2013/02/03 - Homélie - ‘Nul n’est prophète en son pays.’(Lc4,21-30)
I. Prophète.
Jésus nous éclaire sur le métier de prophète. Le prophète c’est quelqu’un qui parle au nom de Dieu. Lourde responsabilité que celle de prétendre parler de la sorte. Lourde, car il faut être vraiment sur de parler vrai. Et parler vrai, n’a pas beaucoup de rapport avec la sincérité personnelle. Car dans la sincérité on est entièrement d’accord avec soi-même.
Le prophète doit dire de choses qui sont en accord avec Dieu lui-même. Donc, le prophète ne travaille pas dans la sincérité pure. Parfois, il parle contre lui-même, comme par exemple Jonas qui ne volait pas parler au sujet de la conversion de Ninive et s’était enfoui loin, mais fut rattrapé.
Prophète c’est aussi une mission risquée, parce que l’entourage n’est pas toujours d’accord. Ou plutôt, l’entourage est rarement d’accord avec ce que le prophète raconte. Tellement peu d’accord que sa vie est en jeu. Combien en ont payé de leur vie, Jésus en premier.
Donc qu’est-ce que Jésus dit quand il dit que ‘nul n’est prophète dans son propre pays’. Il y a une troisième difficulté qui s’ajoute aux deux précédentes. Celle de ne pas être pris au sérieux par l’entourage habituel. Comme c’est vrai déjà dans notre entourage familial, social, professionnel, voire communautaire. ‘Vous êtes payé pour parler comme cela, mais personne n’est dupe !’ Faisons le compte, chacun pour sa propre personne.
JEREMIE
La première lecture nous place devant la grande figure de prophète, Jérémie. Il vit à une époque troublée. Envoyé et encouragé par Dieu, il dit ce qu’il y a à dire, il dénonce, casse les mauvaises habitudes. Et tout cela ne plait pas. Il a donc peur.
Mais Dieu l’encourage. Comment ? En lui faisant réinitialiser la vraie mémoire. Jérémie apprend qu’il est connu par Dieu dès son origine et que de plus il est consacré, c’est à dire mis à part. C’est la même chose que peut entendre le futur baptisé.
Comme l’a entendu l’adulte lors de son baptême ou à posteriori lorsqu’il s’agit du baptême de bébé, en faisant par la suite ce qui est nécessaire pour ouvrire ses oreilles de sorte de pouvoir entendre une telle parole. Pouvoir les entendre et donc par conséquent pouvoir parler à son tour. Mais parler en prophète, avec des paroles semblables à celles du psalmiste.
TOUT UN PEUPLE.
Le psaume 70 résume l’expérience humaine de façon remarquable. Ce texte sonne aujourd’hui comme juste et vrai. Les psaumes sont l’expression de l’expérience humaine que le croyant fait. Le ‘nous’, employé est en fait un ‘JE’ collectif, celui d’Israël. Israël est ici comparé, comme souvent ailleurs dans la Bible, avec la fiancée et mariée dont Dieu est le fiancé et l’Epoux.
Ce n’est pas une mince affaire que de voir les choses de la sorte. Les noces sont déjà derrière et avec le temps l’ennui s’installant a, peu à peu, érodé la joie des épousailles. Mais, le psaume qui figure Israël exprime un mélange de sentiments et d’attitudes à l’égard de Dieu, son époux : mélange de supplication et de louange que résume en quelque sorte cette expression : ‘Seigneur, tu es mon Espérance’.
DIEU-CHARITE
Souvent dans la célébration des mariages nous entendons ce passage communément appelé l’hymne à l’Amour. Ce n’est pas un catalogue de bonnes intentions plus ou moins moralisantes. Il faut le prendre dans l’ensemble avec ce qui précède, sur les dons de l’Esprit et comment les disciples du Christ forment vraiment un seul corps avec lui. Amour ou charité, le mot est à remplacer par Dieu. C’est un catalogue de qualités divines. C’est ce Dieu-Amour qui est à la base de la foi que l’homme croyant y met pour dire qu’il le reconnaît ainsi et qu’il espère dans la vie de tous les jours de recevoir, d’un Dieu comme celui-là, tout ce dont il en a besoin.
POUR TOUS
La dernière chose qu’il convient de signaler et que tout prophète doit rappeler à temps et à contre temps, que le bonheur en Dieu est destiné à tous. Ce que Jésus revalide à partir de ce qui avait déjà était signalé dans l’Ancien Testament, dans l’histoire du Peuple d’Israël. Ainsi Elie était envoyé à la veuve de Sarepta, dans le pays de Sidon, Elysée au Syrien Naman.
Nul n’est prophète dans son propre pays, c’est vrai aussi en nous même, lorsque, une part de nous même, par exemple le désir ou le raisonnement, est capable de dire la vérité de Dieu à l’être entier que nous sommes, et pourtant long est le chemin de l’unité de soi pour être à l’écoute de Dieu et en résonner avec joie.
Mais, nous avons toute une vie pour cela, pour avancer sur un tel chemin. Et le Carême qui arrive bientôt est un excellent prétexte pour relancer le désir d’une aussi belle, car divinement fondée, unité.