2013/11/17 - Homélie - 33e dim. ord.

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Jour du Seigneur, jour du jugement : une bonne nouvelle !


Samedi et dimanche dernier j’étais à  Danong, au Vietnam.  Samedi,  après avoir ravagé les Philippines, le typhon se dirigeait vers le centre du pays. Dans la ville, une agitation palpable se fit sentir. Les vitrines de magasins et les fenêtres furent protégées. Tout le monde attendait la nuit où le typhon devait passer. Mais, affaibli, celui-ci a changé de direction. 


Le dimanche matin, nous devions aller à la messe à la cathédrale, mais  pas de messe. Seulement dans l’après-midi, les cloches sonnent, c’est un signal  que là-bas tout le monde comprend : la messe aura lieu une heure plus tard.   A trois heures, l’église est archi pleine, des gens débout, de beaux chants, y compris bien sûr ceux de la chorale.  J’ai vécu un dimanche pas comme les autres.


Le dimanche est aussi  traditionnellement appelé  le jour du Seigneur. D’où l’émission  du même nom  transmettant  à la télé la messe pour ceux qui physiquement sont empêchés de venir se joindre à la communauté rassemblée dans une église, chapelle ou ailleurs. 


Mais le sens biblique  premier  de l’expression Jour du Seigneur est celui du retour de Dieu pour juger la Terre et ses habitants. C’est ce sens là qu’utilise le prophète Malachie au milieu du V siècle avant J-C. Siècle marqué comme souvent par le découragement exprimé de la part des croyants face à tant d’injustices et atrocités constatées.


A se demander si Dieu  est vraiment celui que présente les prophètes, celui qui vient gouverner avec justice. Ce retard apparent et constant de son arrivée pour reprendre les affaires de la terre est décourageant pour beaucoup hier comme aujourd’hui. De ce point de vue là,  pour beaucoup un Messie est toujours attendu. Celui qui viendrait gouverner de façon efficace, c’est-à-dire en instaurant son règne avec ses lois que tout le monde, une fois pour toutes,  respecterait sans défaillir. 


Pour nous, les chrétiens,  cette même attente d’un ciel nouveau et de la terre nouvelle, à notre façon, nous fait travailler la vertu  d’espérance.  Et à cette occasion, nous vérifions où se trouve notre véritable temple, notre sanctuaire. Car, lorsque Jésus se lamente sur le  temple de Jérusalem, si  grand et si beau, c’est pour attirer l’attention sur la différence entre les vraies et les fausses sécurités.  Il nous invite à discerner dans nos vies ce qui constitue un point d’appui véritable et où se trouvent des sécurités illusoires à l’aide desquelles l’on peut survivre un certain temps, mais pas tout le temps.


Car rien n’échappe au jugement d’un tel Dieu et de son Messie. Son jugement est attendu comme juste et bon. Et sa venue est attendue comme une Bonne Nouvelle. En quoi est-ce pour moi aujourd’hui une bonne nouvelle le fait de savoir que Dieu, comme personne, sait distinguer entre le vrai et le faux dans nos vies ?


Avec confiance laissons-le agir en nous,  en lui renouvelant cette foi qui éclaire de l’intérieur   ce qui échappe si souvent au regard extérieur. Et, si ce soir même ou demain ou plus tard, l’on nous demande de rendre témoignage de cette lumière, quand nous avons à faire face à l’adversité  quelle qu’elle soit,  nous n’aurons pas à nous soucier  de comment  le dire, car nous serons inspirés par la sagesse et par le langage qui viennent de la foi.


Et comme le rappelle le pape François dans sa première encyclique Lumière de la Foi,  ce langage de la foi, nous l’apprenons en Eglise : ‘L’Eglise est une mère qui nous enseigne à parler la langue de la foi’ (Artège-Editions, p. 88)  C’est aussi pour cette raison que nous sommes là, pour continuer à apprendre la langue de la foi. Et parler une telle langue  veut dire aussi confiance et sérénité en toutes circonstances.    


Et souvent une telle confiance, une telle sérénité viennent, on les éprouve,  justement à la suite d’adversités grâce auxquelles l’on parvient à bien distinguer entre, le vrai et le faux, entre  l’important et l’accessoire. Savoir distinguer c’est bien, mais persévérer dans les effets d’une telle distinction c’est mieux : ‘C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie’


Alors, une question vient et nous sommes nombreux à nous la  poser : pourquoi les chrétiens de façon générale sont capables de persévérer dans certains types d’adversités, y compris les véritables persécutions, alors que dans d’autres circonstances moins pénibles, se  laissent-ils si facilement éroder leur foi ?  Peut-être cela tient à un niveau d’alerte qui est plus facile à interpréter dans certaines situations que dans d’autres.


Mais surtout cela tient au fait que  dans les moments extrêmes on reçoit une grâce spéciale  pour pouvoir vivre cette situation difficile et que pour les autres Dieu nous trouve assez grands pour  nous débrouiller tous seuls. Tout en prenant le risque de nous  y voir endormis, Il nous trouve assez grands pour vivre notre foi dans la liberté. Mais une telle liberté nous oblige à la responsabilité. C’est alors que le Jour du Seigneur, le jour du jugement est une bonne nouvelle.   


Ravivons donc notre foi, et pour cela une simple prière, peut beaucoup :
« Père des cieux,  donnes-moi  une confiance sans trouble en  ta présence aimante  et aide-nous à persévérer jusqu’au bout. Amen »