2019/02/07 - Méditation personnelle - Fous de l'INDE

attention open in a new window ImprimerE-mail

l'Inde ou le pouvoir de rêver d'un lieu "aux larges du réel". 


"Fous de l'Inde; délires d'occidentaux et sentiment océanique" (Régis Airault,  Payot-Rivages, Paris 2002)


L'un est un titre, l'autre est son contenu. C'est un livre à ciel ouvert car au-dessus de la terre qui happe pour le meilleur où souvent cela dérape. Livre qui parle de l'expérience de l'humain à la découverte de lui-même en lui-même par l'intermédiaire d'un voyage qu'un tel aventurier se serait épargné, s’il  l'avait trouvé sans bouger. Est-ce possible de bouger intérieurement sans se déplacer géographiquement ?


Me voilà en Inde en riverain de la vie que certains appelleront à tort « borderline ». Parti à la recherche de l'autre rivage, j'avance aux larges du réel, de mon réel, comme si, en prenant du large, je m'éloignais du mien. Est-ce pour en trouver un autre? Qui me garantira la réussite d'un tel voyage, si réussite il y a à espérer et constater au risque d'en être déçu d'en voir si peu des traces de voie lactée de mon horizon à peine perceptible lesquelles , à juste titre, sont qualifiées de signaux faibles. Un soi désarmé en est une condition fondamentale, est-ce suffisant, car une fois désarmé, ayant ouvert mes porosités  à tout vent des odeurs d'épices, je nourri les narines des odeurs des choses à naître. Parviendrais-je à nourrir mon désir profond d'y être et d'y être moi-même? Mais est-ce que j'y tiens vraiment, le bonheur du moment et la communion avec l'univers si pacifiquement présent ne sont-ils pas suffisants pour me combler pour le moment, pour tout. Le rite de passage que l'offre, sans l'autre rivage, serait-il la conclusion d'une illusion?


Ainsi paré, je pars. Le voyage au large est bien plus surprenant dans sa factographie formée d'inattendues que celui sur les côtés de mon corps tout juste pour être côte à côte avec mes semblables. Le large ne me fait pas peur, il m'inspire même avec ses odeurs espérées au goût d'épices qui me feront communier avec les origines d'une civilisation dont la saveur remonte à la surface du temps et de la mémoire pour être, tel le sel perlant à la surface des salines en 'cale sèche', qui sont prêtes à se faire racler et conserver dans les alvéoles de l'indicible. 


Hakuna Matata (fais ce qui te plaît) du Roi Lion, ce cousin des tigres de Bengale, me  donne des ailes, en communion sans égal, sans un cadre rigide que par ailleurs je fuis toujours comme de la peste, en  me sentant éternel quand je me déleste, ainsi orienté à l'est. Armé d'un sentiment océanique je suis un tout unique. Je revis à moi, pas de panique! J'espère que vous me reconnaîtrez là où seulement je peux  être reconnu :  Aux larges du réel. Tous les riverains du réel, morts ou vivants où entre les deux,  nous sommes unis et ainsi heureux jusqu'à l'extension de la mémoire sensible qui définitivement nous plongera dans l'irréversible du néant indicible.


PS. A Brunor, pourquoi n'est pas envisager de travailler sur la relation entre sciences et croyances à partir des échanges épistolaires entre Romain Rolland et Sigismond Freud, les échanges qui les feraient retrouver, qui sait? Dans ce tout océanique qualifié de sentiment  capable de rendre compte d'une apparence du monde où, si l'on ne prend pas bien garde,  les rives se dissolvent d'elles-mêmes.