2012/04/07 - Homélie - Veillée pascale
I
Le parfum, ça sent bon, le parfum ! Même lorsqu’il s’agit d’embaumer un corps mort.
Les trois femmes, les trois grâces de la compassion, éplorées, apeurées, dès qu’elles peuvent, elles se dépêchent vers le tombeau. Les fioles de parfum à la main.
Même si c’est triste, si triste ! que d’embaumer un corps mort, mais ça sent bon le parfum.
Or, ce qu’elles ont dans la tête, ce n’est pas ce qu’elles ont dans les mains.
‘Qui nous roulera la pierre ?’
C’est la grosse pierre qu’elles ont dans la tête, chacune dans la sienne. Ca fait beaucoup de grosses pierres, une montagne infranchissable se dressant devant elles.
Elles y vont tout de même. Et ce n’est pas par leur propre force physique à elles, pauvres femmes affaiblies par tant d’émotions déjà coulées en elles, qu’elles vont se frayer un passage pour accéder au corps mort de leur ami, de leur maître. C’est par leur regard qu’elles le réussiront. C’est par leur regard qu’elles réussiront l’incroyable.
‘Au premier regard, elles s’aperçoivent qu’on a roulé la pierre’.
Un bon regard, au bon moment, dans la bonne direction, sur le bon endroit. Certes, force est de reconnaître que cela fait tout de même un peu beaucoup comme conditions pour réussir l’affaire.
Mais revenons à elles. Pour elles, après tout, peu importe qui l’a roulée cette foutue, grosse pierre ! L’essentiel est là ! Elles peuvent accéder là, où elles désirent se rendre avec leur humain désir, si bel et étrange désir.
II.
La surprise est grande. Pas seulement, parce qu’il n’y a pas d’obstacle pour faire ce qu’il y avait à faire : embaumer le corps mort. Maintenant, tout en pouvant le faire, elles constatent cependant qu’il n’y a plus à le faire.
Où est-il donc ?
‘Elles virent un jeune homme vêtu de blanc’.
Non, ce n’est pas Jésus ! Elles ne pouvaient même pas le penser, pas un seul instant, pas du tout, du tout, du tout ! Nous, nous le savons qu’après tout, pourquoi pas ? Pourquoi pas pour certains et pourquoi pas du tout, pour tant d’autres.
Tout est question du regard, de cet étrange regard qui ouvre le chemin. Regard, dans lequel, il y a déjà de la lumière de l’Eternel. Lumière, qui ouvre tant de regards et qui ouvre tant de passages à la Vie. Comme, l’Eternel l’a fait pour les pères qui sortaient de la terre d’esclavage afin d’entrer en terre promise.
Tant que durera le monde, les humains ne cesseront de sortir et d’entrer.
Les trois grâces de la compassion sortirent du tombeau.
Nous sortirons de cette église pour entrer là, où le destin nous attend et conduit chacun pas à pas dans une Vie qui passe et qui ne s’en va pas sans laisser le parfum de passage, peut-être celui de l’espoir, peut être celui de l’espérance!
III.
Le Christ est ressuscité ! Tel est notre foi !
Tout est question du regard. C‘est ce regard qui ouvre le passage et déplace les montagnes de nos peurs, peurs si fortes et peut-être après tout si dérisoires ?
Nous, avec ou sans peur, nous savons que le Ressuscité nous précède. Comme autrefois en Galilée de nations. C’est-à-dire, Il nous précède dans notre vie toute quotidienne, toute ordinaire, dans notre vie pleine de surprises, dont Dieu seul connaît le secret...