2017/11/05 - Homélie - 31e dim.ord.

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Dieu père, comme mère, et nous


Père, mère, enfants, ce sont les trois composantes d’une famille. La vie spirituelle (et donc convivialité spirituelle), individuelle et communautaire, s’appuie sur cette grille de lecture. Mais, dans la foi chrétienne ces trois composantes obéissent à des règles bien spécifiques. Il est bon de les préciser pour savoir comment nous y mouvoir, comment en vivre. 

Dans la Bible, très rapidement, Dieu est présenté presque toujours comme un père. Jésus l’appelle son père et il nous demande de l’appeler notre père.  Mais dans la Bible et jusqu’à Jésus on découvre que ce Dieu qui se présente comme Père est amour. En découvrant cet amour de Dieu le Père, on voit qu’on peut lui attribuer les qualités d’une mère. Il est un père qui aime comme une mère. Son autorité de Père est enrichie de la tendresse que, spontanément,  on va attribuer à une mère. 


Le Père et son autorité
. Nous sommes toujours dans la dimension de la foi chrétienne. Même si cela est bien éclairant pour l’exercice de l’autorité parentale (et surtout paternelle) en famille.

Quatre pièges sont à éviter :


Dire et ne pas faire

(tu vas à la messe, mais pas moi, tu ne mentiras pas, mais moi c’est autre chose, tu feras tes devoirs, moi je fais comme je peux…..) Alors que le rôle de Dieu le Père est d’apprendre à ces fidèles sa Loi. Il le fait par sa Parole qui se donne comme la Loi, une règle à suivre. 

Le but est donc de la  faire, apprendre, la garder, la faire enseigner et la faire accomplir.

Les prêtres, responsables de communautés ont le devoir d’annoncer la Parole de Dieu. A temps et à contre temps. Et à en vivre pour eux-mêmes et pour en  donner l’exemple. Mais au lieu de  le dire et de  le faire, ils « détruisent l’alliance’ (et le peuple la profane, cf. Ière lecture) 

Dans un contexte de relâchement moral et religieux à l’époque de Malachie, comme aujourd’hui, ces paroles résonnent comme un avertissement pour tout le monde.  

Nous pouvons nous détériorer, mais Dieu ne change pas.  Le livre de Malachie contient ces trois thèmes : Dieu est Père, Il donne son Alliance, et cette alliance est à vivre au service de Dieu lui-même et des Frères. 

Les prêtres ont donc à être fidèles à l’annonce de la parole de Dieu et  avec les laïcs à en vivre dans les relations mutuelles.


Autorité comme une domination

C’est contre cet abus que Jésus met en garde au sujet des titres Père et Maître. Ne donnez  à personne sur terre le nom de Père ou le titre de Maître. Il ne s’agit pas d’une fausse modestie qui conduirait à déconsidérer un prêtre comme père spirituel ou maître dans le sens de celui qui enseigne.  

Par analogie, c’est la même chose pour les pères de famille. Une telle autorité est un service et pas un prétexte de domination. Car les conséquences des abus qui en découlent sont très graves pour la vie de personnes concernées. 

Si l’autorité de Dieu le Père n’était pas enrichie dans l’imaginaire biblique par la tendresse, elle ne serait qu’exercice de soumission qui rend esclave. Qui ne voudrait y échapper ? 

C’est sûrement aussi une des multiples raisons pour lesquelles tant des chrétiens ont quitté les bancs d’églises. Etre obligé de suivre les lois de l’Eglise souvent sous pression sociale, sans y sentir quelque chose de bon pour soi (conformément à la Loi de Dieu) c’est une domination qui rend esclave. 


Vouloir paraître

Jésus dénonce cela en parlant de vêtements et des premières places dans les réceptions plus ou moins mondaines qui attirent l’attention pour attirer des honneurs. Donc si pour cette raison vous vous attendez à ce que l’on vous appelle rabbi (à traduire pour nous : par maître ou père spirituel) vous êtes dans le paraître. Toutefois vous pouvez vous laisser appeler ainsi. C’est seulement pour reconnaître et reconnaître en vous la force qu’un titre pareil représente. Reconnaître l’autorité qui s’offre à ceux qui sont soumis à la liberté d’enfants de Dieu. C’est alors, qu’ensemble, nous sommes  aussi des missionnaires du Père des cieux. 


Se croire important

Et il y a différentes manières de le signifier. Par l’attachement à notre conviction (j’ai raison… car…) sous prétexte que nous avons l’autorité. Or la conviction doit être vérifiée pour savoir si son contenu, oui ou non, est conforme à l’esprit de l’Alliance de Dieu avec les hommes et si elle  conduit à Dieu. 


Quelques conséquences pratiques
pour la communauté comme la nôtre. Elles peuvent aussi être appliquées à toute famille chrétienne au sens fort du terme. Famille qui désire de vivre selon la loi de Dieu. Et  qui tend à échapper à la profanation de l’Alliance. Ces conséquences découlent de la manière dont nous vivons notre foi en Dieu Père qui aime comme une mère. 

- une communauté chrétienne est unie par la foi en Dieu Père

- elle est missionnaire du Père qui a envoyé son Fils et les deux sont présents par l’Esprit. 

- elle est unie par la tendresse maternelle. 


Nous allons dire ensemble les paroles du Psaume 130. Et puis les laisser résonner en nous comme une invitation à nous laisser imbiber d’une telle tendresse :

« Seigneur, je n’ai pas le coeur fier, ni le regard ambitieux ;

Je ne poursuis ni grands desseins, ni les merveilles qui me dépassent.

Non, mais je tiens mon âme égale et silencieuse,

Mon âme est en moi comme un enfant, comme un petit enfant contre sa mère

Attends le Seigneur, Israël, maintenant et à jamais »          AMEN