit même de l'autel, dans le creux ou habituellement reposait l'autel.

Cette image ne me quitte plus.  


V.
Conclusion de la superposition de ces deux gestes.
 
L'eucharistie ne nous enferme pas sur notre vie de foi.

Certes, elle la nourrit, mais  pour la faire partager.

Le nouveau pape, François, à sa manière, nous rappelle  le chemin par où doit passer la vie chrétienne.

Si nous voulons être fidèles à ce que Jésus nous apprend voici le chemin.

Tôt ou tard, d'une manière ou d'une autre, les uns plus visiblement que d'autres, les uns sur un terrain plutôt que sur d'autres, mais chacun, nous accomplirons, comme nous le faisons déjà,  au nom de la foi, ce geste de service.

Et le degré de conscience qui l'accompagne est presque peu important.

Presque, car c'est toujours mieux de savoir pourquoi et surtout à cause de qui et pour qui, l'on fait des gestes aussi engageant pour la vie tout entière, en commençant par le coeur et l'âme.

Et la bonne conscience c'est surtout celle-là, celle qui dit au nom de quel amour nous sommes dans le service, et comment Dieu nous y a mis.

La belle vocation de chacun de nous que nous célébrons ce soir !

2012/04/01 - Concert-méditation autour de la PASSION DU CHRIST

Category: Partages spirituels proposés en paroisse
Créé le lundi 16 avril 2012 16:43

1.    (après no2)   

Tout va bien dans la vie,
Tout semble se dérouler,
Comme dans un rêve.

Comme dans un paradis,
Rien ne pourra troubler 
La reconnaissance de la grandeur de Dieu
Pas plus que le désir de le suivre.

Tout baigne dans la lumière,
Bien que.....ton coeur  saigne, Seigneur !

 


2. (après no4)

Eh, oui ! ce paradis ce n’est pas pour tout de suite !
La souffrance s’invite,
La mort guette  au  coin des lèvres qui respirent, encore !
La vie limitée prend du relief,
Elle qui semblait baigner dans une étendue sans fin !
Le bonheur est troublé.

Il est troublé, le bonheur, par les souffrances
Et la mort prochaine d’un ami, d’un si proche,
Tellement proche que là  en revanche, rien ne pourra 
Troubler une telle intimité ! 
Le bonheur est troublé, mais pas l’intimité.
Elle, elle est si limpide,  si cristalline.
Le bonheur est troublé, lorsque quelque chose de profondément désagréable
De franchement inquiétant pour les entrailles s’invite  
Et ne vous quitte plus.


C’est Dieu qui souffre et moi avec.
Lui pour tous, moi pour moi,
Comme l’un ou plutôt l’autre larron,
Mais  avec lui !

Ainsi soit-il !

 


3.  (après no7)

Erkenne mich, meine Hüter, Reconnais-moi mon berger ;
De toi découle beauté, douceur et joie céleste.
Quel soulagement de le savoir,
Rien qu’à y penser, de nouveau  tout baigne dans la lumière.

C’est le jour de grâce,
C’est le moment favorable,
Où rien n’est lourd,
Rien n’est compliqué,
Tout est simple,
Certes tout est grave,

Mais tout est joyeux..... 

Tout,
Puisque, dans l’offrande de la vie,
La véritable communion est là,
Là, dans l’offrande de la vie !

 


4.  (après no10)


Dépêchez-vous, les âmes tourmentées
Dépêchez-vous !
Où ?
Au Golgotha !     
Volez, les âmes, volez avec les ailes de la foi !
Où cela ? où cela ?
A la colline, colline de la foi !

Votre salut y fleurit

Un rendez-vous au  Golgotha, ce lieu de (du ?) crâne !

La mort y a déjà préparé  un tapis clouté
Pour accueillir les passants de la vie,
Eux, qui deviennent des arrivés.

Elle, elle leur a mis la table
Pour un festin bien funèbre
Sa joie est au comble  de ses ténèbres !
Attirer des naïfs dans des lieux
On ne  peut plus obscurs...

