2014/06/21 - Homélie - Saint-Sacrement
MANGES ET VIS
Quatre lectures et autant d’aspects de la fête de ce dimanche. Quatre manières de nous situer dans notre foi.
1° Tout d’abord, dans la première lecture nous entendons parler de « cette nourriture inconnue des pères » (Dn8,16)
Dieu révélé aux Pères (Abraham, Isaac Jacob...) les nourrit.
Cela surprend, mais à la situation exceptionnelle, solution exceptionnelle.
Ils sont au désert, ils faiblissent, il faut prendre soins d’eux.
Comment Dieu prend-t-il soin de nous aujourd’hui ?
Est-ce qu’il continue à nous surprendre de la sorte ?
Comment se traduit dans nos vies sa charité à notre égard ?
Est-il notre force dans les situations exceptionnelles, celle du désert humain et spirituel ?
Dans l’histoire du peuple d’Israël Dieu s’occupe de son peuple en lui adressant sa Parole.
2° Le psaume 147, en lie les deux aspects, parole et nourriture physique :
« D’un pain de froment te rassasie
Il envoie sa parole sur la terre,
Rapide son verbe la parcourt »
Le psaume fat comprendre que Dieu pourvoit à ce qui est nécessaire à l’homme pour que celui-ci puisse vivre dans son corps et dans son âme.
3° Passons à l’évangile d’abord.
Jésus ne mâche pas ses mots, il est très clair : manger et boire sa vie, toute sa vie, c’est avoir part à la vie éternelle.
Une fois encore, notre religion chrétienne est mise en perspective à partir de sa finalité : croire en la vie éternelle.
Mais alors pourquoi donc avoir besoin de le faire dès maintenant, puisque la vie éternelle c’est dans l’éternité.
Certes, sauf que cette vie éternelle commence maintenant !
Elle commence dès notre vie sur terre, il n’y a pas de séparation entre les deux.
Mais, face à une telle affirmation, la bonne résistance (en tout cas la mienne et celle que je m’imagine chez d’autres, peut-être même chez un certain nombre d’entre vous) voudrait que l’on se contente de la vie éternelle reçue au baptême.
Il nous faut boire et manger ! Mais pour bien voir de quoi il s’agit, pour ne pas se contenter de constater qu’il y a à boire et à manger, il nous faut écouter l’évangile dans sa résonance johannique.
St Jean en exposant la vie de Jésus est très attentif à la relation d’amour. Dieu est amour, donc vie. D’où cette simple conséquence relationnelle à l’intérieur de la Trinité et en dehors :
« de même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi ».
Avoir la vie éternelle c’est vivre par Jésus, vivre par sa vie, vivre par son amour.
Là ce n’est plus le pain (de) surprise pour montrer la puissance divine au désert.
Là, c’est la vie elle-même de Dieu, dans toute sa splendeur, jusqu’à la Croix et la Résurrection.
Le curseur pour signifier l’action divine se déplace.
Du niveau purement humain d’action divine ce curseur passe au niveau purement spirituel. Mais en le visant l’action de Dieu est à accueillir dans la vie tout humaine, corporelle y comprise.
Comme au désert, Jésus a nourri de la sorte une foule. Chaque fois, dans l’Ancien Testament comme dans l’Evangile, c’est une bonne occasion d’en faire un peu de pédagogie.
Comment passer d’un niveau à l’autre ? Encore une fois, sans laisser le niveau purement humain !
Comment être en adoration devant le Saint-Sacrement sans oublier d’être dans la charité véritable après. Comment être en charité véritable sans être en action de grâce dans l’adoration ?
Comment processionner là où c’est possible pour montrer la Gloire de Dieu dans les Saintes Espèces, sans être en rupture relationnelle avec les gens du quartier et ce qu’ils vivent.
Comment être en relation d’amitié christique avec les gens du quartier sans être fier d’une telle nourriture ?
Alors ?
Evidemment, en nous laissant imbiber de cet amour que nous recevons dans la communion eucharistique d’une part, et en nous laissons imbiber de l’attente d’un vrai amour si présente dans les coeurs et âmes de nos contemporains que nous côtoyons.
L’amour que Dieu le Père a pour son Fils, il nous le communique par son fils dans l’Esprit. Il le communique dans ce pain et ce vin qui...
4° D’où la joie reconnaissante du croyant lorsque Paul parle de la : « coupe d’action de grâce ».
La fête d’aujourd’hui est, avant tout, une fête d’action de grâce pour l’amour reçu et à partager. Et nous ne pouvons que la fêter en nous rassemblant tels que nous sommes; et en nous rappelant que nous avons tous part à un seul pain qui est celui de la vie.