2017/10/29 - Homélie - 30e dim. ord.
Aimer Dieu c’est aimer ce qu’il aime.
J’aime, je n’aime pas, ce sont les expressions les plus utilisées par les enfants. Et souvent, c’est dit sans y avoir goûté. Et nous, les adultes, nous ne sommes pas en reste. Certes, nous avons appris à distinguer entre ce que l’on voudrait aimer et ce que l’on doit aimer. Mais par devoir pour respecter le code moral parce qu’avec le code social, cela ne tiendrait pas bien longtemps. À moins que nous n’enracinions ce devoir dans l’amour de Dieu pour nous. Regardons de plus près.
Nous aussi, nous- nous posons cette question : quel est le plus grand commandement ? Qui doit-on aimer en vérité et pour du bon. Et si nous le faisons, ce n’est pas tant pour mettre Jésus à l’épreuve. Nous le faisons plutôt pour chercher des preuves de la bonne conduite. Quelle loi suivre pour être épanoui dans la vie ?
Jésus nous rappelle que d’abord c’est aimer Dieu. Et le reste sera donné.
Aimer Dieu d’abord ? Mais c’est contre la nature ! D’abord nous aimons nos proches, en couple, en famille, entre amis etc.
Lors de la réception de mariage de samedi dernier, une discussion m’a beaucoup marquée. Un couple et leur fils, un jeune adulte, déclarent venir à la messe tous les dimanches. Ils m’interrogent sur la résurrection de la chair. C’est un de sujets favoris de nos contemporains qui butent contre cette donnée de la foi chrétienne. Mais pas seulement sur cela. Dans l’échange je suis amené à dire que ce corps transfiguré, comme celui de Jésus ressuscité participera à la louange de Dieu. C’est ainsi que nous aimerons Dieu totalement. Et dès maintenant, nous avons à nous y entrainer.
Et alors, je continue à expliquer, qu’au ciel, même l’amour de notre conjoint, comme celui de ces jeunes mariés, n’aura plus d’importance. Car, si on se marie pour la vie sur terre, c’est pour la vie éternelle que l’on aime Dieu. Et alors la réaction du fils et de la mère furent empreintes d’une telle indignation, que j’ai cru qu’ils allaient me lyncher sur place. « L’amour des proches au paradis sans aucune reconnaissance ? Car tout inondé par l’amour de Dieu, c’est horrible ! « Or, le père qui comprenait très bien cette donnée de la foi chrétienne, tenta, lui aussi de l’expliquer, mais en vain.
Si j’évoque cet échange, c’est pour illustrer la question de la priorité de l’amour de Dieu. Toute la portée d’une telle priorité va se révéler seulement au paradis. Mais nous n’y sommes pas encore. Nous accédons au paradis par le baptême et les sacrements, à chaque messe. Et à chaque moment de prière personnelle sincère et dans la confiance en Dieu qui peut tout le bien qu’il souhaite pour nous. Aussi par chaque action empreinte d’une charité christique, au nom de ce Jésus qui nous ouvre les yeux et les oreilles (Effatha-ouvres-toi !) à cet amour de Dieu pour chacun de nous.
C’est chaque fois que nous sommes dans l’amour de Dieu que les portes du paradis s’ouvrent à nous. Et si par malheur, les gens ignorent cet amour de Dieu et sa priorité, ils peuvent se contenter de l’amour humain seulement. Car assurément Dieu y reconnaîtra quelque chose de sien. Mais, si nous l’ignorons malgré les rappels comme celui de ce soir, les portes du paradis se refermeront aussitôt. Car notre vie sans une telle priorité d’amour de Dieu, est très vite prise par tant de choses quotidiennes qui nous éloignent de ce paradis, de cet amour de Dieu d’abord.
Que veut dire aimer Dieu d’abord ? Est-ce oublier ses proches ? Nullement ! Est-ce aimer notre prochain juste en faisant semblant, car en n’aimant que Dieu ? Pas d’avantage ! Jésus donne la clef. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Alors n’est-ce pas une incitation à être égoïste ? Nullement !
Je dois m’aimer comme Dieu m’aime. ‘Soyez vous-mêmes’, prend alors un tout autre sens. Car, si j’avance dans cet amour que Dieu a pour moi, alors je découvre peu à peu qu’aimer Dieu c’est aimer ce qu’il aime.
Aimer ce qu’il aime. Et il aime toute sa création. Il l’aime pour la sauver, c’est-à-dire pour la ramener vers lui dans son éternité. Pour être ensemble. Et moi je le signifie par mon comportement à l’égard de quelques-uns qui sont à mes côtés de façon durable ou passagère, mais qui sont toujours à accueillir en frères. AMEN