2008/01/27 - Conférence-débat - LE CHRIST OUI, L’ÉGLISE NON, POURQUOI LA SÉPARATION SÉDUIT TANT ?
Les conférences débat de la Collégiale de Montmorency reprennent les grands thèmes d’actualité développés par les médias et qui touchent l’Eglise. Il s’agit de réfléchir pour relire l’événement en fonction de la foi chrétienne. Ce soir le thème qui sera développé est le suivant : le Christ oui, l’Eglise non, pourquoi la séparation séduit tant ? en référence au livre de Frédéric Lenoir Jésus philosophe, paru en 2007.
Philippe Casassus nous rappelle que Frédéric Lenoir est écrivain, philosophe, directeur du monde des religions. Le livre de Frédéric Lenoir l’a amené à se poser deux questions : « Si j’étais athée, comment est-ce que je verrais le Christ ? ». Mise à part la spiritualité. Philippe Casassus se dirait que Jésus est un type formidable, qu’il le suivrait volontiers, il serait séduit par son message altruiste et entraînant. Le Christ nous propose une réelle philosophie. Benoît XVI, dans son livre la foi chrétienne, hier et aujourd’hui, précise que Jésus est le Christ, l’oint, le messie en référence au peuple d’Israël qui attendait un roi. Jésus est Dieu tout entier et homme tout entier. Ce n’est pas un demi-dieu, ni une apparence d’homme. Jésus est fils de Dieu, élu et envoyé par Dieu. Jésus priait en appelant Dieu « Abba ». Dieu est venu dans notre histoire en Jésus.
Fabrice Moracchini resitue ce débat dans son contexte. Le livre de Frédéric Lenoir est devenu un best-seller mais nul ne sait si ce livre restera dans l’histoire de la littérature. Les idées qu’il développe ne sont pas nouvelles, elles ont été exposées plus d’une fois depuis le siècle des Lumières. Il s’agit de la question du rapport du Christ à sa divinité et à son humanité dans un contexte de remise en cause et d’attaque politique contre le statut à la fois théologique et social de l’Eglise. Ce qui est le plus intéressant, c’est pourquoi ce livre sort aujourd’hui et pourquoi il est écrit de cette manière ? C’est l’occasion de revenir sur les sujets développés dans les conférences précédentes et qui avaient trait à la position de l’Eglise catholique dans le monde du XXIème siècle. Qu’est-ce qu’être chrétien et catholique ? Comment nous situons nous par rapport aux grands mondes spirituels et politiques qui ont encerclé le christianisme, le paganisme qui l’a précédé, le judaïsme, et la question plus large du modernisme.
Pourquoi ce livre connaît un tel succès aujourd’hui ? Benoît XVI apparaît comme un nouveau Pape à un moment charnière à la sortie de l’Eglise de la période post-conciliaire qui a bouleversé l’Eglise dans la deuxième partie du XXème. L’Eglise atteint un taux de maturité crucial précisément parce que le monde politique et idéologique qui avait accompagné Vatican II s’est achevé avec la fin du XXème siècle.
Le livre de Frédéric Lenoir reprend la question : Est-ce que Jésus de Nazareth a une valeur indépendamment des évangiles et des églises chrétiennes qui se revendiquent de sa divinité ? Est-ce que l’enseignement de Jésus peut avoir une valeur et est-ce que la véritable valeur de l’enseignement de Jésus n’est pas extérieure à l’Eglise ? Ce débat n’est pas nouveau. L’idée que l’Eglise catholique n’aurait pas traduit la doctrine du Christ mais l’aurait au contraire trahie n’est pas nouvelle. Elle a servi de support à beaucoup d’hérésies. Elle a été le cœur de la grande crise qui a signifié à la fois l’entrée dans les temps modernes et la rupture de l’unité spirituelle de la chrétienté. Luther a fondé une nouvelle Eglise en confrontation avec Rome. Il n’a pas hésité à prétendre que le pape était l’incarnation temporelle de l’antéchrist. Dans le cadre de Luther cette attaque prétendait s’inscrire encore dans le cadre de la révélation chrétienne.
Très vite, à partir du XVIIIème siècle, Jésus est la figure du Christ en contrepoint de la raison elle-même. Kant fut le premier à prétendre expliciter les conditions de la formation d’une religion dans les limites de la simple raison, n’ayant plus de rapport extrinsèque avec la divinité. De très nombreux penseurs ont voulu refondre la religion chrétienne en la coupant du lien théologique sacré et apostolique qui devait relier l’Eglise à la divinité, tel Michelet, Renan, Tolstoï qui a eu de nombreux disciples tel Gandhi.
