2010/01/17 - Conférence-débat - ACCUEIL DES ANGLICANS PAR LES CATHOLIQUES, D’UNE COMMUNION A L’AUTRE

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Père Rémy : En introduction quelques rappels importants sur la Semaine de Prière pour l’Unité des Chrétiens

Le thème choisi, cette année, pour cette semaine : ‘’ De tout cela, c’est vous qui êtes les témoins’’ (Luc 24,48).
Ce choix a été fait par l’Eglise d’Ecosse, puisque le mot ‘’œcuménique’’ (en terme moderne) a débuté il y a 100 ans à Edimbourg.

Le Conseil Œcuménique des Eglises (COE) dont le siège est à Genève regroupe toutes les Eglises, sauf l’Eglise catholique ; les Chrétiens de l’hémisphère Sud y sont majoritaires.
L’Eglise catholique fait partie de la Conférence des Eglises d’Europe (CEE)
A l’intérieur de l’Eglise catholique, un organisme important : le Conseil Pontifical pour le réchauffement de l’unité des Chrétiens.
L’Arsic est une commission internationale anglicane catholique romaine et l’Iarccum, la commission internationale anglicane catholique romaine pour l’unité et la mission.

Philippe Casassus

Nous sommes dans une période « œcuménique » au sens inter- religeuse depuis les rencontres d’Assise. En témoignent les gestes du Pape vers les orthodoxes, les lefébvristes, les anglicans et sa présence récente à la Synagogue à Rome.

Quelques rappels historiques : La scission entre anglicans et catholiques est venue d’un problème politique. Au départ, Henri VIII était très proche de la papauté et hostile à Luther. Suite à son union avec Catherine d’Aragon, celle-ci ne pouvant lui donner d’héritier mâle, mais seulement une fille Marie, il est tombé amoureux d’Anne Boleyn, il demande au pape une annulation de son mariage afin de pouvoir épouser cette dernière. Devant le refus du pape, il décide alors de rompre avec lui, et de se proclamer chef de l’Eglise d’Angleterre avec l’aval de l’archevêque de Canterbury : tous trois seront bien sur excommuniés.
Thomas Cranmer mettra en place la liturgie de l’Eglise anglicane à forte coloration protestante.(rejet de la transsubstantiation)
Après Anne Boleyn, Henri VIII rencontrera Jeanne Seymour qui lui donnera un fils Edouard VI : ce dernier ne règnera que peu de temps, et c’est Marie Tudor, fille de Catherine d’Aragon, qui réintroduira le catholicisme.
A la mort de celle-ci, sous le règne d’Elisabeth 1er, on assiste à la réapparition de l’anglicanisme et des textes de Thomas Cranmer avec quelques variantes.La liturgie est assez proche du catholicisme mais l’archevêque de Canterbury n’a pas le même rôle que le Pape.

Au XVIIème siècle, après Cromwell (et son puritanisme) Charles II et Jacques II feront des tentatives de rapprochement et de retour au catholicisme. Mais leurs règnes seront de courte durée.
En 1679, un moment important avec la Loi de tolérance qui donnait à d’autres qu’aux anglicans, la possibilité de suivre leurs rites dans la mesure où cela ne provoquait pas de troubles. En 1778, ce fut la révolte contre les papistes, et des nuances apparaissent alors sur le plan doctrinal.

Fabrice Moracchini

Pour comprendre aujourd’hui le rapprochement qui est tenté avec la High Church,il faut prendre en compte les deux dimensions dans la création de l’anglicanisme :
- un aspect proprement politique : Le Roi voulait la maîtrise de l’Eglise :il est le chef temporel de l’Eglise anglicane ; il y a un fort antagonisme politique et identitaire.
Sous l’influence de Cranmer, l’Eglise anglicane s’est rapprochée du protestantisme et du calvinisme, mais sous le règne d’Elisabeth, un aspect plus religieux a structuré l’identité anglicane et la possibilité d’accompagner l’impérialisme mondial de l’Angleterre d’une réconciliation des catholiques et des protestants au travers de l’Eglise anglicane est apparue.
Dès lors, se sont mélangées une institution épiscopale ( catholicisme) et une théologie calviniste : c’était un essai de protestantisme catholique : une synthèse du calvinisme catholique.

