2009/03/05 - Réflexion pastorale - La porte de la vie.
" Frappez, la porte vous sera ouverte... " Mt 7, 7-12
" Je me tiens à la porte et je frappe " Ap 3, 20
Frappante est la situation de part et d'autre de la porte. Celle-ci est fermée, mais généralement sert à faire passer des personnes et des objets. La porte n'est fermée que pour être ouverte. Mais alors n'aurait-il mieux valu ne pas en avoir du tout et pouvoir ainsi passer d'un côté et d'un autre, chacun à sa guise ? La fonction de la porte est de séparer et par conséquent pour d'envisager le passage. Filtrer. Le filtrage se fait au gré des invitations et non pas des effractions. Supposant que la porte n'existe pas, l'effraction serait cependant aussi constatable, même si ceci ne l'est pas sur le plan purement juridique. Donc il vaut mieux avoir une porte que de ne pas en avoir, car lorsqu'elle existe, elle dit la fonction protectrice de la LOI.
L'invitation se fait donc de part et d'autre de la porte.
Ils sont deux à se tenir à la porte, en s'invitant l'un au seuil de l'autre. Ils sont deux et ils frappent en même temps. Quelle belle coïncidence ! Qui aurait pu envisager une meilleure situation ?
L'un des deux se tient à la porte et il frappe. Le constat de son action n'est pas à mettre en cause. L'évidence de sa présence n'est pas à mettre en doute, puisque c'est lui-même qui le dit et ce qu'il dit est vrai, car il ne peut pas mentir. Sa présence est durable, constante, sans faille. Son insistance est tout aussi invitante que sa discrétion non dérangeante. Car en effet, s'il avait été bien plus dérangeant qu'il n'a l'aire, il l'aurait obtenu, et cela depuis bien longtemps, par un effet de l'application de sa seule force dont il est doté dans le principe même de son existence. Or, il n'en est rien ! Il n'use pas de la force, il ne procède pas par effraction, il est tout autant soumis à la loi de la durée dans laquelle, cette durée, s'inscrit dans la loi de la liberté de l'autre.
Celui qui est à l'intérieur, il est invité à frapper. Il l'est par la Parole dont il a appris l'existence. Il l'est par la foi qu'il y a mise. Il l'est par la vérité qu'il y constate. Il l'est par la vitalité pour son existence et celle de ses proches qu'il en espère.
Lorsqu'il se met à frapper de l'intérieur - curieuse façon d'envisager la sortie de chez soi - il se met à l'écoute des bruits qu'il produit en toute innocence, en toute confiance aussi, mais qui ne sont que des bruits de sa douce et parfois, souvent même, souffrante volonté de s'en sortir. Alors que l'autre continue à frapper de l'extérieur, lui qui se tient toujours à la porte et le son de son invitation ne parvient pas aux oreilles de celui qui frappe de l'intérieur. Le bruit de la vie couvre la mélodie de l'autre.
Ils se tiennent de deux côtés de la porte, ils sont prêts à entendre l'invitation de l'autre, mais ils ne parviennent pas à se rencontrer. Celui qui est à l'intérieur, épuisé par les coups finit par cesser de frapper en faisant du bruit et c'est alors qu'il entre dans la mélodie de l'autre. L'autre qui, il y a déjà bien longtemps, a entendu les cris d'un malheureux et qui se tient à sa porte et frappe. Frappez et on vous ouvrira. Celui qui était à l'intérieur, l'ayant fait, a invité l'autre à lui ouvrir l'espace de son existence, l'espace de sa vie, l'éternité d'une vie.