2004/11/16 - Article - Catéchisme aujourd'hui
Catéchisme et catéchèse.
Les évêques à Lourdes n’ont pas pu dégager le consensus suffisant à la prise de décision pour réformer la catéchèse. La tendance actuelle au plan du magistère est de chercher à uniformiser les parcours catéchétiques. Cela concerne la France en particulier. Compte tenu du grand nombre de parcours, les propositions sur le plan de contenu et de la pédagogie y sont nombreuses. Rien de rassurant aux yeux de ceux qui veillent sur le dépôt de la foi. Dans le passé, même si le problème n’était pas résolu par la création du Catéchisme de Trente, ce catéchisme a répondu à la question que l’Eglise se posait à l’époque : comment assurer le minimum de culture chrétienne ? Cette question fut posée dans un cadre bien précis, celui de la transmission de la foi. Pour la garantir, il suffisait d’apprendre un certain nombre de fondamentaux, comme nous le disons volontiers aujourd’hui. Alors que l’accès à la compréhension était limité à quelques uns, tous devaient avoir la connaissance minimale de ce qu’est la religion chrétienne.
Aujourd’hui la question existe, mais elle se pose dans un autre cadre. Ceux qui questionnent, ce sont ceux qui approchent de la religion et d’essaient de pénétrer dans la dimension croyante. Les enfants au catéchisme et les adultes dans divers groupes de catéchuménat et d’autres dans des circonstances similaires viennent et posent des questions. Ils les posent sans pour autant que les réponses soient faciles à donner, voir simplement satisfaisantes. Ce qui laisse un champ relativement ouvert à l’incertitude. Sous pression d’une telle situation, l’envie de trouver cède de la place au doute qui s’installe. Nous ne sommes plus dans le paradigme de la maîtrise affichée. Mais plutôt dans une situation bien inconfortable tout aussi bien à l’égard de ceux qui posent des questions, sans que nous ayons des réponses éclairantes à donner, qu’à l‘égard de ceux qui veillent sur le dépôt de la foi dont tout catéchète fait partie.
Comment ne pas prendre au sérieux le souci de la transmission de la foi dans sa totalité. Celui-ci est honoré par l’ensemble des documents depuis le Credo dans une formule ou l’autre, jusqu’au Catéchisme de l’Eglise catholique de 1994 ? La question ne porte donc pas sur le dépôt de la foi en soi. Pour cela, il y a donc de bons recueils et le Magistère universel y veille. La question porte sur le comment de l’accueil de ces données de la foi qui sont à prendre dans la totalité de la situation de ceux qui y sont à l’écoute. La totalité de la foi chrétienne est une abstraction et n’a de la valeur que comme une pièce d’archive dans une bibliothèque plus ou moins vaticane. La globalité renvoie à la vie de la personne qui la porte et en vit, dans la perspective de ce que Jésus de Nazareth a su faire. Et non pas à celle qui prétend vouloir la présenter par écrit au risque de verser dans une sorte de formalisme à travers la publication de toutes les situations possibles et imaginable –une sorte d’inventaire historique de ce qui a existé et qui fut érigé en vérité donnée à croire à tout et chacun. En ceci il est important ne pas confondre le dépôt de la foi et le catalogue de données de la foi sous forme d’un catéchisme ou autre.
Et si l’on voulait retrouver la fonction propre à chacun de ces deux lieux de productions de sens que sont le catéchisme d’une part et le parcours catéchétique, d’autre part ? Le premier serait à considérer comme l’immense compendium des données de la foi, un peu à l’instar des ‘Pierres vivantes’. Le second tenterait, tant bien que mal d’ailleurs, de traduire dans un langage et à l’aide d’une pédagogie appropriés toutes ces données. Bien entendu, aucun de ces parcours ne pourra prétendre à l’exhaustivité.
Le croyant ou celui qui cherche la foi n’a pas à vivre tout ce que les autres ont déjà vécu et dont résultent les substrats sous forme des données de la foi. Il a à vivre sa vie personnelle dans la globalité de ce qu’est sa vie et de ce qu’est la foi qui y est à l’œuvre ! De la même manière que la foi n’est pas à envisager en terme d’individuelle mais de personnelle, son enseignement ne concerne pas la vérité à prélever d’une source commune pour la partager et voir apparaître dans chaque individu.
La catéchèse est une réponse active et responsable du croyant à l’égard de son cadet. Et cela suppose de la foi dont les uns sont responsables à un moment et à un endroit de la situation qui est la leur et d’autres à un autre moment et dans une autre situation. Tous sont conviés à la table commune de la parole de Dieu qui est le passage obligé vers celle du pain rompu. Pour tous il faut veiller à ce que ce pain ne soit perdu ni cette parole évanouie. Du catéchisme à la catéchèse le même chemin que celui qui mène du garage où la voiture est déposée à la route ou celle-ci circule. La voie céleste s’ouvre à la force de l’accueil de l’Esprit qui souffle là où il veut et comme il veut. Il vaut mieux y veiller, à cela aussi.