2009/01/25 - Texte sur la conversion de Saint Paul - par le pasteur Jacques Buchhold
Saul « était en chemin et approchait de Damas, nous dit le texte des Actes des Apôtres, quand, soudain, une lumière venant du ciel resplendit tout autour de lui. Il tomba à terre et entendit une voix qui lui disait : Saoul, Saoul, pourquoi me persécutes-tu ? » (Ac 9.3-4).
Saul ne répondra pas à la question, directement du moins. Lui qui croyait se rendre à Damas en service commandé pour le Dieu de ses pères, fait face à cette vision, à cet être qui lui reproche le but de son voyage. Et l’on comprend son cri : « Qui es-tu, Seigneur ? »
Certes, le mot « Seigneur » est souvent utilisé dans le Nouveau Testament et dans le grec classique comme une formule de politesse que l’on adresse à une personne haute en dignité : un maître, un roi, un empereur. Mais le mot est employé, dans notre même passage des Actes, à six autres reprises et toujours pour désigner le Seigneur Jésus. C’est aussi ce titre que l’apôtre Paul utilisera plus tard, dans ses épîtres, pour désigner Jésus. Or, c’est par ce nom de Seigneur que les Juifs ont systématiquement remplacé celui de Yahwé, qui ne leur était pas permis de prononcer, lorsqu’il lisait la Thora, l’Ancien Testament, dans la synagogue.
Comment donc ne pas comprendre la portée de l’exclamation de Paul sur le chemin de Damas : « Qui es-tu, Seigneur ? » C’est sa compréhension même de Dieu qui est en jeu !
La réponse a fini par le désarçonner : « Moi, je suis Jésus, celui que, toi, tu persécutes » (9.5).
Paul est l’homme qui a vu Dieu, Yahwé, et ce Dieu-là, c’est Jésus qu’il persécute ! On comprend qu’il lui faudra quelques jours avant de voir à nouveau, le temps de revoir toute sa théologie.
Non ! ce n’est pas par le respect strict et même engagé de la Loi de Moïse qu’un homme peut être en règle avec Dieu ; c’est par la seule confiance en Jésus-Christ, l’homme-Dieu qui a vaincu le péché et la mort. Non ! le salut n’est pas une question de circoncision, de pureté rituelle ou d’observation acharnée mais impossible des commandements divins, c’est un don de la grâce de Dieu qui change réellement et concrètement la vie. Non ! l’appartenance au seul Dieu et Seigneur Jésus-Christ n’est plus liée à l’appartenance au peuple de la Thora, de la Loi ; elle est offerte à tout homme qui croit, qu’il soit Juif ou païen, esclave ou libre, riche ou pauvre, homme ou femme.
Le pharisien Saul a dû revoir sa théologie.
Son zèle amer s’est transformé en passion pour l’Évangile du salut. Sa vision restreinte du peuple de Dieu s’est changée en une perspective universelle :
Oui, libre à l’égard de tous, je me suis fait l’esclave de tous, pour en gagner le plus grand nombre, écrit-il. J’ai été avec les juifs comme un Juif, pour gagner les Juifs, avec ceux qui sont assujettis à la Loi comme si je l’étais, - alors même que moi-même je ne le suis pas - , pour gagner ceux qui sont assujettis à la loi ; avec ceux qui sont sans loi, comme si j’étais sans loi, - alors que je ne suis pas sans loi de Dieu, puisque Christ est ma loi -, pour gagner ceux qui sont sans loi (1 Co 9.19-21).
Car, par l’incroyable grâce de Dieu, le persécuteur du Christ et de son Église est devenu l’apôtre prototype des païens qui ont cru, de tous ces hommes et ces femmes qui étaient exclus des alliances d’Israël, qui étaient sans espérance et sans Dieu dans le monde mais qui, par la seule grâce de Dieu, ont été appelés à son glorieux salut. N’est-ce pas précisément cela que l’apôtre écrira plus tard, dans sa première épître à Timothée :
15 La parole que voici est certaine, elle mérite d’être reçue sans réserve : « Jésus-Christ est venu dans ce monde pour *sauver des pécheurs. » Je suis, pour ma part, l’exemple-type d’entre eux. 16 Mais Dieu a eu pitié de moi pour cette raison : Jésus-Christ a voulu, en moi, l’exemple-type des pécheurs, montrer toute l’étendue de sa patience, pour que je serve d’exemple à ceux qui croiraient en lui pour accéder à la vie éternelle (1 Tm 1.15-16).