Quel bonheur, et quelle monture
Pour un pégase qui s’envole
Qui s’envole et qui  s’écrase.

 

Pause :

Annonce de la quête, musique

 


5. (après no12)

Erbame dich, Herr, erbame dich !
Aie pitié de moi Seigneur, aie pitié !

Bach, lui, inégalé dans toute sa musique et  dans tous ses cantiques, ici Bach, se dépasse lui-même, est-ce possible ? 
Lui, pauvre pécheur, lui l’humble marcheur sur les traces du Christ.  Lui, le planeur qui surfe sur les notes de musique se posant devant lui, comme le tapis d’Aladin, pour l’accueillir là  où se trouve déjà, elle, sa musique, mais pas encore lui dans sa propre vie.

Il y en a qui comme dans une communication téléphonique par satellite, sont tellement en décalage, que lorsque les anges font le récit de leur vie, il faut du temps pour que leurs oreilles terrestres  puissent capter ce qui est en train de leur être confié.

Nous voici devant le  morceau de musique, le plus prenant,  comme d’autres le sont devant un morceau de parchemin ou papyrus tout fraîchement découvert, immaculé pour les yeux et l’âme, et  qui tel le contemplent.
Rien d’étonnant à cela, c’est le morceau sur lequel s’écrit la repentance, la conversion, le point de bascule pour toute vie chrétienne, bascule arrivant quelque part sur la trajectoire d’une vie.  

Aie pitié de moi, Seigneur ; aie pitié de moi ; de moi et de mes larmes !

Aie pitié de moi, à cause de mes larmes !

Regardes vers moi, mon coeur et mes yeux pleurent  amèrement devant toi !

 


Il est temps de naître
Il est temps de disparaître

Enter les deux, le temps de pleurer
Pleurer sur le fait de naître
Et sur le fait de ne pas pouvoir disparaître
En attendant mieux paraître

Dans cet espace où les gouttelettes
De conscience perlent sur le front cadavérique,

Comme sur un front peint au couleur de la mort, d’une macabre fresque, (c’est à cause de la fresque que j’ai envie de mettre le cadavresque).

A quoi pense-t-il, un crâne portant un tel front,
peint aux couleurs de la mort, lui, le crâne,
qui n’est pas encore sur le Lieu du Crâne ? 

En attendant, à la tienne !
Buvons à la santé des morts, trinquons !

 


6.  (après no14)

Tout est engagé dans son amour
Même le vouloir de la mort
Qui pourrait le faire comme lui ?
Qui comme lui le pourrait ?
Lui seul, car c’est seulement
dans l’amour absolu que
Le vouloir et le devoir ne font qu’un !

 


7. (après no16) 

Tout est accompli !  Er ist vollbracht
la mort sautille autour, se pose sur les épaules, entre dans les oreilles,
elle devient intime, elle est toute joyeuse...

Tout l’inverse de celui qui va mourir, bientôt, très bientôt, dans quelques instants.

Mais, là, dans ce rendez-vous étrange, ils sont trois : lui, la mort, sans oublier son Père, cela va de soi !

 


8. (après no18)

Tout est accompli !
Je vais te raconter ma plainte.
C’est toi qui es maintenant cloué sur la croix !
Moi, en racontant ma plainte, je ne me plains pas !
Je voudrais juste savoir si  ce ‘tout est accompli’ est aussi pour moi ?
Crois-tu ? car moi, je ne le crois pas !

Je ne crois pas, tant que je ne suis pas sûr d’hériter de ton Royaume !
Je ne le crois pas, tant que la rédemption du monde n’est pas totalement assurée !

Tu crois ou tu ne crois pas, c’est comme ça !   

 


9. (après no19)


O Haupt voll blut und wunden
Visage couvert de sang et de blessures !
Une nouvelle identité, une nouvelle photo
Dans le passeport pour l’éternité dans le pays de morts.

