2008/09/20 - Homélie en mémoire de Jean

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La vie nous submerge avec ses émotions et avec ses mémoires. La vie, comme les vagues de la mer va et vient, en multipliant les émotions et en superposant les mémoires, en y déposant des couches successives pêle-mêle et en les déplaçant au grès de courants chauds et des courants froids de la vie. C'est dans cette vie là que nous accueillons aujourd'hui même la mémoire (les mémoires, devrais-je dire) de Jean et par cette mémoire, ces mémoires, sa vie.

C'est dans cette vie là, la nôtre, que l'émotion remplit le réceptacle de notre sensibilité.

Présenter sa vie, vous l'avez fait, ou vous le ferez encore. Il m'appartient, au nom de la foi chrétienne et donc dans le respect du mystère de la vie de la présenter avec vous à Dieu, à notre mémoire, aux deux, chacun s'y retrouvera.

L'évangile que vous avez choisi,  fait référence à une disposition bien particulière qui est demandée  au chrétien : être au service des autres, " en tenue de service ". Cette attitude de service n'est pas réservée aux seuls chrétiens. Elle peut être vécue à de degrés divers par les autres qui sont attentifs  à ce que leur cœur humain normalement constitué leur dit de faire.

Pour le chrétien cette attitude de service n'est pas une simple expression d'un cœur humain bien constitué. Elle est une nécessité, j'ose dire divinement fondée, nécessité heureuse, d'ailleurs, qui s'en plaindra ? Certainement pas Dieu puisqu'il l'a voulu en donnant l'exemple en Jésus-Christ son Fils. Et encore moins le prochain qui en est le premier et direct bénéficiaire ! Or elle est une nécessité qui peut peser lourd sur les épaules du serviteur ! Pourquoi ? Parce que, tout en sachant ou devinant ou présentant la grandeur de l'appel à être serviteur, il est en même temps conscient de la lourdeur de la tâche à accomplir.

Quelle est la première qualité de serviteur ? Etre prêt ! C'est donc une attitude avant même d'être une action. Mais une attitude qui ne s'exprime jamais… l'on pourrait se poser des questions sur sa véracité.
Etre prêts à quoi ?  A accueillir le maître.
Qui est ce maître, sinon le maître de la Vie ? C'est lui qui la donne et l'accueille ; Il ne la prend pas, c'est éventuellement nous qui la prenons pour la garder pour nous-mêmes.

C'est le maître de la Vie qui sert lui-même la vie. Qui saurait mieux le faire ? Etonnant retournement, car celui qui normalement (selon la norme humaine) devait être servi, vient servir.

Être prêts à quoi au juste ? A accueillir le Maître de la vie qui veut être au service de nos vies. En d'autres termes, c'est dans la mesure ou nous accueillons la Vie de Dieu, ce Dieu qui est tout autre que nous, car Il n'est pas la somme de quelques sentiments et de quelques savoirs dont nos pouvons disposer  pour nous y situer, c'est donc dans la mesure où nous accueillons cette Vie de Dieu, cette Vie  là, que nous sommes plus à nous mêmes. Plus je suis serviteur au nom du Maître parce que à son image, plus je suis vivant. Et même un bon vivant ! Vivant à la fois dans la confiance en Dieu et en mon prochain que je sers et dans l'espérance que tous ceux qui se sont endormis dans la mort, Dieu, à cause de Jésus (mort et ressuscité) les emmènera avec son Fils.

" Retenez ce que je viens de vous dire et réconfortez-vous les un les autres ". Les paroles de Paul sont d'une étonnante actualité, nous avons besoin de ce double " retenir ", dans notre mémoire et dans nos sentiments,  ce qui est Vie et nous réconforter lorsque les sentiments froids de la séparation font mal et mettent à mal la joie de vivre.