Au XIXème siècle, l’Eglise anglicane s’est formalisée( bureaucratie épiscopale soumise à la Couronne et au Parlement, serment d’allégeance des Lords et des membres du Parlement, émigrations en Angleterre suite aux troubles politiques et religieux en Europe)
Est né alors ce que l’on a appelé le mouvement d’Oxfort en 1830, remettant en cause les principes et les fondements de l’Eglise Anglicane. Ce mouvement a été lancé par 3 théologiens : Newman, Campbell, et Pusey.
Sous prétexte que l’Eglise anglicane s’était déspiritualisée, ce mouvement a voulu réintroduire le culte des saints, le culte marial et une nouvelle conception de l’Eucharistie : c’est de ce mouvement qu’est née la High Church (anglo catholique) dont le but était  de réintroduire une partie de la liturgie et de la théologie catholique romaine tout en restant à l’intérieur de  l’Eglise anglicane,en opposition à la Low Church (de théologie calviniste)
Ce mouvement suscite beaucoup d’engouement et s’étend, non seulement en Angleterre mais également aux Etats-Unis (Philadelphie)
Cependant, suite à une contre offensive des autorités anglicanes vis-à-vis des puissances chrétiennes quant au statut de Jérusalem sous domination ottomane, et visant à accepter une tutelle de l’Eglise luthérienne sur l’Eglise anglicane, Newman, n’ayant pas été mis au courant, abandonne le mouvement, et se convertit au Catholicisme romain. Il sera nommé évêque par le Vatican. La High Church sera accusée d’être des agents du Pape…

Jusqu’environ 1918, au début de chaque cérémonie anglicane, un texte de malédiction des catholiques était lu : le Pape était l’Antéchrist… Les tensions sont restées fortes mais la High Church a survécu et s’est répandue en Afrique notamment dans les colonies britanniques (Nigeria) et aux Etats-Unis au sein de l’Eglise épiscopalienne

Avec le XIXème siècle, on est passé de débats internes aux différentes églises chrétiennes à une critique de plus en plus radicale du Christianisme lui-même et de la religion. Il a fallu redéfinir la place et le statut des différentes églises par rapport au mouvement de sécularisation des sociétés et des états, avec notamment la loi de séparation de l’Etat et de l’Eglise en 1905. En Angleterre, l’Eglise anglicane étant sous la tutelle de la Couronne, la séparation française n’était pas vue de la même façon et les anglo catholiques de la High Churh y ont plutôt vu un moyen pour gagner plus d’indépendance vis-à-vis des institutions britanniques…

En 1990, l’effondrement de l’Union soviétique et la chute du communisme entraînent une relance du mouvement œcuménique. La thématique la plus importante dans les relations entre les Eglises : quelle attitude prendre vis-à-vis de la sécularisation du monde occidental ? Comment gérer les relations avec les Eglises orthodoxes ? ( reconnaissance en Ukraine des Eglises uniates)

Inspirateur des positions de Benoit XVI, le théologien John Milbank a tenté d’expliquer les grands schismes de l’histoire du Christianisme à partir des grands débats théologiques de la fin du Moyen Age.
Remontant jusqu’avant la Réforme, il a tenté de démontrer que le principal ferment de division au sein de l’Eglise, consistait en deux types de théologies opposées.
Il a entrepris la relecture des deux grandes figures de l’Eglise Catholique : St François d’Assise et St Thomas d’Aquin, tous deux ayant essayé de proposer une vision de la Nature et de l’Histoire.  L’incarnation cherchait à justifier le rôle de la raison par la participation de la Nature et de la Grâce dans la mesure où, pour les Chrétiens, le monde et la nature ont été créés par Dieu. On ne peut pas dans une vision chrétienne séparer la part de sacralité que détient la nature en tant qu’œuvre de Dieu, et la part historique et culturelle liée à la Révélation elle-même, et la fondation  de l’Eglise apostolique par l’Eucharistie et la révélation de l’incarnation de Dieu dans la chair humaine.

