2007 - Témoignage - Du judaïsme à la chrétienté, un parcours catéchuménal

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Je suis Néophyte. Je me suis fais baptisée avec mon mari à la veillée pascale 2007.
Je suis née dans une famille croyante, ma mère est juive et mon père est protestant.
Avant de trouver ma propre voie, j’avais du mal à savoir quelle serait mon église.
Du côté de ma famille juive ou de mes amis, je sentais ce regard qui me disait ta mère est juive tu es juive.
Et de l’autre côté mon oncle pasteur me disait que le salut de l’âme ne pouvait venir que de l’engagement dans le baptême.
Mais moi, j’ai toujours eu conscience de ce côté complémentaire de ces deux religions, et puis je ne pouvais renier cet amour profond de Dieu pour son peuple juif ou chrétien.
Quand après avoir supplié maintes fois Dieu de m’aider à trouver ma voie, Dieu m’a montré à pâques 2004 que je devais choisir l’église catholique alors que je ne connaissais pas du tout cette religion ni des catholiques pratiquants, j’ai douté un temps car j’avais peur de perdre mon identité.
Mais ma marraine m’a prêté dès notre rencontre un livre sous forme d’interview sur le choix de Dieu du cardinal Lustiger. C’est alors que je n’ai eu plus aucun doute sur ce chemin de foi qui s’ouvrait à moi.

Je citerai quelques passages de ce dernier qui m’ont permis de voir qu’un autre frère dans la foi m’avait précédé sur le même chemin difficile de trouver le bon chemin, le bon choix soit Dieu.

Je le cite par des extraits de ce livre extrait avec Jean Louis Missika et Dominique Woton « Jean Marie Lustiger le choix de Dieu »

Il dit
J’ai « trouvé la portée, la signification de ce que j’avais reçu dès ma naissance »

Plus loin il dit
« Mais le christianisme est un fruit du judaïsme. Pour être plus clair, j’ai cru au Christ, Messie d’Israël… Je savais que le judaïsme portait en lui l’espérance du Messie. »

Mais aussi
« Pour la foi chrétienne, la venue du Messie est une intervention divine, d’avance annoncée, promise et préparée. La nouveauté de cette visite de Dieu n’annule pas les interventions divines antérieures : elle les atteste et en révèle la portée universelle, divine. Dieu ne se renie pas lui-même quand il manifeste en son propre fils ce qui était caché en son peuple choisi ; et qu’il fallait paraître, dans la résurrection de son Christ, l’éternelle nouveauté promise à Israël et espérée de tous les fils d’Adam. C’est ainsi que la nouvelle alliance réalise le testament divin et les promesses qu’elle rend anciennes en même temps qu’accomplies. C’est l’adage traditionnel le nouveau testament est caché dans l’ancien, et l’ancien se fait jour dans le nouveau. »

Je voudrais maintenant partager avec vous ma propre expérience de croyante, je voudrais partager mes réflexions de l’époque et la maturité que j’ai acquise auprès de vous pendant la préparation de mon baptême.

Quand j’étais jeune je m’étais mis dans la tête que la religion était une histoire d’hommes, aussi je lisais en cachette la bible de mon père. Seule pour lire la bible ce n’est pas facile, et je m’étais un temps rebuté sur l’ancien testament qui abordait un Dieu souvent en colère contre son peuple et dans lequel je ne retrouvais pas ma relation privilégiée de croyante.

Le nouveau testament, les paroles encourageantes et chaleureuses de Jésus, ses paraboles me parlaient plus et me montraient plus la voix de l’amour, de ce Dieu d’amour.

N’étant pas baptisée jeune, je sentais déjà cet appel fait au peuple juif dont je faisais parti par mes liens de sang. Mais c’était comme cet appel fait à Samuel qui ne savait pas qui l’appelait et pourquoi.

Mon éducation chrétienne était encrée en moi, avant même de décider d’être baptisée, mais mon appartenance au peuple juif aussi. Pour moi Chrétiens et Juifs n’étaient pas si différents, je savais qu’ils se rejoindraient enfin lors du retour de Jésus dans sa gloire et que dores et déjà nous étions tous frères et enfants de Dieu.

Trouvant ma voix de catéchumène à pâques 2004, le chemin s’est peu à peu éclairé et tout m’a paru évident.

J’ai vu alors la continuité entre l’ancien et le nouveau testament, je comparais alors l’ancien testament comme notre relation au père et le nouveau testament comme la relation à la mère. Or pour se construire il faut ses deux parents.

J’ai vu dans l’alliance avec Abraham et le sacrifice stoppé d’Isaac l’importance du Sacrifice de Jésus signe de l’amour total de Dieu avec nous, et symbole de son alliance éternelle.

J’ai vu en Jésus ce nouvel Adam qui libérait du péché originel et nous offrait un nouveau moyen de vivre notre vie dans un éclairage nouveau sur nos souffrances quotidiennes, mais surtout dans la confiance et l’espérance.

La souffrance du peuple d’Israël rejoignait la souffrance de Jésus pour nous sauver de nous même, et donc de notre souffrance à tous d’être pêcheur.

La venue du Messie prochaine dans sa gloire, ce retour que nous attendons tous juifs et chrétien est aussi signe de nos attentes d’enfants de Dieu pour vivre dans la résurrection et la nouvelle Jérusalem céleste. Nous sommes tous dans l’attente de l’accomplissement des promesses divines.

Mais le plus grand cadeau que la vie m’a fait c’est d’être baptisée adulte et de comprendre la chance d’être chrétien.
Avant quand je parlais à Dieu, j’appelais et il répondait à sa manière.
Désormais il vit en moi, comme dans tout baptisé. Nous portons son sceau protecteur comme le sceau protecteur que Moise avait mis sur les portes des juifs pour leur éviter la dernière plaie d’Egypte, Dieu nous connaît, nous protège et nous guide.
Nous formons vraiment spirituellement le corps du Christ. Il me soutient, il me donne sa force, son amour.
Mais mon baptême n’est pas un engagement dans un seul sens.
J’ai compris le message de la nouvelle alliance Dieu nous veut dans l’action à ses côtés. Il veut que nous soyons ces mains pour agir, ses témoins, cette parole qui réconforte nos frères…
J’essaye désormais de me laisser guider malgré les tumultes de la vie de tous les jours, de lui dire à ma manière « merci Seigneur d’être présent pour nous et d’avoir fait le sacrifice de ta vie pour donner un sens à la notre ».