2016/03/13 - Homélie - 5e dim. de Carême

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Highline


Connaissez-vous le nouveau sport qui consiste à marcher sur une corde tendue entre deux poteaux ? Pour les débutants, la corde est placée juste au-dessus de la terre et la distance à parcourir n’est pas très grande, juste quelques pas et quelle joie de se voir arriver de l’autre côté. Comme celle des parents dont l’enfant fait ses premiers pas. Puis, pour ceux qui sont bien entrainés, elle est tendue entre les deux flancs de la montagne. C’est impressionnant, mais pas donné à tous de pouvoir marcher dessus.


Dans la vie, nous expérimentons cela parfois. Nous avons l’impression de marcher sur une corde  parfois  placée bien haut, au-dessus d’un précipice. Et si nous sentons que c’est trop pour nous, cela veut dire que d’y marcher, cela nous fait peur. La peur du vide est normale, surtout lorsque l’on n’est pas expérimenté  dans ce genre de sport. A propos, j’admire les gars qui montent les échafaudages en bambou. Ces sont de vrais artistes du vide.
Pour marcher sur une corde, peu importe la hauteur dans le vide, il y a un truc. Il faut savoir poser son regard sur le but à atteindre. Surtout ne pas regarder où l’on pose les pieds. Car si l’on fait cela, on est certain de tomber. Pourquoi ? Parce que le regard n’est pas fixé sur quelque chose de stable. Mais quelque chose de mouvant, à savoir nos pieds. Alors qu’autour des pieds, il n’y a que du vide. Et donc l’oreille responsable de l’équilibre, transmet des faux signaux, des faux messages au cerveau. Qui à son tour donne la commande de tomber. Ainsi le corps entrainé dans la chute disparaît en tombant. Toutes proportions gardées, j’ai survécu au grand huit de Ocean Park, parce que j’ai décidé  de poser mon regard uniquement sur les rails. 

Mais pour revenir à l’image de Highline, assurez-vous, les gars qui marchent comme cela avec deux cents mètres au-dessus de la terre, sont tout de même attachés au cas où. Sinon, c’est purement et simplement suicidaire.

On peut parfois se trouver dans la situation de la perte d’équilibre. Un faux pas dans une mauvaise direction.

Et que dire de la vie de la foi ? St Paul dans la deuxième lecture nous demande de marcher droit devant sans regarder en arrière. Cela peut paraître contradictoire avec tous les messages  de la Bible au sujet de la foi qui est fondée sur la présence de Dieu dans le passé de la vie du peuple d’Israël. Paul ne nie pas le besoin de se souvenir, mais ici, il insiste sur la nouveauté. Ce n’est plus la loi de Moïse, mais l’attachement au Christ. Le passé majeur du  chrétien c’est la résurrection du Christ. Son passage par la mort, comme celui des Hébreux par la mer rouge. Dans cette perspective, la Terre promise n’est pas identifiée géographiquement, mais symboliquement, comme Royaume de Dieu déjà parmi nous.


Le disciple du Christ est quelque qui sait marcher devant pour attendre le but. Le But c’est tendre vers le Christ qui vient au-devant de nous pour nous accueillir dans sa gloire. Et pour y arriver, le croyant doit fixer son regard sur ce but. Sinon il tombe. Et en effet souvent, nous constatons que nous tombons. Nous tombons, car à un moment donné, nous avons détaché notre regard de notre but. En nous laissant divertir par nos pieds qui ne marchent pas droit, nous avons diminué le niveau de vigilance.

Mais nous avons une double sécurité : la barre que nous tenons entre nos deux mains et un fil par lequel nous sommes rattachés. La barre transversale que nous tenons pour être en équilibre, elle représente toutes nos relations de charité avec les autres. Plus nous en avons, plus longue est notre barre, et mieux c’est pour notre marche dans notre vie. Les saints en ont beaucoup, pour cela ils n’ont pas peur d’être audacieux dans la vie toute ouverte à Dieu et aux autres.

Le fil de sécurité, c’est  au cas où nous tomberions en perdant pied. Le Christ est là comme le bon samaritain,  le bon pasteur... Le Christ soigne par le pardon, grâce auquel nous pouvons nous relever.
Le Christ en  bout, mais  aussi le Christ à nos côté. Le Christ est aussi à nos côté, car c’est lui qui nous  permet de nous ressaisir quand quelque chose ne va pas, est déréglé, sombre, pas nette, troublant dans le mauvais sens du terme. Il est aussi à nos côtés dans ce rassemblement, puis que c’est à son appel que nous avons répondu, appel à célébrer la VIE.

Et  ne nous inquiétons pas de nous  voir nous essouffler dans cette marche. Nous avons le souffle de l’Esprit qui est notre ventoline spirituelle. Il suffit de s’y brancher. Pour cela la prière individuelle quotidienne et la messe dominicale sont déjà deux grands points de ravitaillement. Sans parler de tout ce que l’Esprit Saint nous souffle en dehors.
Mais nous avons besoin des autres pour vérifier si cela vient vraiment de l’Esprit du Christ ou pas. Parce que des esprits il y en a de toutes sortes. Et pour vérifier si cela vient vraiment du Christ, il faut être dans l’attitude de vérité et  le plus libre possible ? D’où le besoin de lâcher-prise intérieur. D’où le besoin d’être dans une parole comme Paul, parole qui fait grandir, au présent de notre vie. Sans jamais perdre de vue le but final.  AMEN