2010/05/30 - Homélie - Pèlerinage polonais
Cela fait déjà 167 fois que des émigrés polonais en pèlerins se retrouvent à Montmorency. Deux endroits sont particulièrement marqués par une telle présence : la collégiale pour la messe commémorative et juste après, le cimetière pour le recueillement sur les tombes. Le cimetière de Montmorency tient une place centrale dans l’histoire de la Pologne tant d’illustres compatriotes reposent dans cette terre. Les récents événements qui ont secoué la Pologne, je pense à la catastrophe de Katyn et ses répercussions, mais également, la béatification prochaine du Père Popieluszko, m’amènent à les prendre en compte dans cette homélie.
Avant d’y revenir, regardons de plus près ce qui est au centre des lectures d’aujourd’hui : Dieu-Trinité. Celles-ci recèlent en effet des indications précieuses sur ce que signifie le Dieu des Chrétiens, ainsi que sa place dans la vie sur terre.
Le livre des Proverbes, écrit au milieu du I siècle avant J-X témoigne d’une étape très importante dans l’évolution qui accompagne la prise de conscience de ce qu’est Dieu Trinité. Dieu de la Révélation faite à Abraham est un Dieu qui veut épouser l’histoire de l’homme. Il conduit le monde avec sagesse. Il est le seul à savoir ce qui est bon pour l’homme. Sagesse dans ce livre n’est pas une personne, c’est un artifice littéraire.
Mais elle, la sagesse a prévalu, nous dit la Bible, dès avant la création du monde, donc elle est éternelle. Or qui l’est, sinon Dieu seul ? Si pourtant la distinction semble s’imposer, n’est-ce pas pour dire que la sagesse n’est pas seulement un attribut de Dieu, mais son vis-à-vis? Les chrétiens vont donc aller jusqu’à identifier cette sagesse au Christ lui-même.
Donc, dans la pédagogie divine dont les Ecritures font l’écho, il est d’abord question de la nécessité de s’attacher au Dieu unique avant de découvrir Dieu Trinité. Le Christ sagesse va donner une indication très nette sur l’existence agissante à sa façon de l’Esprit :
Jn16,12-13 :
« J’ai encore bien des choses à vous dire mais, actuellement, vous n’êtes pas à même de les supporter ; lorsque viendra l’Esprit de vérité, il vous fera accéder à la vérité tout entière, car il ne parlera pas de son propre chef, mais il dira ce qu’il entendra et il vous communiquera tout ce qui doit venir. »
C’est un Esprit défenseur, consolateur et conseiller. Il est présent pour éclairer non pas le futur, comme le font les divinateurs de toutes sortes qui prédisent l’avenir, mais en accompagnant la vie de l’homme.
Dans l’histoire du Christianisme nous trouvons un concept qui résume une telle présence de Dieu à la foi Père, Fils et Esprit : celui de la Providence. Comme dit le Catéchisme de l’Eglise Catholique, no 321 :
« La divine providence ce sont les dispositions par lesquelles Dieu conduit avec sagesse et amour toutes les créatures jusqu’à leur fin ultime »
La présence agissante d’un tel Dieu est donc indéniable. Comment une telle vision tient-elle face à l’imprévu catastrophique comme celui de Katyn ou même celui du martyr du P. Popieluszko, face au mal en général ? St Augustin nous affirme que Dieu est suffisamment puissant pour faire sortir le bien du mal. (CEC, 311) Comment comprendre toutes les souffrances qui nous touchent et qui pourtant nous semblent, en toute évidence, absurdes ? De deux choses l’une : soit, elles n’ont aucun sens, soit, elles en ont un. Si c’est le premier cas, nous perdons notre temps étant ici tout comme dans tant d’autres commémorations à caractère religieux ou laïc.
Dans la catastrophe de Katyn, l’Occident a vu bien volontiers la confirmation d'une vision de la Pologne prétendument destinée à une souffrance expiatoire. A cette occasion on a donc exhumé le vieux mythe messianique du XIX siècle de la Pologne qui comme Christ souffrant vit sa passion avant de recouvrer dans une résurrection à caractère politique l’indépendance étatique. « Il est dangereux de côtoyer des Polonais », avouent des adolescents qui n‘ont jamais rencontré un Polonais lors d’un échange avec leurs parents au sujet de la catastrophe de Smolensk. Voir les uns chargés d’un destin de souffrance par les autres, voire par eux-mêmes, ce n’est pas accéder à la pleine conscience de sa propre identité, car la souffrance fait partie de la vie où qu’elle soit. Mais c’est l’accumulation des faits auxquels on est attentif à cause d’une grille de lecture préétablie qui fait lire ces événements de la sorte.
La symbolique de Katyn est tellement forte qu’elle réinvite à la double lecture. Celle de la mémoire purement historique de la Pologne marquée par des relations tumultueuses avec ses voisins (combien d’autres pays le sont) et celle de la place de la foi chrétienne dans l’interprétation des événements.
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La fête de la Sainte Trinité nous indique le chemin par lequel nous sommes invités à passer. Si toutefois nous désirons éclairer grâce à la Bible nos vies par la Parole de Dieu qui est une Parole de Vie, mais aussi par cette parole sur Dieu et donc parole sur notre vie.
Dieu amour se communique au présent de nos vies et, sans vouloir lui tirer tous les éléments de mystère qu’Il demeure pour nous, avec une confiance toujours à renouveler, nous sommes en mesure de marcher à pas assurés, car il nous a déjà, dans sa Providence, justifiés en Jésus-Christ, c’est à dire ajustés à lui. Et maintenant assistés de l’Esprit défenseur, consolateur et conseiller nous avançons confiants malgré les aléas de la vie.