2011/11/22 - Conférence sur la formation des animateurs en pastorale

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Conférence aux Orphelins Apprentis d'Auteuil - 22/23 novembre 2011.

 

I. Eglise : Corps du Christ

1° La diversité et la complémentarité (1Co12)
2° conversion (LG4)

 

1° La diversité et la complémentarité

Diversité des charismes et des ministères :

  • Dans le Peuple de Dieu, tous sont égaux et solidaires ; dans le Corps du Christ, tous sont différents et complémentaires.
  • Ni seconde zone ou passivité ; ni notion de supériorité ou d’infériorité. Diversité et service réciproque.
  • Coresponsabilité différentiée qui questionne sur le mode du fonctionnement de l’autorité dans l’Eglise (st Augustin : pour vous je suis évêque, avec vous je suis baptisé)
  • Cas du ministère ordonné du prêtre : deux points de départ de la réflexion possibles : ecclésiologique ou sacramentaire (préside à l’eucharistie parce qu’il préside à la communauté ou préside à la vie de la communauté parce qu’il a reçu le pouvoir de consacrer les dons eucharistiques ?)
  • Vat II penche (LG28, Presbyterorum ordinis 2) vers le point de départ ecclésiologique (corps ecclésial comme réalité enveloppante) en permettant ainsi de considérer l’ensemble des ministères et des dons de l’Esprit dans la construction de ce corps (le prêtre agit en même temps comme in persona Christi=représente le Christ, tête et pasteur de l’Eglise et in persona ecclessiae=représente le Corps du Christ, c’est-à-dire l’Eglise)


2° Conversion

  • Un type de relation entre le Christ et son Corps qui est l’Eglise
  • Suivre le Christ est un appel adressé à l’Eglise toute entière
  • La communauté chrétienne devient disciple (au singulier) et témoin
  • Metanoia, retournement, changement de regard, nouvelle hiérarchie de valeurs, nouveau motif d’agir..., tout cela au nom de l’Evangile
  • Christ : modèle et miroir (christocentrisme pneumatologique et pas l’ecclésiocentrisme : Christ se donne à l’Eglise mais ne s’absorbe pas dans son Corps ; l’Eglise ne roule pas pour elle-même)
  • l’Esprit qui sanctifie l’Eglise (ecclesia semper reformanda)
  • l’humilité, la modestie, le désintéressement, l’écoute

 

II. Eglise : Peuple de dieu


1° Eglise : réalité complexe

A. dans sa composante humaine et divine (cf. LG8) : présence et mission
B. dans la manière d’être représentée (cf. LG6) et en particulier
C. dans la valeur du lien entre Eglise et Peuple : analogie (entre apophatique et univoque)


2° L’identité de ce Peuple : prophétique, sacerdotale, royale (LG10 et 12).

A. Convocation : ekklesia

  • choix (ni grandeur ni fidélité) par amour (Jr 31, 3 ; Ps 85)
  • alliance (la loi : Dt 4,10-14)

B. Assemblée -visage historique, ce qui se modifie (place de l’Esprit Saint,
Savoir lire les signes de temps) –peuple rassemblé, communauté chargée de mission qui consiste à rassembler les autres aussi, - mission d’établir la paix et la communion avec Dieu et fonder la fraternité entre les hommes (ad gentes, 3§1), - dispersion (Babel-Pentecôte)

C. Mémorial - pas la nostalgie du passé, mais pour retrouver ses racines et aller de l’avant, d’où la question sur le rapport au premier testament (LG9 ; Marcion) - le salut passe nécessairement par le Christ – symbolisation et annonce du retour du X (eschaton)

3° Où est l’Eglise : la foi au centre - sensus fidei, sensus fidelium

(LG 12 : la collectivité des fidèles, ayant l’onction qui vient du saint, cf. 1 Jean 2, 20 et 27, ne peut se tromper dans la foi)

  • dimension oecuménique
  • ecclesia semper reformanda
  • déjà là et pas encore (rapport au royaume)


III. INNOVATION parce que UNIVERSALITE


Première partie :
Eglise en son origine et dans sa nature.

  • Elle est destinée à être le signe d’une humanité renouvelée en Christ. ‘Par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme’ (GS22§2) ‘En lui, Dieu nous a réconcilié avec lui-même et entre nous...§3 Nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une manière que Dieu connaît, la possibilité d’être associé au mystère pascal’ §4. De Mystici Corporis à Redemptoris missio, le chemin pour aboutir au constat que l’on n’a pas besoin d’appartenir à l’Eglise pour être sauvé ???. Non, mais
  • l’Eglise dit là quelque chose d’un Dieu qui se révèle dans l’histoire et y vient au devant de l’homme. ‘ Leur communauté, en effet, s’édifie avec des hommes, rassemblés dans le Christ, conduits par l’Esprit-Saint dans leur marche vers le Royaume du Père, et porteurs d’un message de salut qu’il leur
    faut proposer à tous. La communauté chrétienne se reconnaît donc réellement et intimement solidaire du genre humain et de son histoire’ (GS 1) Puis ‘A faire partie du peuple de Dieu tous les hommes sont appelés... Ainsi, l’unique peuple de Dieu est présent à tous les peuples de la terre, empruntant à tous les peuples ses propres citoyens, citoyens du royaume dont le caractère n’est pas terrestre mais céleste.’ (LG13)
  • la dynamique divine précède et conditionne celle du croyant. Le mystère qui s’y révèle, révèle (et illumine) en même temps la vie du croyant et de tout homme. ‘L’Eglise, ou peuple de Dieu par qui ce royaume prend corps, ne retire rien aux richesses temporelles de quelque peuple que ce soit... en ce qu’elles ont de bon. Elle les purifie, elle les renforce, elle les élève. (LG1)
  • l’histoire de l’homme et de tout homme est donc à prendre en compte dans la perspective de l’interprétation prophétique de l’histoire.

