2017/12/20 - Méditation personnelle - Décompte macabre : Franceska Michalska
La petite fille ne comprend pas ce qui lui arrive. Ses parents un peu plus. Suffisamment pour devoir devancer le cours des choses. La survie dépend de la capacité à trouver de la nourriture. Et de bien la cacher. Mais pour cela souvent il n'y avait pas de problème. Le poulain égaré trouvé dans le village on le prépare et le mange dès que possible. Les forces nécessaires pour le préparer étaient données par sept œufs et une poule sauvage trouvés par hasard par les enfants. Ils ont mangé chacun un œuf donnant la force suffisante pour arriver à la maison et en nourrissant le reste de la famille. Après une fiesta pareille le père a repris des forces et a donc tué le poulain. La famine en Ukraine en 1932-33 a eu raison de plus de trois millions de vies. Ceux qui ont survécu furent déportés en Sibérie au Kazakhstan pour nettoyer les abords de la frontière avec la Pologne des éléments pas sûrs pour les amis du peuple. Déposés au milieu de la steppe, au milieu de nulle part avec trois mois pour construire des abris en pisée. La seule chance de survivre sous moins 60° C.
Sans parler du reste, elle a survécu et servi comme médecin pédiatre durant toute sa vie professionnelle quelque part en Pologne. L'instinct de survie ne l'a pas empêchée de remercier la Providence. Dans son livre elle témoigne. Son livre témoigne. Elle et son livre sont deux témoins de l'impossible possible. D'une rage de vivre que n'arrête aucun décompte macabre. Pas même celui des gardiens des déportés au milieu de nulle part qui conseillaient à leur protégés de se dépêcher de construire des maisons avant que l'hiver n'arrive. Si vous mourez tous, disaient-ils, c'est votre problème, personne ne saura que vous étiez ici, ni même que vous existiez. La force du déni n'arrête pas le décompte macabre : Vive la vie.