2008/05/23 - 25 ans d'ordination du Père Rémy - Allocution avant le concert de Marek Tomaszewski
23 mai 2008
Ce soir, trois personnages sont à l’honneur. Un par sa présence physique et musicale, dont nous ne nous lasserons pas d’apprécier la virtuosité qui résulte de l’alliage de travail et d’expérience qualifié de maturité. L’autre sera présent par la musique dont il est compositeur, il nous sera donné, comme dans tout acte artistique vécu en direct, il nous sera donné d’apprécier sa puissance d’esprit et la capacité de se dire dans sa sensibilité qui fait communiquer avec les mondes invisibles. Si le second a besoin du premier pour exister, les deux sont ici dans cette église conviés en quelque sorte pour accompagner un troisième dont la présence symbolique est rendue par cet objet jadis présent, puis il y a une dizaine d’années, dérobé pour être enfin en quelque sorte « restitué ».
Pour le troisième, je parle du prince Adam Jerzy Czartoryski, la grande figure de l’émigration polonaise du XIX siècle. Né à Varsovie en 1770, ce roi sans couronne de l’émigration polonaise avait sa place dans cette église. Son buste « restitué » avec le concours de l’Ambassade et du Consulat de Pologne à Paris fait souvenir à tout passant polonais de sa présence au cœur de l’émigration polonaise. Dans un discours à lui consacré, le Révérend P. Félix, de la Compagnie de Jésus prononça le 22 mai 1862, ici même, dans l’église de Montmorency, à l’occasion du « service annuel pour les émigrés polonais morts en France » les mots suivants :
« Le patriotisme fut toujours, même aux heures de ses désastres et de ses humiliations, l’inaltérable gloire et l’invincible force de la Pologne. »
et plus loin :
« Un des spectacles les plus attendrissants et les plus solennels qu’offre l’humanité sur la terre, c’est l’amour qui pleure dans les funérailles et la religion qui prie sur les tombeaux ; ce sont les survivants de l’amitié, de la famille et de la patrie, versant sur de chères mémoires, de larmes et de pleurs. »
Deuxième personnage que nous verrons dans quelques instant en chair et en os, c’est celui qui va interpréter le « Sacre du Printemps » de Stravinski. (29 mai 1913 au Théâtre des Champs-Élysées de Paris : le rythme dans un dynamisme sans précédent et l’harmonie obtenu par agrégation sonore). L’idée est née à l’occasion de la préparation d’un autre concert, celui qui fut organisé à l’occasion de l’entrée de la Pologne dans la communauté européenne, ou comme aimait dire Jean-Paul II, de la reconnaissance de la présence de la Pologne dans l’Europe, puisque disait-il, étant donné que la Pologne est en Europe elle n’avait pas besoin d’y entrer » (Entre « en » et « dans » la nuance est à souligner).
Marek a donc réécrit pour sur piano une partie de cette œuvre monumentale de Stravinski et l’a réalisé ici même le 19 mars 2003. Puis à l’ambassade de Pologne lors des adieux de l’ancien ambassadeur, son Excellence Tomasz Tombinski, Marek m’a fait cette confidence : « tu sais, tout est prêt. -Quoi ? -j’ai tout fait. »
L’idée de faire cette première à l’occasion du 25ème anniversaire de votre serviteur ne m’a pas déplu.
En voici le résultat ! Sans tarder voici celui qui fut l’éveilleur de consciences polonaises et de leur sublimation par la musique dans le duo avec Wacek (Marek et Wacek, qui de ma génération ne se souvient pas de Przasniczka et de bien d’autre mélodies jazzées de la musique classique ?), voici celui qui de toute chose musicale dite classique et de plus moderne, fait chose nouvelle. Sous vos applaudissement, voici l’homme et artiste en une seule personne, Marek Tomaszewski.