A partir du moment où l’on considère que Jésus n’est qu’un homme et qu’on prétend déduire une philosophie à la fois séculaire et humaniste de sa doctrine, cela implique une autre conséquence. Son message ne peut s’adresser qu’aux individus qui décideraient ou non d’adopter sa sagesse. On passe de la définition d’une doctrine religieuse universelle, à un univers qui n’est rien d’autre qu’une doctrine politique. Ce qui fonde une religion c’est d’abord l’idée qu’une communauté humaine s’inscrit globalement dans un rapport à une transcendance qui n’est pas elle-même d’origine humaine.
Depuis l’apparition de la modernité dans l’histoire il y a une tentative de faire basculer l’humanité religieuse qui a accompagné l’essor de l’humanité depuis son apparition historique dans une dimension temporelle moderne qui se définirait essentiellement comme un domaine politico-moral. On passerait d’une religion centrée autour d’une foi définie par des dogmes à une philosophie qui se définirait en termes de valeurs pour aboutir à un corpus idéologique.
En quoi le livre de Frédéric Lenoir prend une acuité nouvelle aujourd’hui ? Au XXème siècle cette tentation est entrée dans le cœur de l’Eglise.
Il y eu différentes crises dans notre histoire tel au XIVème siècle, mais aussi la grande crise du XVIème siècle avec la réforme et des guerres de religions qui ont entraîné le concile de Trente. Au XVIIème une querelle a opposé les jansénistes au jésuites. Chaque crise a relancé ce débat de passer d’une doctrine religieuse universelle à une doctrine plus sectaire et plus idéologique qui insistait sur le moralisation et l’individualisation des croyants à partir du moment où leur salut se jouait directement dans la confrontation avec le monde. On est passé progressivement à la crise de la modernité. Au XXème siècles l’ensemble des crises politiques et spirituelles ont abouti à Vatican II. Les conciles de Trente et de Vatican II ont été des conciles défensifs qui ont adopté d’emblée la mentalité politique qui justifiait leur vocation. Vatican II intervient après la seconde guerre mondiale au moment où l’Europe est coupée en deux par le communisme. L’Eglise est attaquée à la fois par les doctrines scientistes, par le marxisme et par un laïcisme plus ou moins agressif. Le concile Vatican II a été un aboutissement des autres conciles.
Jacques Maritain, philosophe assez célèbre, qui a converti beaucoup de monde, directeur de conscience mondain, voulait constituer un parti du christianisme. Il voulait transformer les dogmes catholiques en valeurs chrétiennes que l’on pouvait transplanter dans la société civile. Il a fourni une armature conceptuelle et a inventé le concept de judéo-christianisme qui définit l’occident. Ce qui l’a intéressé dans le judaïsme, c’est que la sacralité de Dieu s’exerce à partir de la codification d’une loi. Maritain voulait défendre la thèse que le christianisme est avant tout des valeurs, il voulait judaïser le christianisme au sens de le moraliser et de le légaliser. Kant avait fait une tentative de faire épouser le christianisme aux valeurs de la modernité. Ce qui est en jeu aujourd’hui c’est la faille qui a été ouverte par le courant maritanien, qui a été une vague d’inspiration de Vatican II. A partir du concile s’est édifié une vie politique dans l’Eglise. Les crises ont été récurrentes à l’intérieur de l’Eglise. Vatican II a été très médiatisé qui a fait entrer l’Eglise au cœur de la modernité. Jean-Paul II a été le premier pape conciliaire et télévisuel qui a rayonné par ses interventions médiatiques. Les quarante ans qui se sont déroulés depuis le concile n’ont réglé aucun questionnement engendrés par l’ensemble des crises évoquées. Avec Vatican II, il n’y a pas eu rupture, sont restés à l’intérieur de l’Eglise des personnes que l’on dit traditionalistes, des maritaniens, des personnes qui tentaient de faire une synthèse entre les deux. Finalement l’Eglise ne savait pas redonner une cohérence. Le pontificat de Benoît XVI s’annonce comme une clarification doctrinale et comme un rappel à l’ordre à travers un point de vue critique issu du concile. L’Eglise s’est en quelque sorte politisée et occidentalisée à travers cette redéfinition judéo-chrétienne et séculière et s’est délatinisé, l’emploi latin comme langue liturgique universelle offrait un signe d’unité pour tous les croyants mais surtout inscrivait la filiation de l’Eglise avec la promesse d’universalité qui était celle de Rome et qui justifiait sa définition comme Eglise catholique primordiale, universelle. L’erreur à ne pas faire est de croire que ce qui est en jeu avec la question du latin et de la liturgie serait une volonté de réoccidentaliser. Est-ce que l’Eglise, conformément à la doctrine léguée par le Christ se veut universelle ou est-ce qu’elle devient une sorte de morale séculière, mais dans la mesure où elle est à base individualiste, moralisante et nominaliste ne s’inscrit que dans le champ des lumières occidentales. A travers le latin, le problème soulevé consiste à poser la question de savoir si l’Eglise en tant que telle est capable de continuer à s’approprier la part païenne de l’humanité, que le Christ lui-même a assumée. Etant née de la confluence du monde païen et du monde juif, l’Eglise chrétienne à travers la notion d’un Dieu incarné est en mesure de s’adresser à l’humanité entière. C’est ce dilemme qui est en jeu aujourd’hui et qui illustre la réaction brutale du livre de Frédéric Lenoir.
