2015/12/13 - Homélie - 3e dim. de l'Avent
Soyez dans la joie, gaudete !
Cela peut ressembler à la vie en rose, et pourtant ce n’est pas vraiment de cela dont il est question. Certes, l’habit liturgique de ce dimanche est violet pâle, voire rose. Mais c’est pour signifier l’attention à porter sur l’objectif de l’Avent. Il s’agit d’être dans la joie à cause de ce Dieu qui est proche de nous, qui est même en nous (Sophonie, 630, et Paul aux Philippiens)
La joie chrétienne n’est pas un conseil, c’est un ordre ! On se souvient de cette formule des années 68 ‘interdit d’interdire’, c’était un ordre donné à la société civile pour savoir comment vivre librement. Si je l’évoque ici c’est pour le mettre en contraste avec l’ordre reçu dans la foi chrétienne.
L’objectif de la vie humaine est le bonheur et Dieu qui se révèle dans l’AT et en Jésus-Christ, ne cesse de le dire et redire par les prophètes. « Pousse des cris de joie, fille de Sion, éclate en ovation, Israël!»
C’est un Dieu qui veut le bonheur de l’homme et il le veut, car il est un Dieu d’amour ; ‘Il te renouvellera par son amour ». C’est même un Dieu qui se présente comme un époux fidèle qui attend de la part de son épouse (Israël et l’humanité entière) la fidélité.
En effet l’alliance entre Dieu et les homes est fondée sur la fidélité, et donc c’est un véritable lien d’amour qui se noue entre Dieu et son peuple. Mais qui dit fidélité, sait que le contraire est toujours possible. L’infidélité (idolâtrie) est ainsi constamment dénoncée par les prophètes.
Pas pour enfoncer le pauvre malheureux qui tombe dans un tel piège. C’est pour réactiver en lui la joie.
C’est dans ce sens que va aussi l’action de Jean-Baptiste qui baptise dans l’eau, en signe de conversion et de pardon des péché (les ablutions rituelles juives par le passé avaient pour but de séparer le croyant du monde profane pour qu’il puisse entre au contact avec le monde sacré)
Mais Jean Baptiste annonce déjà un autre baptême, celui de Jésus, dans l’Esprit saint et le feu ? C’est-à-dire un baptême qui va pas seulement purifier et pardonner mais aussi marquer de l’emprunte indélébile de la présence aimante de Dieu au cœur de la vie du baptisé.
Paul résume toute cette démarche de savoir pourquoi et comment être dans la joie : parce que 1° le Seigneur est proche, donc 2° ne soyez inquiets de rien, mais 3°priez et suppliez tout en rendant grâce.
1° Il est proche il est même en moi. Alors comment je ressens sa présence : comme apaisante et donnant de la joie, ou comme accablante, voire sans aucun lien sensible ?
2° « ne soyez inquiets de rien », comment les soucis de la vie quotidienne et plus particulièrement l’inquiétude spirituelle que je peux ressentir, font-ils obstacle à l’accueil de la joie chrétienne ? Une vérification technique surtout de nos priorités est à faire pour savoir ce qui fait obstacle à la joie.
3° « Priez et suppliez tout en rendant grâce » : nous le savons, la prière n’est pas là pour informer Dieu, il sait tout, il n’a pas besoin de nos dépêches du matin et ou du soir. Prier c’est ouvrir son cœur au don de Dieu, ouvrir la porte de notre cœur, comme pour cette année sainte à Rome et dans toutes les cathédrales.
Alors, que devons-nous faire pour être dans la joie ? Trois voies parallèles ;
1° prier, en sachant que la supplication est toujours liée à l’action de grâce,
2° se faire baptiser dans l’Esprit et le feu, c’est-à-dire pour la plupart de nous qui sommes déjà baptisés, il n’est pas question de se faire rebaptiser, mais de renouer avec le sens de baptême chrétien,
3° être miséricordieux, comme Jean-Baptiste l’indique dans les réponses qu’il donne aux foules, aux publicains et les soldats.
« Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut concevoir, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus », (Ph4,7)