2018/09/09 - Homélie

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Introduction générale


Nous voici ensemble, pour la messe qui est une rencontre familiale. Nous avons répondu à l’appel du Christ, par l’intermédiaire de nos parents et/ ou notre propre conscience. Le Christ veut nous guérir de tout ce qui nous empêche d’accueillir son salut. Laissons-nous accueillir dans un tel amour qui est plein de Miséricorde. Dans l’Évangile qui fait écho à la première lecture, Jésus veut ouvrir nos oreilles à sa parole et nos yeux à ses merveilles. Effata ! Ouvre- toi !, comme dans le rite du baptême, qui y prend sa source. Comme autrefois dans l’évangile, Jésus se penche sur le sourd muet que nous sommes, mais désireux d’être guéris du mal qui nous tenaille. En toute confiance, laissons-nous accueillir par un tel amour


Demandons à Dieu son pardon.  Silence puis : 


- Seigneur, accorde-nous ton pardon - Nous avons péché contre toi ! -Montre-nous ta Miséricorde - Et nous serons sauvés !        Que Dieu tout….


Introduction avant le psaume


Psaume 145 ressemble à un inventaire. Celui des bénéficiaires des largesses de Dieu : opprimés, affamés, enchaînés, aveugles,  accablés,  étrangers, veuves et orphelins. Brefs tous ceux que, si souvent, les autres ignorent et méprisent. Le Peuple d’Israël, en chantant ce psaume, c’est sa propre histoire qu’il chante. Israël était déjà tout cela. Tout cela, nous, nous aussi, nous le sommes un peu ou beaucoup. Ce psaume fut chanté  dans le Temple au retour de l’exile en Babylone.  Quelle joie et quel accueil de Dieu par ce peuple, si reconnaissant. 


Homélie


Les lectures d’aujourd'hui nous parlent de l’accueil de la bonne Nouvelle du salut. En venant à la messe nous nous laissons accueillir par l’auteur du salut. C’est le Christ lui-même qui nous rassemble. A notre tour, à son image, nous avons à nous accueillir les uns les autres. Les nouveaux étant accueillis par les anciens, car tous par le Christ. 


Dans une des paroisses précédentes où j’étais curé, sur le devant du mur de l’église se trouvait un panneau bien visible depuis la rue : Accueil paroissial. Une des paroissiennes,  en le voyant me disait, accueil oui, mais ce n’est pas écrit si il est bon ou mauvais. Puis elle s’est trouvée elle-même à l’accueil pour accueillir les autres. 


Au nom de qui se fait donc l’accueil dans la paroisse, communauté, en Eglise ? Oui, c’est au nom de Dieu, c’est-à-dire de l’espoir d’être sauvé. Dans la première lecture Isaïe parle de ce salut à accueillir en des termes pour le moins étonnants : vengeance de Dieu qui vient. Comme si Dieu avant besoin de se venger sur qui que ce soit, fusse sur le mal. C’est une façon de dire la manière radicale par laquelle  Dieu veut nous sauver. Il veut éradiquer tout le mal qui est en nous. Le mal qui nous traverse et qui est autour de nous et qui parfois nous tenaille. Le mal qui nous rend esclave du corps par une maladie physique, de l’esprit, (maladie mentale), et de l’âme (maladie spirituelle). Si parfois nous ne pouvons pas être libérés de la première voire de la seconde dépendance, nous pouvons l’être de la troisième. Nous avons la possibilité d’accueillir une telle libération au plus profond de nous-même. Et qui sait, peut-être agira-t-elle sur les deux autres dépendances ? Nous sommes donc invités à accueillir cette vérité et ceux qui la portent.


Mais, c’est seulement celui qui est qui, peut accueillir. Comme c’est celui  qui est bien aimé, qui peut  bien aimer. Nous accueillons les autres avec le visage de Dieu. Lui, qui est tout accueil. Lui qui l’est, car s’oubliant lui-même. Je sais que c’est contraire à la mode, que souvent c’est même contre la nature ; et que c’est horriblement difficile ! Accueillir avec le visage de Dieu, donc en s’oubliant soi- même. En disant cela c’est un chemin que j’indique, et non pas  l’arrivée. 


Dans mes lectures de vacances, j’ai trouvé chez Pascal Ide, la présentation d’un homme, américain je crois, qui, après la 2 guerre mondiale, était très engagé dans la réconciliation entre les Français et les Allemands.  Dans les rencontres, cet homme passait pour inaperçu, voire inintéressant. Mais en le fréquentant, on pouvait s’apercevoir qu’il avait une telle capacité d’écoute et donc de l’accueil, que sa personne et ses compétences humaines et spirituelles passaient au second plan. Il s’est vidé de lui-même pour être à l’autre, comme Jésus sur la Croix (Kénose, cf. Ph2). Il permettait ainsi aux sourds-muets à cause de leur souffrance de parler et d’entendre. 


Nous sommes souvent incapables de cela. Et à Hong Kong, c’est bien difficile, où briller est une de premières ‘qualités’ attendues. Mais c’est toujours possible de tendre vers un tel idéal. Idéal que Jésus nous montre par sa propre vie. Lui, qui savait accueillir en vérité, le sourd-muet de l’évangile entendu à l’instant, mais aussi d’autres (Samaritaine, Nicodème, jeune homme riche…). Avec le succès que l’on connait, succès référencé à la liberté de celui qui rencontre un tel Jésus. Succès à accueillir la vérité sur soi-même, sur les autres. 


Nous pouvons aussi nous sentir accueillis par la communauté, par les autres. Mais cet accueil doit se faire au nom de Jésus et de son amour qui n’a pas peur de la vérité dans l’amour et donc la tendresse. C’est alors que l’accueil prend tout son sens. Cependant, l’accueil humain est extrêmement important. Car il conditionne l’accueil spirituel. Ne négligeons pas l’un, mais n’oublions pas de mener vers l’autre. Combien de fois n’ai-je pas entendu, tout comme vous sans doute : je me suis senti toute de suite accueilli et cela m’a permis de grandir dans la foi. Mais aussi : je ne me suis pas senti accueilli et cela m’a bloqué pour un temps, longtemps, voire toujours. Le propre d’un blocage, c’est qu’il barre la route de la rencontre. Certaines rencontres sont dangereuses et donc à éviter on y bloquant la route délibérément. Cependant, il y a bien d’autres rencontres bloquées, comme ceux concernant l’accueil dans l’Eglise, alors qu’il faut les débloquer pour le bien de notre vie spirituelle et de notre salut et celle des autres.  


Prions pour le bon accueil dans les écoles, au travail, dans la société. Prions pour le bon, car spirituellement fondé, accueil dans la communauté. Même si à Hong Kong nous n’avons pas la possibilité de le signifier par la convivialité, immédiatement après la messe. Durant la messe, avant et après pendant 15 minutes environs, nous pouvons l’expérimenter humainement et spirituellement. Pourquoi ne pas rencontrer après la messe quelqu'un que je ne connais pas, ou alors me laisser accueillir en toute confiance ?  Ce n’est pas l’habit  qui fait le moine, la valeur de la vie c’est bien autre chose que la reconnaissance purement humaine ou sociale. Ici nous sommes tous égaux. Amen.