2008/10/19 - Conférence-débat - « LE PAPE EST VENU EN FRANCE, LES MEDIAS EN ONT PARLÉ ET NOUS ?... »

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Les conférences débats de la Collégiale nous permettent de nous situer en tant que chrétiens catholiques par rapport à un événement qui a été largement médiatisé. Dimanche 19 octobre, le Père Rémy Kurowski ainsi que François Leroux, journaliste, nous ont permis de mieux cerner la personnalité de notre Pape Benoît XVI. De nombreuses personnes ont pris la parole pour exprimer ce que sa venue en France leur a apporté.

 

Philippe Casassus a ouvert la conférence en rappelant le moment de l’arrivée du pape en France et son accueil par le président de la République. Le président Sarkozy a parlé de laïcité à la française, et le pape de laïcité positive, ouverte, en nous appelant à avoir le courage de vivre l’évangile. Il nous a rappelé que dans la vie quotidienne, il faut vivre en fonction de ses convictions. Le pape est intervenu au Collège des Bernardins devant 700 intellectuels français dont beaucoup n’avaient pas de conviction religieuse. La recherche spirituelle est palpable dans le monde d’aujourd’hui et la venue du pape en France est sans doute un élément déclencheur. La messe aux Invalides a été un moment de recueillement pour 260 000 personnes qui sont venues partager leur foi. Il y a eu des moments de silence « assourdissant » qui montrent l’importance de la foi et le besoin de la dire. Le pape est venu nous redire « ne laissez pas l’appel du Christ sans réponse ».

 

François Leroux, rédacteur en chef du « jour du Seigneur » sur France 2, nous a du parlé du message du pape : la foi passe par la raison. Nous vivons dans une société où il y a multiplication des propositions de croire et pour donner un sens à sa vie, on ne sait plus que croire. Nous avons à montrer notre fierté d’appartenir à la foi chrétienne et le devoir de la transmettre. François Leroux s’est intéressé à la personne du pape, l’homme et le théologien. Jean-Paul II était un « superman », Benoît XVI refuse la « starification ». Le pape a évoqué l’Eglise comme une petite barque qui prend l’eau. Notre pape veut réintroduire les fondamentaux de la foi chrétienne.
Benoît XVI est un homme de petite taille, fragile, élu pape à 78 ans, il sera sans doute le dernier pape à avoir vécu le concile Vatican II. Ce théologien allemand n’était pas préparé pour s’adresser aux journalistes, à la foule. Il y a beaucoup de modestie et d’humilité chez lui. Il refuse tout culte de la personnalité et a opté pour un pontificat sobre. Il publie moins que Jean-Paul II mais tient à ce que les écrits de son prédécesseur, très riches, soient assimilés. Tout pape qu’il est, il reste théologien et la sortie de son livre « Jésus de Nazareth » n’a pas toujours été bien accueillie dans la curie romaine. Il ne veut pas prendre trop de place et a fait retirer du blason papale la tiare, il l’a fait remplacer par la mitre. Le contact avec les médias est toujours un peu difficile pour lui, mais il rentre d’avantage en dialogue. Il est surtout un professeur qui aime commenter une idée. 
Benoît XVI parle de l’Eglise comme d’une petite barque qui prend l’eau, un esquif fragile secoué par les vents de l’histoire. L’Eglise de Benoît XVI n’est pas triomphaliste, ni arrogante. Le pape souligne les faiblesses de l’Eglise. C’est une vision qui peut paraître pessimiste mais il a été pendant 25 ans le président de la Congrégation pour la doctrine de la foi et les excès et les déviances devaient lui remonter et le marquer.
Dans cette Eglise qu’il juge fragilisée, il désire réintroduire des éléments fondamentaux pour l’annonce de l’évangile. Il tient à la première place du Christ. Il explique le noyau dur de la foi qu’il décortique, analyse. Il compare l’eucharistie à une fission nucléaire. Dans le monde d’aujourd’hui où la culture religieuse disparaît, le pape reprend les bases. Les catholiques doivent se réapproprier les piliers de leur foi de manière intelligente. Benoît XVI a le souci de l’évangélisation par l’intelligence. Il fait très peu de politique. Lorsqu’il s’est adressé aux jeunes, il a parlé de l’incertitude face au travail et à l’avenir, mais comme un vieux professeur qui veut rassurer. La foi est moins du côté du sentimentalisme bien que les émotions ont une place, mais il les ramène à l’intelligence pour faire face aux défis d’aujourd’hui. Il a un discours très clair et s’adresse à chacun pour que chaque personne fasse un retour sur sa propre conscience.