D’où il n’y a même pas de revenants !
Qu’est-ce qui en reste ?
Un masque mortuaire ?
Non ! pas le masque, mais le vrai visage

Le mal  ne se cache pas dans   la peau,
Ce Jésus terrassé, le mal, il l’a maintenant  dans la peau, dans sa peau, comme dans sa poche.

Mais le malin voudrait
Que la peau soit un masque mortuaire.

Juste ça !

Non, elle n’est pas le masque, elle est le vrai visage.
Là-dedans, dans cette souffrance
Fixée pour le temps d’éternité sur terre

 


10.  (après no20)

Les deux derniers morceaux, les deux dernières partitions, les deux dernières productions,
Juste avant de reprendre la route de retour, avant  de rentrer chez soi ;
Reprendre la route  et rentrer  chez soi, est-ce la même chose ?
Pourquoi être gêné par les deux variantes d’un synonyme ?

En fait, reprendre et rentrer ne se trouvent-ils pas en bonne compagnie avec le repartir ?
Oui repartir plus vivant, plus avec nous-même. Certes, meurtris, mais plus avec nous-même !
Quelque soit la paix, elle sera le lot de tous les porteurs de rameaux

Reposez en paix, dépouilles sacrées et apportez-moi aussi la paix
Refermez l’enfer et ouvre-nous le ciel pour toujours.

 


µµµ

 


SDG***Soli Dei Gloria
Tel que signait souvent Bach

 


Collégiale Saint Martin de Montmorency : 1er avril 2012       
Choeur EAUBONCANTO, dirigé par Benoît Mariaux
Soprano : Cécile Pierrot
Alto : Florence Carpentier
Basse : Bastien Milanese
Piano : Ana Maria Gorce
Récitant : Rémy Kurowski
Orgue de choeur : Elisabeth Guy-Kummer
Grand-orgue : Bastin Milanese (entrée) et Maris Podekrat (intermède)

2012/04/07 - Méditation - Samedi saint (Os5-6)

Category: Partages spirituels proposés en paroisse
Créé le lundi 16 avril 2012 16:10

Pourquoi ce passage de l’Ecriture pour un samedi saint ?

 


Certainement à cause de cette phrase plus ou moins énigmatique :
au troisième jour, il nous aura relevé’ (Os6,1)

 

En effet les chrétiens, et Tertullien l’atteste déjà au début du III siècle, ont appliqué à cette phrase la résurrection  du Christ.

 


 Le Prophète Osée ayant vécu au VIII siècle avant Jésus-Christ fut  le chantre de l’amour de Dieu. Dans sa vie comme dans son enseignement, Osée accomplit des gestes à grande portée symbolique et use des images ‘parlant’. Il va constamment s’appuyer sur les images de l’amour du père pour son fils et d’un homme pour son épouse.  

 


Osée a  eu l’audace de dire que le Seigneur est un Dieu passionné et parle de son désir, de sa déception, de son indignation même, de sa colère, mais aussi de sa tendresse toujours plus forte, car elle est le dernier mot de Dieu.

 

En effet la somme d’infidélités, de péchés, de trahisons même ne fera jamais renoncer Dieu à  poursuivre son but. Rien ne l’arrête, comme à l’époque de Osée, époque si tourmentée dans le royaume du nord  d’Israël, tout autant aujourd’hui.

 


Même pas la mort   dans laquelle se font précipiter des êtres humains à la suite des divers actes au fort potentiel d’intrigues de tout genre, dans le plus ou moins politiquement incorrecte. 
???difficile à comprendre
Bien plus, dans l’expérience de la mort sont ensevelies toutes les attentes d’un tel Dieu, qui à l’instar de son propre Fils relèvera d’entre les morts  tous ceux qui  entendront sa voix.

 

Après les deux jours il nous rendra la vie
Le troisième il nous aura relevé.

 

Et comme poursuit le texte :

 

Et nous vivrons en sa présence.   

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