Pour lui, le divorce à l’intérieur de l’Eglise est intervenu à partir du XIVème siècle, quand on a voulu séparer ce qui est de l’ordre de la nature et ce qui est de l’ordre de la grâce. Il s’appuie sur une vision plus ou moins tronquée de St Augustin, en cherchant à opposer la cité de Dieu des cités des hommes, (vision reprise par Luther dans sa théologie de la prédestination) et essaye de reprendre le ferment progressif qui a été à l’origine de la division à partir des grands enjeux de la patristique médiévale et de la redécouverte des figures de St François d’Assise et de St Thomas d’Aquin.
Il a expliqué que l’unité entre les Eglises (l’œcuménisme) devait se faire d’abord par l’œuvre de compréhension intellectuelle et d’interprétation du grand héritage des Pères de l’Eglise, (ce que la Réforme avait voulu évacuer) en revenant uniquement à l’autorité de la seule Ecriture. Il a ensuite essayer de créer des liens avec les théologiens catholiques et les théologiens orthodoxes.
Il insiste sur la centralité de l’Eucharistie comme expérience de la présence du Christ au sein de la communauté ecclésiale, ce qui déplait aux calvinistes puisque eux remettent en cause l’Eucharistie. Il note l’importance de la liturgie (la foi doit être vécue par une célébration commune de l’amour de Dieu)
Le Christianisme ne peut retrouver son universalité qu’à partir du moment où il réintègre cette idée participative de l’œuvre de Dieu dans le monde, qui passe par l’Eucharistie, la liturgie, l’exégèse critique des grandes figures patristiques médiévales.


Père Rémy

Pour aborder le troisième point (cf. le plan)  il faut parler du fonctionnement dans la communauté anglicane et de la décision de Benoît XVI d’intégrer un certain nombre d’anglicans dans le giron de l’Eglise catholique.
La communion anglicane est un terme employé depuis le milieu du XIXème siècle, et depuis, cette communion cherche à se structurer, à poser les bases, non seulement au travers du prayerbook’’ et de la liturgie mais aussi à travers le Credo et le fonctionnement écclesial pour arriver à prendre des décisions sur les orientations missionnaires du développement des Eglises et le lien à maintenir entre les différentes composantes de cette communion.

Communion anglicane : les structures sont établies depuis 1867 ; les Eglises de la communion sont autonomes

Définition de la Communion d’Eglise : une communauté à l’intérieur de l’Eglise une, sainte, catholique et apostolique, des diocèses, provinces ou Eglises régionales (plusieurs pays d’une même partie du monde, ex. l’Eglise de la province d’Afrique centrale), dûment constituées, en communion avec le Siège de Cantorbéry qui ont certaines caractéristiques en commun. (Conférence de Lambeth 1930)

Quatre structures fondamentales :
Conférence de Lambeth : tous les 10 ans (depuis 1978 à Cantorbéry)
Siège de Cantorbéry :  (« le point central de notre communion », Lambeth 1968,alors que celle de 1978  dit que « la base de l’unité anglicane est enracinée personnellement dans la relation loyale de chacune des Eglises avec l’Archevêque de Cantorbéry qui est librement reconnu comme le centre de l’unité »)
La Rencontre des primats (plus fréquent que Lambeth) et
Le Conseil consultatif pour la stratégie missionnaire. Ces deux derniers ont fusionné en 1968 pour donner le Conseil consultatif anglican (rôle de coordination, d’élaboration stratégique, d’encouragement à la coopération et de conseil)

Temps de tensions
Trois raisons principales : l’ordination d’évêques ouvertement homosexuels, ordination des femmes et bénédiction d’union des personnes du même sexe.
- ceci est considéré comme dérive des Anglicans surtout Episcopaliens des Etats-Unis par les Anglicans du Sud, et surtout de Nigeria et d’Ouganda et d’évêques occidentaux conservateurs
- création il y a une trentaine d’année de Traditionnal Anglican Church TAC. Actuellement 400.000 membres danst 40 pays dont la France (Hautot St Sulpice, près de Yvetot)
- Conférence de Lambeth (16 juillet – 4 Août 2008, treizième)

Le schisme n’a pas été acté, Mgr Rowan Williams, archevêque et primat de Cantorbery exhorte à faire de la communion une nécessité prioritaire en mettant l’accent sur les convergences, mais sans effet.

Des groupes d’anglicans traditionalistes demandes des gestes magnanimes, et demandent à être intégrés.

