2008/06/13 - Œcuménisme - Chronique d'un voyage à Noyon
Le 13 juin dernier toute l'équipe diocésaine de relations œcuméniques s'est rendu à Noyon ville natale de Jean Calvin un de grands réformateurs du XVI siècle (1509-64). Nous étions accompagné du Pasteur Jean-François Ragaru de l'Eglise Evangélique Libre. En voici le texte d'un membre de l'équipe.
Chronique d'un voyage dans la petite ville de Noyon
Nous voilà en route pour ce Noyon inconnu, une étonnante destination, à l'orée d'un week-end tout proche.
Oui, en route pour une autre époque, celle de Calvin, un homme chercheur de Dieu qui a influencé pour longtemps la vie spirituelle de bien des hommes.
Au musée qui porte son nom, les objets, les livres, les photos, protégés dans leur vitrine, nous parlent des êtres de ce temps, de leurs échanges, de leurs certitudes, de leurs voyages.
Ces objets, ces livres qu'ils ont touchés, pétris de leurs mains, laissent passer une touche d'eux-mêmes et les font surgir devant nous.
Quand nous nous penchons sur ces bibles, nous nous souvenons qu'elles ont nourri leur vie, fait vibrer leur âme.
Et pourtant en ce temps de l'histoire, les dissensions à propos de la bible ont conduit les hommes hors du projet de Dieu d'unir tous les hommes en son cœur.
Au lieu de confluence de l'humain et du spirituel, le projet de Dieu a dérapé.
Comment croire que Dieu a voulu la division des hommes ?
Comment croire que Dieu aurait parlé à quelques uns en oubliant les autres ?
Dieu est un créateur.
Il crée la vie avec bonheur et délicatesse.
Et, pourtant en ce temps de l'histoire, les hommes se sont laissés emportés par leur déraison.
Quand bien même, il y avait un vrai sujet de discorde, comment a-t-on pu oublier la prière ?
Comment a-t-on pu oublier la patience, celle de Dieu qui travaille le cœur des hommes ? Comment a-t-on pu oublier de se laisser guider par son Esprit ?
Ne valait-il pas mieux prendre le temps d'un espace-temps pour se comprendre et témoigner de cet évangile exigeant de fraternité, d'amour du prochain, de pardon et de réconciliation.
Le tableau du 1er étage que cache son rideau est révélateur. Il crie la profondeur de l'abîme noir qui possède les hommes.
" Toi, l'autre, qui ne suit pas mon chemin, toi le différent, je t'exclue, tu m'exclues. "
L'artiste a si bien saisi l'humain qui se défend de l'autre et le voue au pire de ce monde quand l'un et l'autre ne se reconnaissent plus.
Dans ce monde là, Dieu est exclu, quand bien même on s'y réfère. C'est un pauvre visage de lui-même que l'on nous présente.
Et de blessure en blessure, l'histoire se détourne.
D'habitude en habitude, de vie exclue en vie exclue, la différence se creuse et nous nous perdons de vue.
Souvenons-nous de la prière de Luther qui demande que tout redevienne comme avant.
Etonnant Calvin qui aujourd'hui nous réunit autour d'une table et qui noue un échange entre nous où le désir de se connaître se joue de tous les clivages.
Bien au contraire en les mettant en pleine lumière, l'occasion est donnée de les faire vivre et les faire avancer vers leur destin futur.
C'est une chance donnée à l'Esprit de Dieu de les habiter pour les conduire enfin sains et saufs (et sans sauf-conduit !) vers son projet qu'est l'unité de tous les hommes en son cœur.
De petits pas d'amour en petits pas d'amour, notre Père des cieux tisse la toile de son œuvre ;
Si l'histoire fait resurgir les maux et les mots, n'oublions pas que Dieu fait fleurir nos faiblesses, qu'il comble nos blessures pour y faire grandir notre vie intérieure.
Cette expérience amère de notre histoire est aussi une chance de quitter une rive pour une autre rive, terre promise d'un pèlerinage avec nous-mêmes, miroir du pèlerinage de tous, ces autres nous-mêmes.
La vraie question aujourd'hui n'est-elle pas ? Sommes-nous prêts à donner une chance
à Dieu d'accomplir son projet ?
Sommes-nous prêts à nous abandonner à la guidance de son Esprit pour y parvenir ?
Proposition sans cesse renouvelée à notre humanité ?
Au cœur de notre être, l'Esprit de Dieu s'incarne. Comme, autrefois, notre humanité ferme souvent les yeux sur sa proposition de nous abandonner à sa volonté, à moins que…..
Si la Parole, l'Ecriture, sont si importantes, c'est parce que nous laissant guider par l'Esprit, elles vont livrer un message à nos questionnements.
" Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je serai au milieu d'eux " et,
Lorsque viendra l'Esprit de vérité, il vous fera accéder à la vérité toute entière. Car il ne parlera pas de son propre chef, mais il dira ce qu'il entendra et il vous communiquera ce qui doit venir."
(Jean 16,13)
Et si pour tous ces clivages qui portent la clé de nos incompréhensions tout un chacun acceptait de se laisser guider par l'Esprit, le Seigneur nous ferait découvrir sûrement sa vérité pour son Eglise.
Certes, les théologiens ont beaucoup travaillé et travaillent encore. Mais nous tous, les uns et les autres n'avons-nous pas à nous laisser gagner par l'Esprit ? C'est ce passage qu'il nous invite à traverser avec notre bâton de pèlerin en y invitant tous ceux qui sont prêts à entendre la voix de Jésus-Christ.
Charline