Le Père Rémy introduit le débat sur la question universelle et sur la question de la religion d’un côté et de la géopolitique de l’autre qui se servirait de la religion. Il nous lit l’épilogue de Frédéric Lenoir « A delà de la question de l’avenir du christianisme, ma conviction profonde, c’est qu’il faut aujourd’hui refonder l’humanisme en dépassant les clivages qui opposent croyants et non croyants. Cela demande de nous réconcilier avec notre histoire en assumant et en relisant tout notre héritage humaniste…. » Il nous cite également la page 288 « le christianisme n’est pas d’abord une religion avec des dogmes, des sacrements et un clergé, c’est avant tout une spiritualité personnelle et une éthique transcendante à portée universelle ». L’auteur parle de la façon dont le concept de la personne humaine s’était forgé au contact de la vision anthropologique chez les juifs et à partir de la philosophie grecque. Le christianisme a développé cette idée qui était déjà préparée par le stoïcisme au 2ème siècle de l’empire romain. Il part d’une éthique transcendante. Frédéric Lenoir insiste sur le fait que la morale politique se résume en un seul impératif : éduquez bien les enfants. La religion sert de valeurs d’éducation, fondées sur l’humanisme, dont les éléments nous viennent des grecs, des juifs et des chrétiens. Cette idée a été reprise par Erasme de Rotterdam, humaniste contemporain de Luther qui a écrit plusieurs livres sur l’éducation des enfants, le manuel du soldat chrétien pour expliquer comment les parents devraient se comporter dans le processus éducatif à l’égard de leurs enfants. Il prône un libéralisme éducatif en respectant la volonté et les désirs mais en mettant en toile de fond, le Christ lui-même. On est encore dans une référence au Christ qui agit à l’intérieur d’une réalité qu’on appellera Eglise. Erasme est avant tout humaniste mais également homme croyant.
Un paroissien n’est pas d’accord avec la vision de Vatican II de Fabrice Moracchini. Appartenant à une génération qui reconnaît beaucoup de mérite à ce concile avec sa liberté religieuse et sa notion de peuple de Dieu. Le chrétien participe à la vie du monde et a une responsabilité. Pour lui l’Eglise vit une période extraordinaire depuis plus de cinquante ans. Il y a encore beaucoup de choses à même en application pour Vatican II. Si tant de laïcs sont engagés auprès des prêtres, c’est parce que Vatican II a réhabilité le rôle du laïcat.
Fabrice Moracchini précise que ce qu’il a essayé de montrer était la source d’inspiration du concile lui-même. L’idéologisation de la religion lui paraît dangereuse. Ce n’est pas Vatican II qui en est responsable. Beaucoup de personnes se disent chrétiennes pourtant, ils ne pratiquent pas, ne connaissent pas les dogmes, ne connaissent pas les Ecritures, n’ont pas de rapport très profond ni avec la parole ni avec la personne du Christ. A la question, « pourquoi êtes vous chrétiens ? », ils répondent, que leurs valeurs sont chrétiennes. La perte de substance de la foi est préoccupante dans le risque qu’en modélisant excessivement les affaires de l’Eglise et surtout la portée de son champ d’action et de l’espérance qu’elle doit délivrer, on s’en tienne à une prise en compte purement moralisatrice et individuelle des choses. Il y a aujourd’hui une crise au cœur de l’Eglise qui est palpable. Si le pape qui a été au cœur du Concile prend certaines positions aujourd’hui ce n’est pas par hasard.
Une personne évoque son fils de 22 ans qui trouve l’Eglise très triste. Il a reçu une éducation religieuse et croit au Christ. Le Christ a dit « aimez vous les uns les autres » donc aidez vous les uns les autres, soyez une grande famille. Une religion est le résultat de notre éducation. Vivant dans une famille juive, nous serions juifs. Il y a un décalage entre ce qu’on cherche et ce qu’on trouve dans l’Eglise. L’Eglise ne prépare pas à la mort, les funérailles sont tristes. Pourquoi ne pas en faire un moment plus joyeux ? Comment la vie avec toutes ses facettes peut être accompagnée et nourrie par le propre de la foi chrétienne, c’est à dire l’espérance laquelle est le moteur de la charité et de la prière communautaire.
Une paroissienne défend Vatican II. Elle rappelle le passage sur le jugement dernier, rappelant qu’on sera jugés sur ce qu’on a fait aux autres autant que sur les dogmes.