Réponse : Anglicanorum coetibus (des groupes d’Anglicans) 9 novembre 2009 ( suivi d’un autre document Normes complémentaires à la Constitution)
Constitution apostolique sur l’établissement d’ordinariat personnel pour les Anglicans qui entrent dans la pleine communion de l’Eglise Catholique

Extraits

1) ces derniers temps, sous l’action du Saint Esprit, des groupes d’anglicans ont demandé de manière répétée et insistante à être reçus, dans la pleine communion catholique, à titre individuel aussi bien qu’en groupe (introduction)
2) cette unique Eglise du Christ que nous professons dans le Credo, comme sainte, catholique et apostolique subsiste dans l’Eglise catholique (LG8 Intro)
3§4 l’ordinariat est composé de fidèles laïcs, des clercs et des membres d’Instituts de vie consacrée et de Sociétés de vie apostolique appartenant à la Communion anglicane et désormais en pleine communion avec l’Eglise catholique ou de ceux qui reçoivent les sacrements de l’initiation dans la juridiction de l’ordinariat.
4)§5 Le catéchisme de l’Eglise catholique est l’expression officielle de la foi catholique professée par les membres de l’ordinariat.
5)III Sans exclure les célébrations liturgiques selon le rite romain, l’ordinariat a la faculté de célébrer la Sainte Eucharistie et les autres sacrements, la Liturgie des Heures selon les livres liturgiques propres à la tradition anglicane qui auraient été approuvés par le Saint Siège de manière à ce que soient maintenues au sein de l’Eglise catholique les traditions liturgiques, spirituelles et pastorales de la communion anglicane, comme un don précieux qui nourrit la foi des membres de l’ordinariat et comme un trésor à partager.
6) Le pouvoir de l’ordinaire est ordinaire, délégué, personnel.
7) VI§2 l’ordinaire dans le plein respect de la discipline du célibat du clergé de l’Eglise latine n’admettra en règle générale (pro regula) que des hommes célibataires à l’ordre presbytéral. Il pourra également demander au Pontife romain, par dérogation au canon 2771, que soient admis à l’ordre presbytéral des hommes mariés au cas par cas, en fonction de critères objectifs approuvés par le St Siège.
8) VIII §1 l’ordinaire après avoir entendu l’avis de l’évêque diocésain du lieu pourra ériger avec l’accord du Saint Siège, des paroisses personnelles pour les fidèles qui appartiennent à l’ordinariat
9) faisant partie à l’origine de la Communion anglicane qui souhaitent entrer dans un ordinariat personnel devront exprimer ce désir par écrit
10) afin de permettre la consultation des fidèles, un Conseil pastoral sera créé dans l’ordinariat.

Réactions mitigées

Pour les catholiques : Quel dialogue œcuménique envisager ?
Pour les anglicans : Il aurait mieux fallu que la Communion se réforme de l’intérieur

 2 questions personelles :
- sur le rapport entre les mentalités ambiantes et l’interprétation de la Bible. Il faudrait revenir à une véritable analyse de la façon dont nous interprétons les uns et les autres, Nord et Sud, High Church et Low Church et c’est un laboratoire extraordinaire que la communion anglicane permet : elle le permet parce qu’elle est constituée comme cela, mais le laboratoire n’est pas allé jusqu’au bout de cette réflexion car il y a une véritable question du lien entre la façon dont j’interprète la bible et ma culture, ma mentalité d’origine.
Cela m’interroge en tant que Chrétien et en tant que prêtre théologien.
Objectivement, je me situe au milieu de tout cela pour dire : qu’est-ce que cela veut dire l’apport à l’interprétation de la Bible.
Fabrice a beaucoup insisté sur les va et vient entre la tradition anglicane et les apports de la tradition catholique.

Avec cette intégration de certains anglicans à l’intérieur de la religion catholique, il va falloir réfléchir sur le nouveau rapport entre la tradition catholique et les apports de la tradition anglicane,du moins certains apports. Cela porte sur l’équilibre des catholiques eux-mêmes et sur la façon dont le catholicisme aujourd’hui absorbe des sensibilités et des réalités de plus en plus larges.( ex.l’ouverture aux traditionalistes)

Question : Les anglicans demandant l’intégration sont-ils ceux qui refusent les évêques homosexuels, le mariage des femmes etc…

Ils en font partie mais tous ne demandent pas l’intégration : on ne connaît pas le chiffre exact.

Question : Quels sont les apports de la tradition anglicane ?

