2009/12/24 - Journal - Petite histoire de Noël...

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Nous sommes à la première étoile. Messe de Noël, avant le repas, bien sûr. Ou plutôt repas pas comme les autres.  Celui au cours d’une messe, en présence d’une crèche.  L’Enfant qui va naître, qui est déjà né, et naîtra encore et encore, que de possibilité de Vie pour nos Vies.

 

J’entre dans une maison de retraite, une parmi tant d’autres à Montmorency. Dans le couloir, une dame dans son fauteuil  roulant, derrière une autre, bien plus jeune.

 

- Bonjour, je peux vous aider ?
- Non, merci ! Je demanderais à l’infirmière. Vous savez, elle est lourde.
- Ah, comme vous voulez.

Un temps de pause dans la conversation si lourdement engagée s’impose tout naturellement. Et puis :
- Je vous ai vu tout à l’heure, on s’est croisé dans le couloir.
- Oui..., vous êtes le père.
  

 

Le mot « père » sonne bien différemment un jour de Noël. Peut-on être père si l’on n’a pas été fils? Et fils si on n’a pas été enfant. La chaîne de mots déchaîne les sentiments au sujet d’un jour pas  comme les autres.

 

- Oui, je viens pour la messe.
- Ah...,  je suis venu chercher ma grand-mère. C’est ma fête, aujourd’hui !

 

Un nouveau temps de pause puis :
- Je ne le savais pas...
- Votre grand-mère pensait assister à la messe ?
Oui, mais elle ne le savait pas. Là, il faut s’en aller, question d’organisation...  On reviendra l’année prochaine !

 

- Oui, peut-être, c’est dommage, juste une demi-heure....   Je bredouille sans trop réfléchir comment cacher mieux que cela la déception. Tout en me demandant comment  lui dire que c’est important...  L’année prochaine, c’est loin, l’année prochaine, j’ai des doutes sur l’année prochaine ; les mots sans voix restent coincés comme une arrête enfoncée dans la parois d’un tube d’acheminement vers la digestion probable.

 

                                                     ***

 

Comme c’est compliqué de s’entendre sur tout et n’importe quoi ; Sur l’essentiel et à partir des choses toutes ordinaires.

 

Tous les deux par-dessus la tête de la vieille dame, nous échangeons nos amabilités. Et nous restons, chacun à sa façon, gênés par cette histoire. J’aurais du me taire ! J’ai embrouillé les affaires.

 

Comme c’est difficile de s’entendre sur les choses de la vie ordinaire et surtout quand la fête s’y invite, comme un whisky, doublement !  

 

La grand-mère aurait aimé rester à la messe, elle l’a dit et cela se voyait dans ses yeux. La petite fille aurait aimait faire plaisir à sa grand-mère jusqu’au bout, mais elle ne savait pas qu’il y avait la messe. Et moi qui ai contribué à embrouiller tout cela je me suis engouffré dans le couloir pour aller à la messe, après avoir lancé à la jeune femme :

 

Bon et joyeux anniversaire, madame et à la prochaine, peut-être...