Une autre personne précise que le rapport au Christ est dans la solitude. On ne peut être bien en communauté et en Eglise que si l’on est en accord avec soi-même pour trouver Dieu dans l’autre.
Fabrice Moracchini reprend la parole pour préciser que le point de départ du débat est de savoir si Jésus n’était qu’un homme ou s’Il était Dieu, si sa doctrine, son enseignement, son exemple sont uniquement de nature humaine ou pas. Si on est chrétien, on estime que le Christ est pleinement homme mais aussi le Verbe de Dieu. Ce qui veut dire que l’histoire du Christ ne commence pas avec son incarnation terrestre. Le Christ est à l’origine du monde comme à sa fin. Le Christ nous a légué une doctrine de Dieu dans la chair humaine ce qui implique un rapport supra-humain. Ce qui est en jeu est de perdre dans le Christ la présence de Dieu au profit d’une sagesse pleinement humaine qui dégénérerait progressivement en simple idéologie morale ou politique.
Une personne précise que Benoît XVI était aux côté de Jean-Paul II, préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi et qu’il est présent depuis plus de trente ans. Il est à l’origine de beaucoup d’encycliques. Les laïcs ont trouvé une place importante avec Vatican II. Benoît XVI a accompli ce que Jean Paul II avait démarré.
Le Père Rémy reprend ce qui a été dit sur la charité qui se moque des dogmes. C’est une idée très plaisante. Il nous donne l’exemple de Mt 25, le jugement dernier. D’un côté il y a les bons et de l’autre les mauvais. Les bons constatent qu’ils ont fait le bien à travers Jésus mais l’ignoraient. La réponse de Jésus est celle-ci, « chaque fois que vous l’avez fait à un de ces petits, c’est à moi que vous l’avez fait ». Le Christ pédagogue enseigne pour faire comprendre qu’entre lui et l’humanité il n’y a pas de distinction parce qu’il se reconnaît en chacun. On peut faire de la charité sans se reconnaître dans la source. D’où l’invitation à entrer dans une véritable relation de la Parole de Dieu. Ce n’est pas une apologie d’une charité humaniste contre le rigorisme rituel dogmatisant de l’Eglise. Il ne faut pas oublier ni l’un ni l’autre. Ceux qui n’ont pas été au service du Christ sont ceux qui se reconnaissaient être ses disciples et pourtant lui ne les a pas reconnus. C’est terrible. « Christ oui , Eglise non », c’est être capable de se nourrir à la source qui est présente dans ma vie et non pas seulement dans une relation historiquement fondée qu’un certain Jésus de Nazareth aurait légué avec des éléments de bons comportements pour les humains que nous sommes, tel un Bouddha ou un Socrate. La question qu’il faut se poser est « Comment voyons-nous cette communion de communauté, de membres du Christ qui forment ce corps mystique ? ». Comment donner de la chair à cette réalité d’Eglise plutôt qu’en faire une simple institution à broyer la liberté des individus, selon un principe étiqueté par une autorité d’un seul qui doit se transmettre à tous ? Cette relation entre le Christ et la communauté est fondamentale et visible dans les assemblées dominicales. La liturgie avec toutes les prières récitées est lancinante. Alors que dans la liturgie le prêtre est en dialogue avec la communauté et avec le Christ .
Fabrice Moracchini précise que l’expérience intérieure au cours d'une messe est très personnelle. Mais le mystère de l’eucharistie demande une intelligence et une expérience personnelle, un approfondissement de la foi. Certaines messes sont plus porteuses que d’autres.
Une personne apporte la précision que le concile a été nécessaire après le bouleversement de la guerre. Il a apporté des innovations constructives mais des personnes sont restées au bord du chemin et en ont souffert. Le pape tente de ramener les traditionalistes mais il semblerait que le motus proprio reste mort en France alors que beaucoup de personnes désirent une unité.
Une paroissienne néophyte précise que pour elle, la messe est comme une réunion de famille. Elle se sent accueillie, elle s’y ressource et en a besoin.
Un accompagnateur de catéchumènes nous rappelle que le problème aujourd’hui n’est pas Jésus ou l’Eglise, mais la foi. Les chrétiens d’aujourd’hui ne sont pas les chrétiens d’hier. Les catéchumènes viennent de milieu païens athées. Vatican II a apporté une grande ouverture
Le Père Rémy Kurowski conclut en précisant que premièrement, l’enjeu du concile est de se mettre à l’écoute de ce qui se vit chez les hommes et les femmes de ce monde pour pouvoir honorer l’épaisseur humaine dans laquelle se trouve la présence du Christ.
Deuxièmement le rapport au Christ nous donne des valeurs morales, qui sont les conséquences de la foi mais non la cause qui l’enfermerait. Les valeurs morales se nourrissent de la foi de l’Eglise donc de chacun de nous.