Le plus intéressant est sans doute dans les différences qui ont marqué l’histoire de l’Eglise catholique et de l’Eglise anglicane depuis leur séparation. L’Eglise anglicane était une église nationale avec le souverain d’Angleterre comme chef temporel.
En Europe occidentale, l’histoire a été plus conflictuelle entre l’Eglise catholique et les états séculiers, notamment en France et en Italie.
La tradition anglicane insiste beaucoup plus sur le rôle de l’histoire dans la théologie. Ce qui avait de plus individualiste dans la théologie protestante (luthériens et calvinistes) était tempéré par cette dimension nationale et collective : les anglicans se voulaient une sorte de synthèse entre le monde latin et le monde protestant.

La High Church apporte au monde catholique une autre perspective des rapports entre les cultures nationales diverses et la tradition catholique universelle fondée sur l’incarnation et l’héritage apostolique et les deux, dans le contexte actuel, ont des choses à dire qui n’auraient pas été pensées comme cela, il y a 20 ou 30 ans.
Les deux traditions s’interpénètrent parce qu’elles ont été tributaires de 2 histoires différentes, avec des rapports différents entre les Eglises et les états.

Un paroissien témoigne : dans sa famille, un prêtre anglican marié a désiré rejoindre l’Eglise catholique et a été accueilli sans difficultés dans les années 70/80 par le Pape Benoît XVI, alors cardinal Ratzinger. Il relate un entretien chaleureux, il n’a toutefois pas reçu la charge d’une paroisse étant marié, mais il exerce un rôle d’aumônier auprès des jeunes…

Question : le texte romain dit-il quelque chose de la réordination des prêtres et évêques ?

-auXIXème siècle, un travail théologique a été effectué pour savoir si l’on pouvait reconnaître les ordinations : la réponse a été négative. Ce n’est pas nettement écrit dans le document mais dans les normes complémentaires et de plus la question n’est pas posée clairement. Si l’on considère dans l’Eglise catholique que les ordinations des Anglicans ne sont pas valides, il faut les réordonner.
Par ailleurs, les évêques peuvent demander au Saint Siège l’autorisation d’utiliser les insignes de la fonction épiscopale : ils pourront ainsi se faire valoir de leur fonction pour honorer et accueillir, alors qu’ils n’exerceront pas la fonction

Question : l’une des raisons de ce refus de reconnaître les évêques anglicans proviendrait du fait qu’au moment du schisme, les évêques avaient explicitement désiré briser la continuité apostolique.

 Cela n’aurait pas suffi.

Question : parmi les difficultés pour l’introduction des évêques et des prêtres : les mœurs, la doctrine et principalement l’Eucharistie. Leur intégration n’implique-t-elle pas qu’elle intègre ce point ?

La High Church a toujours intégré la doctrine catholique. La Constitution apostolique dit ouvertement que le catéchisme de l’Eglise Catholique est l’expression officielle de la foi catholique professée par les membres de l’ordinariat. En se référant à ce catéchisme, on intègre, ipso facto, la foi de l’Eglise catholique.

Il y a 2 façons de voir la nature du catéchisme de l’Eglise catholique
- comme un résumé de la tradition de l’Eglise catholique
- comme l’expression de la foi
ce qui n’est pas la même chose du point de vue théologique, puisqu’on sait que l’expression de la foi catholique, c’est le Credo, alors que le Catéchisme de l’Eglise Catholique est un ensemble de formulations portant sur la foi et les mœurs.

Donc, tout ce que l’on a connu dans la tradition, ce que l’on a élaboré au fil des siècles a été intégré là dedans de façon plus ou moins cohérente et il y a 2 écoles :
- 1 école pour qui le catéchisme est un assemblage, une codification de la tradition catholique.
- l’autre école, pour qui c’est vraiment la référence au contenu de la foi chrétienne catholique dans son expression catholique.
Dans ce deuxième cas, celui qui ne reconnaîtrait pas tout ce qu’il y a dans le catéchisme catholique ne serait pas vraiment dans la foi catholique : la nuance est de taille.

Le document du Pape ne dit pas dans quel sens il comprend la référence au catéchisme de l’Eglise catholique.

C’est dans une intégration de l’ensemble de la tradition que les anglicans intègreraient l’Eglise catholique : il n’y aurait alors aucun obstacle dans le domaine de la foi. Le Magistère serait reconnu.

