2011/11/16 - Méditation personnelle - Kaspérie, une araignée qui voulait apprendre l’art de régner.
Il est presque midi. Elle est suspendue au plafond, elle descend en rappel, presque juste au-dessus d’une table que l’on appelle l’autel. La messe est entrain d’être dite. Kaspérie est curieuse de tout, surtout de ce qu’elle peut attraper pour se nourrir. Elle prépare le terrain ou plutôt l’espace. Elle ne tisse pas (encore), elle ne trame pas (non plus). Elle est en présence d’un objet insolite qu’elle n’avait jamais vu auparavant et que l’on appelle le calice. Il y a quelque chose dedans. Elle se penche sur. Et au moment où elle croit pouvoir voir à l’intérieur, l’objet bouge. Le calice monte, et elle, dans un mouvement instantané de replis, elle monte aussi. Mais elle monte moins vite et se trouve presque nez à nez avec. Ca brille à l’intérieur. Il y a des reflets de lumière. On peut même sentir le parfum. Cela a l’air bon. Puis le calice disparaît ou plutôt s’éloigne de nouveau, reposé sur la table.
Kaspérie, ça n’arrête pas de cogiter dans sa tête, dans son corps, dans son rappel. Elle fait des yoyos, elle qui n’a jamais su dire jojo, d’ailleurs c’est mieux, c’est plus vrai. Elle, toute petite, soudainement devenue reine de la danse au-dessus d’un calice en transe. Elle aurait pu choisir un autre lieu, moins chargé, plus insignifiant. Par exemple dans une vielle grange à jouer avec les colonnes de poussière dont seulement les cylindres de lumière venant d’ailleurs détectent la présence avec précision digne d’un microscope. Ou perdue entre deux branches d’un poteau indicateur de l’excroissance végétale de la croûte terrestre que l’on appelle arbre ou ce qui en reste. Non, elle a choisi un endroit insolite. Elle qui voulait devenir un stylite la tête vers le bas, sans oublier qu’elle venait de là haut. Elle si petite et si fragile, Kaspérie n’est pas tombée de la dernière pluie, elle n’est pas prête à tomber dans le calice non plus, tellement elle aime la vie, tellement elle est artiste. Suspendue, elle regarde.