2010/09/19 - Homélie à la mémoire de l’Abbé Adeux

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Dans une des lettres aux paroissiens, celle du mois de mars 1963 l'abbé Adeux  disait ceci, entre autres choses :

 

L'opinion publique se paganise de jour en jour davantage. Or jamais l'information ne fut si peu anticléricale, à part quelques rares exceptions. ...   Elle (l'information) ne discute pas la loi chrétienne, elle l'ignore ; elle n'attaque pas nos croyances, elle les sape. Cela se fait, non pas dans des disputes académiques ou échanges brutaux de propos, mais par la présentation d'une vue du monde privé de Dieu, sapée par les passions. Nous sommes imprégnés de paganisme sans nous en douter.  Ne nous croyons pas  indemnes parce que nous sommes décidés à nous affirmer chrétiens, à être des militants, car nous sommes assiégés, tout comme les autres par une vie faite pour nous écarter de Dieu et des autres.

 

Loin de moi l'idée de vouloir faire une exégèse plus ou moins savante de ce texte, pour exégèse, comme le mot l'indique et puisqu'il lui est réservé, je tenterai de l'appliquer aux textes bibliques que nous venons d'entendre. Si cependant je me suis permis de commencer cette homélie, ce sermon plus exactement car en m'appuyant sur l'événement qui colore cette messe et donne du sens à notre rassemblement  et qui se continuera après sur le parvis et de nouveau dans l'église, c'est avant tout pour nous permettre de rendre présente la figure du prêtre que l'Abbé Adeux était pour la paroisse de Groslay et dans la ville. Car, si le choix du conseil municipal s'est porté sur lui pour ainsi honorer une figure d'Eglise marquant la vie de la ville de Groslay c'est précisément,  si j'ai bien compris, - et Mr le Maire nous le dira sur le parvis certainement avec plus précisions - pour saluer un homme d'Eglise qui naturellement (et je reviendrai sur cet adjectif 'naturellement') tenait une place dans la vie de la cité.

 

L'Abbé Adeux se présente en observateur avisé de la société ainsi que  de la place des chrétiens car il est bien placé de par sa fonction, mais ceci n'aurait pas suffi  s'il n'avait été imprégné par  ce respect pour tout être humain et la création entière ; respect,   j'ose dire amour ce qui est bien plus et bien différent de l'amitié pour ceux qui sont aimables.
Respect, c'est ce que les lectures d'aujourd'hui nous font comprendre à souhait, ce respect pour tout et chacun sans différence sur ceci ou cela, et donc évidemment  en épousant la cause de ceux qui sont en difficulté pour des raisons diverses et variées. Dans la première lecture Amos plaide en faveur des exploités, mais il le fait au nom de la conscience de croyant, car il se réfère à Dieu. Trois constats pour nous à en tirer :  - d'abord le fait que les manipulations du cours des prix des matières de première nécessité ne datent pas  d'aujourd'hui, - puis que se référer à Dieu dans l'éveil de la conscience c'est parler de la transcendance et donc de Dieu et donc de sa loi et donc de l'apprentissage de sa loi et ainsi de suite en terme de son application -et troisièmement que même les croyants ne sont pas indemnes (pour reprendre le terme de l'abbée Adeux cité au début) de cette emprise qui emprisonne la liberté véritable en vue de faire croître l'attitude de justice.

 

 L'abbé Adeux a bien vu l'évolution en cours. Jésus dans l'Evangile donne une leçon de choses pour savoir comment, en amont de la question de la justice sociale, se situer face aux biens matériels, avec quelle priorité du spirituel comme couronne de l'échelle de  valeur d'une vie. En effet il est contradictoire au point de devenir impossible que de vouloir servir les deux à la fois, l'argent et Dieu, servir au sens d'être au service de  façon aveugle, idolâtre dans le cas de l'argent et en amitié, voir amour avec Dieu et pour ce faire l'argent est un outil indispensable.

 

Mais c'est la seconde lecture qui nous donne une clé intéressante pour envisager les relations entre la dimension croyante de chrétiens qui se rassemblent comme ici et la société dite civile. Pal dans la lettre à Timothée dit ceci :
J'insiste avant tout pour qu'on fasse des prières de demande d'intercession et d'action de grâce pour tous les hommes pour les chefs d'état et tous ceux qui  ont des responsabilité, afin que nous puissions mener notre vie dans le calme et la sécurité, en homme religieux et sérieux'

 

Il y a ici  un indice qui nous permet de comprendre la façon dont est envisagé dans la foi chrétienne le lien avec le monde. Paul ne demande pas de prier pour la conversion (cela ne veut pas dire que son désir de voir tous être sauvés et le savoir dès à présent de leur vie sur terre n'est pas présent ce serait faire  mentir  l'Apôtre pour le bonheur qu'il a envie de partager) mais ici il demande de prier pour tous les hommes, tout simplement. Ce texte est pour nous les chrétiens le fondement de nos prières universelles La tradition de la prière Universelle est bien visible dans la grande prière du vendredi saint. Et le dernier concile a étendu cette pratique à tous les dimanches. Ainsi est donné aux communautés le moyen de lutter contre la tendance naturelle du repli sur soi.    

 

Nous voici donc à pied d'oeuvre pour continuer ensemble (disait-il en octobre 1964) ce travail apostolique et cette collaboration confiante  et fraternelle, condition de toute réussite  en quelque domaine que ce soit. Tous au travail donc, vous mes chers militants  et collaborateurs, vous aussi, mes chers  amis croyants, pratiquants ou non, qui avez à  coeur de bâtir la Cité de Dieu parmi nos frères.... 
A vous tous aussi, mes chers amis non croyants qui me lisez, j'adresse le même appel à l'union et à la collaboration sur le programme minimum commun qui est l'épanouissement, le bohneur et l'avenir heur de notre jeunesse. Nous pères et nous même nous avons lutter tous ensemble pour assurer  aux jeunes générations, la liberté, le droit de penser et d'être des hommes dont nous serons fiers demain. Ainsi, ne comprendraient-il pas que nous nous, les moins jeunes, nous remettions en cause, par nos divisons, nos suscpicions et nore sectarisme, ces valeurs morales  et sociales qui conditionnent  le bonheur que nous voulons leur assurer.

 

L'Abbé Adeux a vu juste et le temps lui donne raison. Même si la place du prêtre a considérablement évolué,  le message et la pertinence de sa diffusion tout aussi bien que la nécessité d'en mettre en oeuvre les moyens sont des impératifs de notre vie chrétienne. Le parvis sur lequel nous allons nous trouver en dit long sur la possibilité d'une telle rencontre dans la confiance de respect mutuel et pour la paix   dans la justice sociale.

 

'Aux uns et aux autres, car tous, je vous considère comme Amis et Enfants de Dieu, je renouvelle l'assurance de mon inaltérable dévouement et l'expression de ma bien vive affection.'  Votre curé,