2012/03/02 - Homélie pour Simone
Tout d’abord un souvenir personnel : Nous retrouvions lors des commémorations du 8 mai et du 11 novembre, et, parfois au cimetière pour le 1er novembre. Des échanges brefs mais substantiels, sur la vie, sur le besoin d’entretenir la mémoire, la bonne, celle qui donne à vivre. Des échanges emprunts d’une attention qu’elle portait à ce que l’autre pouvait lui dire, d’un grand respect pour ce qu’il y a d’humain dans ses dimensions, y compris spirituelles. Par une telle attitude, elle était, dans toutes ses activités, un passeur de vie, passeur inlassable, infatigable, invariable.
La première lecture, tirée d’une lettre de st Jean (1Jn3) nous rappelle qu’être passeur de vie, c’est reconnaître qu’en aimant nous appartenons à la Vérité. Aimer c’est servir, mais qu’est ce que la Vérité au nom de laquelle un tel amour est possible ? Qui ne se la pose pas, cette question aux allures d’un devoir à faire pour savoir si la vie traversée a une quelconque valeur ?
Pour être « passeur de vie », il faut se trouver dans une disposition pour ; cela suppose veiller. Dans l’évangile (Luc12, 35-38,40) Jésus prend l’image d’une lampe allumée et d’une tenue de service. Tenir une lampe allumée, être en tenue de service du frère, de tout frère. C’est dans cette attitude que Simone accomplissait son métier de professeur de sciences. Son implication pédagogique dans ce domaine est connue. L’importance des sciences sur cette colline de Montmorency est reconnue par beaucoup. Comment ne pas s’en réjouir ? Tout en sachant qu’il n’y a de vraie science comme il n’y a de vrais scientifiques que lorsque la science et tout ce qu’elle ausculte avec les moyens dont les scientifiques disposent, n’est qu’enchâssée dans cette espace plus grand encore qu’elle, celui de la méta-physique. Par delà son usage technique, le mot ‘métaphysique’ prend ici tout son sens à la fois humain et existentiel. C’est dans cette ouverture d’un esprit capable de résister à l’assaut des réductions idéologiques de toutes sortes, que se loge la grandeur de la science et la grandeur de la vie qui s’y est vouée. Simone savait en faire usage en veillant à ce que le service de la science participe de(à) la croissance de l’espace de liberté et de(à) l’augmentation du niveau de considération de la vie. Vie se présentant avec son mystère irréductible à toute tentative de projections modélisantes.
Le psaume 102 nous met face à ce soupir, celui d’un croyant qui convoque la bonne mémoire de son Dieu, ce Seigneur qui ‘sait de quoi nous sommes pétris’. Quel amour et quel espoir ! La vérité s’y « épiphanise », avec Simone, nous en sommes des heureux témoins. Pour Simone nous sommes dans la Gratitude !