2017/01/13 - Homélie - 2e dim. ord. - Baptême de Jésus

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Jean-Baptiste désigne Jésus comme Messie, fils de Dieu et agneau de Dieu. Il accomplit une mission qu’il reçoit dans la foi. Son rôle consistait à dire la vérité sur ce Jésus qu’il baptise. Et ensuite disparaître, ce qu’il fait en toute humilité. Il nous est un modèle inestimable. Nous avons tous une mission que nous découvrons dans la foi. Il y a deux manières de la découvrir. 

D’ordinaire, nous la découvrons grâce à l’appel qui nous est fait par quelqu’un de la communauté. Mais parfois, il arrive, comme à Paul, d’être missionné par une intervention divine directe. C’est alors que, sans ambiguïté aucune, le changement radical s’impose, une nouvelle direction à prendre et une nouvelle attitude à adopter. Cependant dans tous les cas, accepter une mission suppose la conversion intérieure, toujours nouvelle. 

Dans toute mission, Dieu assure le croyant de sa présence et de son soutien. Mais combien de fois, le croyant expérimente  une absence de Dieu lors de la mission qu’il doit en son nom accomplir. Il se découvre alors un serviteur d’une cause dont le commanditaire a semblé disparaître entre temps. Ce n’est pas très confortable, voire dangereux. Cela peut conduire jusqu’à remettre en cause la raison même d’une telle mission et de s’arrêter à mi-chemin en rendant le tablier. C’est ce découragement qui guettait les Juifs en exil, dont nous parle la première lecture. Nous utilisons un prétexte facile en disant que nous sommes à court du carburant, que l’énergie et le temps ne sont plus disponibles, et qu’il y a  assurément une pause  à faire et s’arrêter un peu avant de disparaître des écrans de la communauté et retomber dans l’anonymat de la société ambiante. Même si du point de vue des ressources purement humaines ceci est complètement à prendre en compte, il n’en demeure pas moins, que cela appelle à identifier la cause véritable. 

Or, à l’instar de Jean-Baptiste, le croyant est un serviteur missionné, ce qui veut dire outillé. Outillé par la profondeur de sa foi reçue au baptême et  qui le fait adhérer au Christ au plus intime de lui-même. Outillé par la communauté et l’ensemble d’Eglise composée, des gens, qui comme lui, unis dans la prière, assidus à l’enseignement des apôtres, prenant part au même pain et au même vin, mus par la même charité vivent en frères. Ainsi outillé, il est serviteur. 

Le croyant est un serviteur. Il a à accomplir une mission dans l’attitude d’être au service de la mission et de Dieu in fine. Alors que si souvent nous sommes tentés de faire l’inverse, à savoir de rendre des services que nous estimons pouvoir rendre. Rendre des services, c’est de se positionner dans une attitude du donnant donnant. Je me sacrifie, mais j’attends une récompense, en fait, pas grand-chose, car souvent, par abnégation ou dépit, je deviens minimaliste. Mais tout de même je me sacrifie pour mes enfants, pour les enfants des autres. Mais ils ont intérêt à le reconnaître le plus tôt possible. Peut-être pas forcément à l’adolescence, mais sûrement plus tard. Même si c’est légitime, dans l’esprit chrétien, cela n’entre pas en ligne de compte. Nous ne travaillons pas aux œuvres de Dieu pour être récompensés. La récompense, elle nous est déjà donnée, il n’y a qu’à la cueillir. C’est la grâce du salut, la grâce de  Dieu qui nous rend libre de vivre et d’agir. Elle nous rend libre y compris par rapport aux effets de notre travail lié à notre mission. 

Le croyant,  comme Jean-Baptiste, est un serviteur doté d’une mission, celle d’indiquer le Christ. Et le croyant, comme Jean Baptiste, va mettre tout le poids de sa vie pour le dire le plus clairement possible. 

Mais le croyant va le faire, comme Jean-Baptiste, avec toute son humilité et effacement devant celui qu’il désigne : « Voici l’agneau de Dieu ». Le croyant, comme Jean-Baptiste, sait que les attentes du messie, sous une forme ou une autre, ne sont pas forcément celles qui sont identifiées par la foi seule, sans mélange idéologique ou rêverie quelconque. 

Le croyant, comme Jean-Baptiste, sait que la mission au service de laquelle il se met, n’est pas uniquement destinée aux siens,  à ses enfants, à son groupes de caté, à ses semblables de la communauté. Il sait que sa mission le pousse à être au service de l’univers entier et l’humanité entière. Il peut le faire par l’ouverture d’esprit dans la prière et l’attention aux petits détails qui peuvent concerner quelqu’un qu’il ne connaît pas, mais qui pour lui demeure un frère. C’est la meilleure manière de se prémunir contre l’enfermement mental ou consanguinité de pensée. 

Le croyant, comme Jean-Baptiste passe par des moments difficiles, où son image de Dieu va être soumise à l’épreuve du réel de sa vie. Et même s’il est conduit en prison comme Jean-Baptiste l’a été et doute du bien-fondé de sa mission, au creux même de sa désespérance, comme Jean-Baptiste et comme Job, le croyant cherchera à trouver, par le cri lancé hors de lui-même, les signes que Dieu ne l’abandonne pas. Et même si tous les hommes autour de lui le lâchent, il sait que Dieu ne le lâchera jamais. La première lecture le rappelle si on se souvient du contexte dans lequel se trouve le peuple d’Israël au VI s avant Jésus Christ, exilé en Babylone. C’est dans les situations de privation de la liberté extérieure que le croyant découvre la grandeur de la liberté intérieure.  

Le croyant, comme Jean-Baptiste est un fidèle serviteur de la volonté de Dieu, serviteur qui accomplit la mission à lui confiée et qui en rend gloire à Dieu. Amen.