2012/11/18 - Homélie - 33e. dim. ord.

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‘Cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive.’ Mc13, 30

I.
Comment comprendre cette phrase que  Jésus a prononcée à l’instar de ses contemporains ?

Et après tout en quoi cela nous concerne-il ?  En toute évidence, la génération de Jésus est passée et le monde continue ! Certes, il y a des périodes, où c’est moins rose, il y a aussi des accros de santé, de problèmes de travail, de paix de ménages fragilisée,  des explosions de toutes sortes qui éclaboussent par-ci par-là la vie que l’on désirerait toute douce et agréable. 

Mais qu’est-ce que les paroles de Jésus ont à faire ici, dans nos vies, vies comme toutes les autres vies ? Par le passé, l’on a tellement associé le discours apocalyptique  avec  la religion, comme si la première fonction de la religion c’était de faire peur. Assurément, l’on n’est plus là ! Mais alors où ? 


II.
La première fonction de toute religion est de prendre les choses par leur finalité
,  assurer la vie à cause d’une raison qui est cachée,  pas visible, pas bien comprise, mais une raison bien présente à travers les rites qui  en rendent compte. Quelle est la finalité de la religion chrétienne? Sinon de révéler que l’amour de Dieu est plus fort que tout et qu’il prendra le dessus tôt ou tard sur le reste !

C’est à partir d’une telle finalité que l’on peut comprendre les images apocalyptiques, pour  attirer l’attention sur l’existence d’une telle finalité afin d’y adopter son comportement en conséquence. 

Les deux passages de  l’Ecriture que nous venons d’entendre du livre de  Daniel et  de l’Evangile - comme tous les autres du même genre - n’ont donc  pas pour finalité de nous faire peur. Mais pour les comprendre autrement, il nous faut  en effet de commencer par la fin. Comme dans un processus industriel ou même organisationnel où il s’agit de bien s’assurer de la bonne réalisation et pour cela il faut aussi savoir  motiver les troupes, l’équipe dans une compétition,  en montrant que l’on peut gagner.


III. 
La finalité que la Bible dévoile, c’est l’Amour, qui nous attend
, dans sa totalité, au terme de l’histoire. Certes, notre histoire, histoire de notre monde, l’histoire  du monde s’arrêtera d’une manière ou d’une autre. Mais l’Amour continuera.  Cependant, cet Amour est déjà bien présent dès maintenant. Il se révèle même au cours de l’histoire.

Le Concile de Vatican  II l’a rappelé à plusieurs reprises, dans plusieurs documents,  citons en  juste deux parmi les plus importants qui sont : la Constitution dogmatique sur l’Eglise, Lumen Gentium et un autre qui, en prolongement de celui-ci  traite sur la question du rapport de l’Eglise au monde, Gaudium et Spes. Jésus-Christ se révèle dans l’histoire, pour nous rejoindre dans la nôtre. IL se réveille au travers son amour tout humain qui trouve sa source dans l’amour divin.

On pourrait même constater, que cet amour de Dieu révélé en Jésus-Christ,   rejoint et révèle tout amour humain qui sommeille dans le coeur de tout  être humain.  Il le rejoint dans la mesure que nous  lui permettons. De quelle façon se fait la jonction, à la base de quoi, à la base de quel type d’acceptation de notre part...? On pourrait en parler longuement. Laissons pour le moment la réponse dans ce quelle comporte de vague, imprécis.

Constatons simplement, que sans trop savoir comment cela se fait, nous voyons que notre amour est enrichi, agrandi, anobli. Et cela en fait rêver plus d’un. Comme me disait un jour une jeune maman, sans être croyante, mais ouverte à cette annonce : ‘C’est tellement beau, qu’on aurait envie d’y croire.’ Le conditionnel ‘aurait’ est loin de constater la réalité, cependant l’envie d’aimer passe nécessairement par l’envie de croire.

Comme dans un couple, l’envie d’aimer permet d’avoir envie de croire en l’avenir et à ce titre de croire l’un dans l’autre. Dans l’envie qui passe de l’un à l’autre de l’amour à la foi en l’amour, la confiance se construit et avec celle-ci la grille de lecture de la vie. Dans le couple, La grille de lecture est composée de deux tamis différents (et oh combien), l’un celui de l’homme et l’autre celui de la femme, à moins que ce soit l’inverse. Et quand la grille de lecture de la vie se fait à partir de ce deux tamis qui se superposent, tantôt l’un en premier tantôt l’autre,  n’est-ce pas de l’amour ?


IV.
‘Cette génération ne passera pas tant que tout cela n’arrive’
 
Jésus en disant cela, ne voulait-il pas signifier deux choses ? :

1° qu’à l’échelle de sa propre vie, à lui, tout ceci (la révélation de l’amour de Dieu) se réalisera à travers sa vie et sa passion  pour éclore dans la Résurrection.
 
2° que dans la vie adulte, il y a urgence à  bien poser les problèmes  dans la  vie. Quand votre enfant de 5-6 ans vous pose des questions sur la mort, c’est qu’il commence à être conscient de la finitude de la vie. Et vous,  bien qu’en vous sentant bien démuni,  vous vous sentez en même temps dans l’obligation de lui apporter quelques éléments de réponse, pour mettre les choses de la vie dans le bon ordre.   

Dans l’ordre à partir de la finalité qui est déjà  connue, car déjà révélé en Jésus-Christ. Par delà l’optimisme invétéré, c’est une attitude confiante en la vie que vous faites partager à votre enfant, attitude marquée par la conviction (spirituellement parlant)  que l’Amour est plus fort que toutes puissances de  mort. Vous lui transmettez la connaissance selon laquelle, tout  naturellement, toute vie se termine sur cette terre, mais une autre vie nous attend les bras ouverts, j’ose dire.  C’est de la même façon qu’il y a à lire ces images apocalyptiques, c’est-à-dire que la Bible  et Jésus dedans, ne nous laissent pas au sujet de la réponse sur le pourquoi notre vie ici sur terre !


V.
Cette génération, donc aussi la nôtre, ne passera pas
,  c’est-à-dire, c’est au cours de nos vies,  que l’amour  nous attend, pas seulement au terme de notre histoire, notre vie sur terre, mais dès maintenant. Alors bannissons la peur, facile à dire ! Mais les lectures d’aujourd’hui nous invitent à entrer dans une attitude confiante face à la vie, parce que le Vrai amour est   une certitude.

Et cela nous met en joie, nous sommes donc loin des images terrifiantes qui peuplent notre imaginaire apocalyptique. Décidément, il y a tant à convertir, même cela. Mais c’est peut-être le seul chemin véritable pour être sages, comme ceux dont parle le livre de Daniel (12,3) :

« Les sages brilleront comme la splendeur du firmament, et ceux qui sont de maîtres de justice pour la multitude resplendiront comme les étoiles dans les siècles des siècles »