2009/11/29 - Conférence sur la « Lettre aux artistes » de Jean Paul II

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Le Père Rémy a tenu ce dimanche une conférence sur la « Lettre aux artistes » de Jean Paul II, à la Chapelle des Pères Pallottins, 25 rue Surcouf à Paris.

I  INTRODUCTION

1°  Date et circonstances

- Document daté du 4 avril 1999 (Pâques, perspective du Jubilée de l’an 2000)
- 35 ans après le discours de Paul VI aux artistes à la chapelle Sixtine le 7 mai 1964,   où il exprime « mea culpa de l’Eglise » ;  époque du Concile Vatican II qui adresse un  message aux artistes.
- 10 ans plus tard Benoît XVI rencontre des artistes à la chapelle Sixtine le 21 novembre 2009

2° Adresse

A tous ceux qui, avec un dévouement passionné, cherchent de nouvelles « épiphanies » de la beauté pour en faire don au monde dans la création artistique.

3° Deux références principales

- « Dieu vit tout ce qu’il avait fait : cela était très bon » (Gn 1, 31) en exergue
- « La beauté est pour susciter l’enthousiasme au travail, le travail est pour renaître » piekno jest po to by zachwycalo do pracy, praca by sie zmartwychwstalo (Cyprian Norwid, poète polonais 1821-83) cité en no 3, et rappelé en  no 16 comme une sorte d’inclusion.

4° L’auteur

Il se présente au no 9 «...vous écrivant du Palais apostolique, véritable écrin de chefs-d’œuvre peut-être unique au monde, [je voudrais] me faire l’interprète des grands artistes qui ont déployé ici  les richesses de leur génie, souvent pétri d’une grande profondeur spirituelle »

5° La visée

« Par cet écrit, j’entends emprunter le chemin du dialogue fécond de l’Eglise avec les artistes qui, en deux mille ans d’histoire, ne s’est jamais interrompu et qui s’annonce encore riche d’avenir au seuil du troisième millénaire » (no 1)

II. PLAN

Chapitres

1-4 : l’artiste et sa vocation
5-6 : Evangile et art
7-9 : histoire de l’art
10-11 : crise et dialogue renoué
12-14 : Eglise et l’art
15-16 : contemplation : Esprit Saint et la beauté.

On notera l’absence de la bénédiction finale, juste « avec mes vœux les plus cordiaux » ;
(par délicatesse le pape se retient d’imposer ce qui lui revient de par son statut spirituel).

III. ORIGINALITE de la lettre

1° Fond général

- Approche résolument christologique et existentielle centrée sur le mystère du Christ en sa passion vécue chez les hommes
- Tout en exaltant la dimension spirituelle  de l’homme, il manifeste une attention particulière à la dimension charnelle,
- L’empathie particulièrement forte et amplifiée dans la réception de l’expérience personnelle de la confrontation au mal « vécue et subie, précisément dans notre siècle, dans votre patrie et dans la mienne, jusqu’aux limites les plus extrêmes » (19 novembre 1980, Rencontre avec les artistes et les journalistes à Munich)     

2° Adresse

- Pour la première fois un pape s’adresse " à tous ceux qui... cherchent de nouvelles « épiphanies » de la beauté pour en faire don.... "
Par cette adresse le pape demeure fidèle à son intuition exprimée dans sa première encyclique Redemptor Hominis  de rejoindre tout homme ;
- « Nouvelles épiphanies » : manifestation, expression, les épiphanies de la beauté ; la beauté oblige à un certain oubli de soi contradictoire avec l’authenticité subjective revendiquée à l’époque actuelle.
- « Don au monde », mondialisation d’amour.       

3° "L’Eglise a besoin de l’art, est-ce réciproque ?"

Poser la question c’est déjà induire la possibilité d’attendre une réponse négative, ce qui est par ailleurs facile à deviner, tout au moins en apparence, car si de fait beaucoup d’artistes se sont affranchi de la tutelle de l’Eglise (aussi bien dans le sens de  mécénat que dans le sens de thématique d’inspiration), le pape tout en posant la question suggère la possibilité qui est offerte à ceux qui exercent l’art de pouvoir se nourrir de ce qui fait le cœur du message chrétien  véhiculé par l’Eglise. 

IV. QUELQUES THEMES CHOISIS

1. Artistes : qui sont-ils ?

- « Généreux constructeurs de beauté » (no1)

2. Dialogue, lequel et comment ?

- « Le Concile Vatican II a jeté les bases de relations renouvelées entre l’Eglise et la culture, avec des conséquences immédiates pour le monde de l’art. Il s’agit de relations marquées par l’amitié, l’ouverture et le dialogue ». (no11)
- Dialogue entre Créateur (stworca) et artisan (tworca), le premier crée ex nihilo, où tout est à faire, le second à partir de ce qui existe, il lui donne forme et signification (no1)

3. La vocation artistique au service de la beauté. (Norwid)

- « La beauté qui sauve » (titre du no16) et -« les stigmates » (no7)

4. Grâce divine dans tout cela ?

- « Toute forme authentique d’art...constitue une approche très valable de l’horizon de la foi... l’expérience humaine trouve sa pleine interprétation » (no6)

V. CONCLUSIONS

1° Dialogue avec le monde de l’art

C'est l'objectif donné en vertu de la théologie de l’Incarnation,   Question : chez l’artisan croyant ou est la nature et ou est la grâce ?

2° l’art a-t-il besoin de l’Eglise ?

3° l’art comme lieu théologique (affectif, symbolique et ministère sacerdotal)

 

L’originalité de Jean-Paul II

- Pas seulement  l’approche morale des questions artistiques dans les relations  à soi de l’artiste : « en modelant une oeuvre l’artiste s’exprime de fait lui-même  à tel point que sa production constitue un reflet particulier de son être, de ce qu’il est et du comment il est » (Lettre aux artistes, no 2).
- Dans l’action artistique s’exprime aussi la fonction sacerdotale « Selon une pensée profonde de Beethoven, l’artiste est en quelque sorte appelé à un ministère sacerdotal » (12 septembre 1983, Allocution au monde des sciences, lettres, arts et médias, Vienne (Autriche), p. 25)
Jean-Paul II peut donc affirmer à Vienne en 1983 que l’Eglise « a besoin des arts pour mieux  savoir ce qu’il y a au plus profond de l’homme : de cet homme  à qui elle doit prêcher Evangile. »  (no p. 925)

 

Bibliographie

Pascal FAGNIEZ, Jean-Paul II et les artistes, de Pie XII à Benoit XVI, les papes esquissent une théologie de l’art. Editions de l’Emmanuel, 2007