 

Le Père Rémy Kurowski, souligne la sobriété du pape mais qui désire que ce qu’il représente soit beau, les vêtements soient choisis, la liturgie doit être belle. Jean Paul II était un homme médiatique, qui savait parler aux jeunes, et partager leur vie quotidienne. L’opposition entre les deux hommes a été souvent soulevée. Jean-Paul II parlant au cœur et Benoît XVI à la raison, mais ils ne sont pas si différents. Le Père Rémy insiste sur leurs deux regards qui ne trompent pas sur leur vie spirituelle. Jean Paul II jouait avec les foules. Benoît XVI est très humble. Jean Paul II était un pape dans la continuité quasi immédiate de Vatican II.
A l’arrivée du pape, le président  Sarkozy a parlé de laïcité positive, laïcité ouverte et le pape lui a répondu « la belle image de la laïcité positive pour une compréhension plus ouverte ». La subtilité est évidente, chacun parle à partir de son propre statut et de sa propre compréhension.
Dans son discours aux évêques sur l’annonce de la foi, il dira « la catéchèse n’est pas  d’abord affaire de méthode mais de contenu ». La nuance est compliquée. Le pape insiste, il veut que la foi grandisse dans le cœur de tout baptisé, sans pour autant vouloir opposer l’une à l’autre, car ceci ne serait pas évangélique (Jésus a sa méthode d’annoncer le Règne de Dieu. Le pape revient sur les fondamentaux.
Benoît XVI aime les vêtements liturgiques de premier choix. C’est un pape baroque né en Bavière, rien n’est trop beau pour honorer Dieu.  Pour la messe des Invalides, il a exigé que le Notre père soit en latin, que ceux qui communient devant lui soient à genoux et communient dans la bouche. Il y a un rapport entre le désir de la beauté et le rapport à l’Eglise. Mais il sait aussi s’adapter aux situations. A Lourdes, il a demandé que les textes prévus en latin soient finalement en français.
Benoît XVI veut revenir sur les fondamentaux avec le binôme raison et foi. La foi est accueillie mais la raison permet de recevoir la foi dans une vie humaine dite raisonnable. La raison devient un réceptacle extraordinaire pour la foi.
Benoît XVI doit gérer une nouvelle situation. Il est devenu le premier responsable spirituel. Ses paroles de théologien sont dites dans la bouche d’un pape. Quel rapport entre une parole personnelle et la résonance universelle ?  Les représentants des différentes confessions chrétiennes étaient heureux d’avoir un pape ouvert au dialogue et clair dans son discours.
Benoît XVI était étonné de voir autant de jeunes prêtres en France. Son voyage était décisif. Les évêques français étaient étonnés eux mêmes. On a aussi sous-estimé la force et la présence de jeunes catholiques surtout dans la veillée du soir et le lendemain sur les Invalides.

 

Les personnes présentes ont exprimé les émotions ressenties lors de la célébration aux Invalides. Les moments de recueillement étaient intenses. Le pape nous a invités à avoir des convictions et de se donner les moyens de les exprimer. Benoît XVI veut s’effacer pour nous laisser voir que le Christ. Il accueille les personnes avec tendresse et affection. On sent chez lui une intimité amoureuse bouleversante de vérité et d’amour pour le Christ. Sa foi est très profonde.

 

François Leroux nous a rappelé la nécessité de varier les sources d’information.
Pour le Père Rémy Kurowski, un vent de spiritualité a soufflé sur la France. Le pape est reparti avec un vrai bonheur de voir une Eglise debout et audacieuse.