2015/02/15 - Homélie - 6e dim.ord.
GUERIR, POURQUOI FAIRE ?
Dans l’évangile d’aujourd’hui nous voyons Jésus guérir un lépreux. C’est une bonne chose que de soulager un malade de la sorte. Et on se remet à rêver pour voir cela se faire auprès de tous.
Mais même de son vivant, Jésus n’a pas guéri toutes les infirmités et maladies. Juste celles qu’il avait à la portée de sa main et de son regard, dans son entourage immédiat. Certes, il a parcouru les villes et villages d’alentour, mais, il sentait qu’il ne pouvait pas tout faire tout seul. Et ceci en dépit de la force divine qui était en lui.
Cela nous renseigne sur deux choses. D’une part, sur le fait que nous sommes le prolongement de sa mission qui consiste à guérir. Et d’autre part, que, même nombreux, nous ne pourrons jamais répondre à toutes les sollicitations pour guérir.
1° Nous sommes le prolongement de sa mission.
Mais qu’est-elle au juste sa mission ? Consiste-elle à guérir pour soulager, pour libérer du poids de la souffrance qui empêche de vivre sa vie ?
Certes, il y a de cela dans les guérisons de Jésus. Mais il y a bien plus que cela. Il n’est pas la solution miracle aux problèmes médicaux qui se posent dans sa société. Pas plus que nous ne le sommes en étant son prolongement.
Sa mission consiste à répondre au désir de la vie de quelqu’un qui l’exprime et puis orienter ce désir sur Dieu le père.
Car, le malade une fois guéri de sa lèpre ne retrouve pas seulement la santé du corps. Il retrouve aussi l’intégrité sociale et surtout l’intégrité humaine. Il retrouve la vitalité spirituelle.
Ce court dialogue préalable est plein de sens car il répond à la question pourquoi faire une guérison :
« Si tu veux, tu peux, ... je le veux, sois purifié »
Quelle liberté des deux côtés, quel dialogue et donc quelle relation et puis quelle efficacité !
La mission de Jésus consiste à guérir des infirmités spirituelles qui entachent la pureté de notre vie. Et nous savons que cette impureté nous exclue de la bonne relation avec Dieu.
Mais elle ne nous condamne pas, car si nous le voulons nous pouvons nous laisser guérir par Dieu qui passe ou plus exactement qui est toujours là, à la portée de notre main.
Nous nous laissons alors restituer dans la dignité d’enfants de Dieu.
Et à partir de là, notre place dans la société est efficace et nous y sommes comme de citoyens de plein droit au sens où nous sommes libre, plus libre, presque entièrement libres de nous mouvoir dans les relations les uns avec les autres.
La mission de Jésus consiste à faire de nous ses prolongements.
Il nous nous pose la même question que celle posée par le lépreux, Jésus nous demande, « si tu veux, tu peux être guéri » Et si nous répondons, » Oui Seigneur, je le veux, purifie-moi, « c’est déjà pour notre propre bonheur, mais c’est surtout pour être envoyés en mission auprès des autres.
2° Mais la mission est immense et elle ne sera jamais finie. Aider les autres à se laisser purifier de la lèpre de la jalousie, de la haine, de la volonté morbide de vengeance, des sentiments qui aveuglent ou des raisonnements qui enferment dans des circuits nauséabonds..., faire sortir tant et tant de nos contemporains des impasses qui conduisent à la discorde et in fine entraîne la mort spirituelle et y compris parfois physique...
Ne pas se décourager de ne pouvoir être guéri de ses propres infirmités qui entachent la vie et ne pas se décourager par la possibilité de guérir autour de nous c’est faire preuve de la liberté intérieure que seule l’espérance comme grâce divine peut donner.
C’est dans cette attitude d’une pleine liberté intérieure que l’on peut avec st Paul dire tout ce que vous faites, faites le pour la gloire de Dieu :
« Ainsi je tâche de m’adapter à tout le monde, sans chercher mon intérêt personnel, mais celui de la multitude des hommes, pour qu’ils soient sauvés »
Quelle belle indication pour être un vrai prolongement de la mission du Christ.
Paul qui essaie de s’adapter à tout le monde, il sait ce que cela lui coûte.
Mais, il sait aussi que cela est la condition nécessaire pour entrer en relation avec l’autre et puis lui permettre d’entendre le désir d’être guéris. Paul y adapte son comportement pour ne pas être obstacle pour qui que ce soit à la possibilité qui est donnée à tous de pouvoir être guéris et ainsi qu’à leur tour de rendre Gloire à Dieu.