2012/12/20 - Méditation personnelle - VISITATION (Lc1,39-45)
Quand deux femmes se rencontrent, qu’est-ce qu’elles se racontent ?
Elles échangent, elles partagent, elles disent, elles méditent,
Elles s’épanchent, elles prennent leur temps et elles tranchent.
Elles se retrouvent sur le même terrain, celui de leur féminité.
Elles sont pleines d’envie, à pleines dents, de croquer la vie
Et, parfois, déjà toutes jeunes, en vie, mais déjà bien amochées,
Elles se rencontrent, elles se racontent, elles se mesurent, elles pullulent
J’ai rencontré deux femmes, que le destin a mis ensemble.
Une belle-mère, l’autre, sa bru, une fut ma grand’ma, l’autre ma tata
Les deux grabataires, dans deux pièces voisines d’une maison
Sans étage, juste posée sur terre et elles au lit ainsi étendues.
Qu’est-ce qu’elles pouvaient se dire en dehors de gémir,
Sans espérer même que l’autre l’entende, enfermée dans le sien
Elles se rencontrent, elles se racontent, elles se mesurent, elles pullulent
Marie et Elisabeth,
Elles aussi se sont rencontrées, une fois enceintes, l’une vers l’autre portée
Une marche vers, l’autre attend sans le savoir, l’une belle, l’autre pas mal,
Le seuil franchi, la vie dans le corps déposée, flotte le parfum des affranchies
De toute crainte et de toute fébrilité, elles ne sont que dans la rencontre tissée
Sur la trame de la même attente, d’un même soupir vers Dieu à venir
Elles sont avec leurs fils respectifs, sans aucune autre perspective
Que celle d’être dans l’étonnement joyeux que la louange rend soyeux !
Quand les deux femmes se rencontrent, elles se racontent la vie :
Debout, assise, allongée, écourtée, prolongée, accroupie, toute sorte de présences
Elles embrassent et embrasent, elles cajolent et pour cette autre vie s’affolent.
Elles portent et supportent, elles prennent le temps et ouvrent les portes
De l’école de la vie qui n’est pas l’ennui à souhait, mais bien un métier
Comme celui de l’ouvrage à tisser pour être dans le bon temps et bien se hisser,
Elles dessinent le destin qui avec elles et leur progéniture frime, sans demander dîme
Ou une autre redevance pour leur service d’heureuse connivence
Elles sont là l’une en face de l’autre ou à côté, jamais pour s’affronter, ni éberlucoter1
Elles ont tellement des choses à se dire qu’elles ne voient pas la nuit venir, pas plus que le jour
Au petit matin, assoupies, pour donner à vivre à leurs petits, pas seulement dans la joie de mère, mais aussi dans leur repos profond bien éphémère; elles ne sont pas là pour se prélasser,
Ni rompre le cou à la fatigue qui emballe tant de vies et les irrigue,
Elles sont là, parce que
Bientôt c’est Noël !