Exemple du récit de Babel Gn 11 :
Entre la nostalgie et la crainte ; de la nostalgie de l’unique langue à la crainte de la langue unique. (G 10, la table des nations, le texte consacre la diversité tout au tant que l’universalité comme valeur positive) Le récit de Babel signifie le passage d’un désir de l’unité à l’avertissement du danger, celui de l’uniformité totalitaire.


Deuxième partie :
L’Eglise est une réalité socialement articulée et théologiquement régulée.


Dans cette deuxième partie je voudrais présenter l’entrecroisement, l’enchevêtrement de deux dimensions absolument inséparables. L’Eglise est une réalité doublement marquée : espace social articulé et espace théologiquement régulé.

Sur le plan purement visible et organisationnel, l’Eglise est un espace social articulé. Comme toute organisation sociale, l’Eglise se présente avec ses trois pôles : normatif, reproductif et ‘prophétique’.

Mais du point de vue théologique, l’Eglise est marquée par la triple fonction du Christ, dont chacune déteint sur la vie de l’Eglise : prêtre, prophète et roi. (LG 10, Christ prêtre et sacerdoce commun ; LG12, Christ prophète et le sens de la foi ; LG13 Christ roi et universalité du peuple de Dieu)

Deux remarques :

1° il y a une correspondance entre ces deux séries de mots, mais ils ne sont pas présentés dans le même ordre. Le pôle normatif renvoie à la fonction royale, le pôle reproductif à la fonction sacerdotale (prêtre), pour le troisième binôme nous avons affaire au même mot.

2° il y a de la tension permanente entre ces trois pôles ou fonctions séparément et dans les interactions entre cet espace socialement articulé et théologiquement régulé. Cette tension est la preuve que l’organisme est vivant.

La dynamique propre à ce pôle prophétique ou cette fonction prophétique, s’exprime de double façon : critique et innovante. A ce stade de la réflexion je me concentre seulement sur la question de la vie de l‘Eglise.
L’innovation soutient donc la dynamique de la fonction prophétique de l’Eglise. Elle s’inscrit entre le normatif et le reproductif. Elle est une force positive de la critique. Si la critique est disjointe de la proposition, elle est vouée à l’autodestruction. Le caractère anarchique de la critique « pure » est rendu inopérant dans le fait qu’il est contre carré par la dynamique innovante. Mais d’une certaine façon, dire que critiquer est déjà de l’innovation par contraste avec la situation sans critique, est quelque part vrai. Cependant, l’innovation limitée seulement à la critique n’est peut être que stérile. Elle doit nécessairement entraîner une proposition positive. Une vraie innovation est celle qui apporte un plus à ce qui a déjà été trouvé, réalisé, vécu. L’Eglise catholique se nourrit dans l’innovation par ce qu’elle a trouvé lors du dernier concile.


Troisième partie :
Universalité rencontrée.


Double universalité, celle de l’Eglise : ‘ce caractère de l’universalité qui brille sur le peuple de Dieu est un don du seigneur lui-même’, et celle du monde, de l’humanité entière : ‘grâce auquel, l’Eglise catholique efficacement et perpétuellement, tend à récapituler l’humanité entière avec tout ce qu’elle comporte de bien sous le Christ chef, dans l’unité de son Esprit’(LG13)

L’universalité à laquelle l’Eglise catholique prétend rencontre l’autre universalité, celle qui s’exprime dans le rapport au monde, aux autres confessions chrétiennes, aux autres religions, à l’humanité partagée.

Quelles sont-elles leurs richesses, au point que l’Eglise catholique veuille bien leur donner une telle valeur que cela éclaire sa propre raison d’être ? Comment l’Eglise y est-elle attentive ? Comment intègre-t-elle toutes ses richesses dans sa vie ? Et par le jeu de miroir, dans la vie de l’humanité éclairée par son message d’espérance chrétienne ainsi nourri ? Qu’est-ce qu’elles ont de bon, qu’est-ce qu’il y a à purifier, à renforcer, à élever ?


Quatrième partie :
L’innovation pensée à partir et dans tout cela.


Elle apparaît comme nécessaire, indispensable, pas seulement pour elle-même, mais aussi pour le monde, pour l’humanité.
Mais elle ne peut pas être envisagée comme un outil de survie. L’innovation est constitutive de la nature même de l’Eglise.
Non pas l’utilitarisme d’adaptation, mais adaptation utile au service de l’homme.

Pour être fidèle (à la tradition) il faut innover.

Exemple : moyens de communication par Internet