2017/04/13 - Homélie - Jeudi Saint
Le dialogue entre Jésus et Pierre est plein de renseignements pour nous. Dans cet échange, Jésus réajuste Pierre. Pierre est trop ou pas assez. Pierre ne veux pas que Jésus lui lave les pieds. « C’est toi Seigneur, qui me lave les pieds ??? » Pierre estime que cela n'est pas digne de son maître. Après avoir compris, un peu, mais toujours de travers, Pierre demande à Jésus de le baigner tout entier. Cette fois, c'est Jésus qui refuse. Car, il sait que Pierre n'en a pas besoin. « Quand on vient de prendre le bain, on n’a pas besoin de se laver, sinon les pieds, on est pur tout entier. » Fréquenter Jésus c’est déjà être baigné de sa présence.
Nous avons besoin de nous laisser réajuster par Jésus. Nous les croyants, nous avons besoin de nous laisser réajuster sur la vérité de nos vies de foi. Nous avons déjà reçu le bain de la régénérescence. Mais, le péché est toujours là. C’est par contact avec la terre, contact symbolisé par les pieds, que nous restons attachés aux choses purement terrestres. En tout cas, nous sommes trop souvent attachés, et surtout au point que cela nous éloigne de Dieu. Nous avons besoin de faire laver les pieds de nos vies. Le service de l’autre vise ce sens-là. Permettre aux autres d’exister dignement et donc dans la présence de Dieu.
Plus loin, après la trahison de Judas, Pierre se déclare prêt à aller mourir pour Jésus. « Je me dessaisirai de ma vie pour toi ». Jésus rappelle à Pierre qu'il y a un grand abîme entre ce que Pierre déclare et ce qui va arriver. Pierre s’en souviendra après avoir renié Jésus par trois fois. Les larmes vont remettre à niveau le regard de Pierre sur lui-même. Jésus permettra à Pierre de se reconnaître en vérité, tel que Pierre est, un faible, un minable. Et Pierre se laissera réajuster par Jésus. Pierre y gagnera doublement. Il gagnera dans son regard sur lui-même et dans son regard sur Jésus. Ce qu'il aura compris sur lui-même, sera obtenu grâce à ce que Jésus lui aura permis de comprendre de ce qu’il est. Lui, Maître et Seigneur, qui n'écrase pas, mais qui relève patiemment, en vérité et dans l'amour.
Ce soir, nous sommes tous des Pierre. Nous sommes, à la fois désireux de croire vraiment et en même temps si maladroits dans les paroles comme dans les attitudes. Nous sommes maladroits à l’égard de Dieu et à l’égard de notre prochain. Si souvent, nous désirons des choses que Dieu ne désire pas pour nous. Si souvent nous nous imposons des poids que Dieu ne nous demande même pas. Alors qu’il nous demande de nous alléger à son contact. Car en sa présence tout devient simple. Même si parfois ce n’est pas facile, la communion eucharistique nous est d’un grand secours. Elle permet à Jésus de nous laisser nous réajuster pour avoir le regard juste sur Dieu et sur nous-même. Elle permet à ce Jésus, maitre et Seigneur, de s’enraciner dans nos vies. Ainsi nos vies, peu à peu, deviennent le lieu de sa vie et de tout amour d’un Dieu trinitaire.
Et le reste, en termes de conséquences d'une rencontre ainsi ajustée, suivra. Suivra le réglage de la montre pour ne pas oublier la prière. Suivra aussi le réglage de la pensée pour ne pas oublier Dieu. Et restera alors le réglage de l’action pour ne pas oublier notre prochain. Car le repas eucharistique ne nous isole pas des autres. Bien au contraire, nous en rapproche. Par la communion, tout être rencontré devient un véritable frère et sœur. Celui, dont on partage, un peu ou totalement, la vie et qui est le chemin de vie de Dieu en nous. AMEN