Fabrice

Dans l’Eglise anglicane, il y a une opposition entre la High et la Low Church  sur des questions théologiques. Elles sont l’aboutissement d’un processus très ancien qui a fait que la High Church s’est rapprochée de plus en plus de l’Eglise catholique romaine.
Par ailleurs, il y a une fracture au sein de l’église anglicane à propos de la question de l’ordination des évêques homosexuels. Ces deux faits se sont interpénétrés naturellement : c’est au sein de la High Church qu’il y a le plus d’opposition mais également en Afrique des évêques de la Low Church, de l’Eglise majoritaire calviniste se sont élevés contre ces ordinations

Le rapprochement entre la High Church et le Vatican a commencé dès le début du pontificat de Jean Paul II à travers l’œuvre de John Milbank.
En 2000 la question des églises libérales et de l’ordination des prêtres homosexuels a retardé le processus : il était alors prévu d’appliquer à la High Church le statut des églises uniates. Cette évolution était projetée sur les 20 ou 30 prochaines années.
Un nouveau schisme a menacé l’Eglise anglicane : la High Church aurait pu saisir ce prétexte pour traiter directement avec le Vatican et être reconnue comme des églises uniates de rite anglican, mais alors, la Low Church aurait été privée du soutien de la High Church dans ce conflit.

La théologie libérale, les questions sexuelles ont parasité le rapprochement de la High Church avec le Vatican qui a commencé de façon active avec Benoit XVI, mais qui avait cependant débuté vers les années 90.
Benoit XVI a commencé un rapprochement de plus en plus étroit avec les différentes églises orthodoxes (voyage en Turquie, accords avec le patriarche de Constantinople) En 2010, aurait lieu un déplacement en Russie.
Cet œcuménisme très orienté de Benoit XVI doit être vu dans une perspective de l’union des Eglises apostoliques.
Son pontificat sera peut être un pontificat historique.

Question :Quels arguments ont été donnés par Hans Kung pour trouver ce rapprochement malfaisant ?

Hans Kung a toujours eu des positions radicales, souhaitant l’ordination des femmes et le mariage des prêtres
Il n’envisageait pas l’intégration des anglicans dans l’église catholique mais un autre arrangement, et souhaitait passer à un Commonwealth catholique.

Comment nous les Catholiques allons accueillir les Anglicans, même ceux de la High Church qui représentent une petite part de la tradition et de sa richesse ?
Les anglicans de la High Church sont beaucoup plus fortement marqués par la culture du débat que les catholiques. Cela va poser question par rapport au gouvernement du diocèse et de l’autorité de l’évêque.
Nous catholiques avons juste l’autorité de l’Evêque et malgré les différentes institutions les évêques ne travaillent pas ensemble ; ils n’effectuent pas entre eux de travail pastoral. Ils négocient directement avec le Pape ou ses représentants.

Il y a une incapacité réelle à rentrer dans un véritable débat.

Les anglicans, tout comme les traditionalistes représentent deux cas de figures avec des attitudes nouvelles.
Cette double ouverture va sûrement modifier le fonctionnement de l’Eglise catholique, du point de vue de cette référence à l’unicité de l’autorité de l’évêque du lieu et du pape.

Alors que pour  l’église traditionaliste, c’est le curé qui donne l’autorisation de créer une communauté dans une paroisse, les ordinariats personnels des anglicans ne relèvent plus de l’autorité du curé mais de l’évêque du lieu.
Il y aura donc une structure nouvelle que l’on ne connaissait pas en Occident. Dans une paroisse, nous pourrons avoir une communauté  traditionaliste, une anglicane et une catholique (s’ose dire toute ordinaire) comme celle que nous connaissons actuellement…. Il faut déjà penser aux difficultés à gérer, mais il y un point positif : l’obligation de négocier au sens premier du terme, sur les différentes façons d’être chrétiens au même endroit, avec une base commune. (reconnaissance mutuelle de la richesse)

Pour l’instant, pour les traditionalistes, cette base commune n’est pas encore reconnue.
Peut-être Benoît XVI pense-t-il qu’avec les anglicans, ce sera plus facile ?

 

Télécharger le plan détaillé de l'intervention du Père Rémy.